Pierre Moessinger met en scène des individus complexes, multiples, incohérents, impulsifs, complices de leurs renonciations, bref des individus constamment aux prises avec les autres et avec eux-mêmes. contrairement aux agents désincarnés et déconnectés circulant dans l’univers abstrait de l’économie néo-classique, il met l’accent sur les déséquilibres inter-personnels, la confusion des esprits et la non-rationalité des individus. Se plaçant dans la perspective d’une sociologie explicative, l’auteur suggère que les faits sociaux, même les plus ordonnés, renvoient à des conduites individuelles désordonnées. Un tel argument se distingue de deux thèses bien connues : celle de Popper, selon laquelle l’irrationalité individuelle est incompatible avec l’ordre démocratique, et celle de Hayek, selon laquelle le libre jeu des irrationalités individuelles garantit l’ordre social.