Il paraît essentiel que subsiste et que se développe en sociologie une activité intellectuelle consistant à élaborer et à perfectionner des théories de portée générale, c’est-à-dire des théories qui prennent pour objet la vie en société dans ses manifestations les plus diverses et non tel ou tel domaine d’activité en particulier. Actuellement, la sociologie semble cependant caractérisée par une dispersion intellectuelle et organisationnelle en sociologies thématiques et en domaines spécialisés. Il en résulte que la fécondation réciproque des différents champs de recherche s’en trouve compromise. Les sociologues de spécialisations diverses tendent à avoir pour partenaires privilégiés, voire exclusifs, les acteurs relevant de leur domaine d’intérêt et non leurs collègues attachés à d’autres objets d’étude. En outre, dans la mesure où s’affaiblit le pouvoir structurant de la théorie générale, le discours narratif tend fréquemment à se substituer à l’analyse fondée sur un appareil conceptuel préexistant. La persistance de cette situation paraît préoccupante aux maîtres d’œuvre de ce volume et c’est ce qui les a incité à l’élaborer, sous la direction de François Chazel et Jacques Coenen-Huther. Les différentes contributions abordent directement ou indirectement des aspects fondamentaux de l’élaboration théorique. Elles attirent également l’attention sur des problèmes non encore résolus et des thèmes loin d’être épuisés de la théorie sociologique.
Table des matières: F. CHAZEL et J. COENEN-HUTHER, «Introduction: «La théorie sociologique générale en question»; J.-M. BERTHELOT, «Perspective générale: Plaidoyer pour un pluralisme sous contraintes». Quel programme pour la théorie générale?: R.BOUDON, «Mais où sont les théories générales d’antan?»; F. CHAZEL, «Retour sur une correspondance oubliée entre A. Schütz et Talcott Parsons»; J. COENEN-HUTHER, «Pour une sociologie des formes». Points de vue sur la théorie générale: A. BOUVIER, «La théorie sociologique générale comme système hiérarchisé de modèles de portée intermédiaire»; G. BUSINO, «La science sociale de Vilfredo Pareto»; P. LIVET, «Entités sociales collectives, représentations collectives et réseaux». Approches par l’épistémologie ou la méthode: G. BRONNER, «L’apport d’une épistémologie cognitive à la démarche sociologique»; P. DEMEULENAERE, «La définition des coûts et avantages entre identité et diversité des préférences».