Ferdinand de Saussure est sans nul doute le linguiste qui a été le plus fréquemment cité et commenté au cours du XXe siècle. Malgré son autorité, la pensée de Saussure demeure cependant mal comprise, en raison notamment des problèmes que pose laccès au corpus réel de son oeuvre: le Cours de linguistique générale rédigé par Bally & Séchehaye ne constitue qu’un reflet partiel et biaisé de la pensée saussurienne, pensée que l’on ne peut que tenter de reconstruire à partir de sesotes, de ses manuscrits inachevés et des carnets de ses étudiants. Les contributeurs à cet ouvrage sont engagés dans cette entreprise de reconstruction et les résultats de leurs travaux donnent de la théorie de Saussure une image transformée et approfondie. Ils démontrent la profonde cohérence d’une démarche ayant en permanence visé à élaborer une linguistique générale fondée sur l’étude empirique des langues, dans leur diversité et leur dynamique historique. Ils mettent en évidence aussi l’importance accordée par Saussure aux discours, ainsi que sa conception subtilement dialectique des rapports languesdiscours. Ils confirment encore le caractère révolutionnaire de sa conception du signe, qui réduit à néant les sémiologies conventionnalistes antérieures. Le projet saussurien s’avère de la sorte d’une réelle actualité, en ce qu’il fournit les bases pour la nécessaire réorientation de la linguistique, et propose de décisives directions pour une réunification des sciences de l’humain.
Contributions de: Marie-José Béguelin, Gabriel Bergounioux, Cristian Bota, Simon Bouquet, Jean-Paul Bronckart, Ecaterina Bulea, Jacques Coursil, Tullio De Mauro, Giuseppe D’Ottavi, Emanuele Fadda, Sung-Do Kim, Rossitza Kyheng, Kazuhiro Matsuzawa, Régis Missire, François Rastier, Estanislao Sofía.