Cet ouvrage propose une double réflexion sur la poétique du roman au XVIIIe siècle, telle qu’elle était mise en pratique, et telle que nous pouvons la repenser aujourd’hui, à partir notamment des nombreuses protestations d'authenticité que l'on trouve dans les fictions de l’époque.
S’appuyant sur l'analyse de textes publiés par Courtilz de Sandras, Lesage, Prévost, Marivaux et Diderot, cette étude montre que, contrairement à ce qu’a longtemps affirmé la critique, ces romanciers n’ont pas pour objectif d’abuser de la crédulité du public. L’avertissement initial « ceci n’est pas un roman » indique paradoxalement aux lecteurs qu'ils ont affaire à une fiction. Le présent ouvrage met en lumière cet aveu de la fiction par sa dénégation même, et l’attitude paradoxale des auteurs qui déploient une panoplie de topoi et de procédés destinés à « faire vrai » tout en s’ingéniant à « faire faux ». Leur lecteur oscille donc en permanence entre deux positions : celle qui l’immerge dans la fiction et celle qui l’en arrache. Chacun des textes étudiés apparaît comme un espace de jeu qui suppose la participation active du lecteur, ouvrant la voie à la modernité littéraire.