Dernière étude du regretté Malcolm Smith, qui a su regarder toute l’histoire de la poésie française du XVIe siècle d’un œil neuf, débarrassé des préjugés confes-sionnels et sensible à toutes les positions religieuses du temps, réconciliant ainsi histoire littéraire et histoire religieuse. M. Smith reprend ici les combats versifiés entre Ronsard, vu comme un “moyenneur”, et Du Bellay contre le successeur de Calvin. Comme l’affirme l’érudit anglais c’est bien de Bèze dont Montaigne écrira: ‘J’ay veu en ma jeunesse un galant homme presenter d’une main au peuple des vers exellens en beauté et en desbordement, et de l’autre main la plus quereleuse reformation theologienne de quoy le monde se soit desjeuné il y a long temps.’ Avant Montaigne, Ronsard et Du Bellay avaient déjà émis des allusions belliqueuses à l’encontre de Bèze, ce dernier n’ayant, quant à lui, jamais mouché ses attaques. Ce livre nous invite à entrer dans un monde de suspicions, de rapprochements et de scissions, où tour à tour Ronsard comme Bèze essaient de gagner l’autre et le lecteur à leurs idées. Petit livre, comme toujours avec Malcolm Smith, mais grande étude.