Claude de Seyssel (1450-1520) est un des intellectuels qui se mettent au service de Louis XII. Savoyard d’origine, il oscille entre deux mondes, la France et l’Italie, et entre deux époques, le Moyen Âge et la Renaissance. Il produit de ce fait une œuvre très originale en matière de philosophie politique, que les traités contemporains de Machiavel et Thomas More ont certes éclipsée, mais qui ne mérite pas l’oubli dans lequel elle a sombré. À l’exception de La Monarchie de France (1515), aucun de ses écrits n’a fait l’objet d’une édition critique moderne, et l’auteur n’est aujourd’hui cité qu’à partir d’éditions du XVIIe siècle, incomplètes ou défectueuses.
Sur le modèle des Vies parallèles de Plutarque et des Panégyriques latins, Claude de Seyssel compose avec Les Louenges du Roy Louys XIIe de ce nom une très étrange comparaison entre le monarque qu’il sert et tous ses prédécesseurs depuis le mythique Pharamond, pour montrer qu’aucun d’eux ne fut un bon souverain. Si même Charlemagne ou saint Louis ne trouvent grâce à ses yeux, que dire de Louis XI ? La sombre description de son règne constitue un véritable morceau de bravoure. Cette relecture engagée de l’histoire de France permet de décrire le temps de Louis XII comme un nouvel âge d’or, mais l’œuvre va bien au-delà d’un servile panégyrique et propose un regard neuf sur l’essence de la monarchie française.
Patricia Eichel-Lojkine et Laurent Vissière présentent pour la première fois une édition scientifique des Louenges établie à partir du texte original (édition Vérard de 1508), et enrichie d’une solide introduction, d’une bibliographie raisonnée et d’un très important apparat critique.