« Le Journal commencé par Bombelles le jour de la naissance de son fils aîné (1er juillet 1780) pour l’instruire, le former, lui transmettre le meilleur de son expérience et de ses lectures, devient peu à peu, sans perdre son premier objectif, dune part un compte-rendu des événements quotidiens, d’autre part une sorte de tribune pour un public élargi : les enfants nés ensuite et peut-être une postérité plus lointaine. […] C’est un document d’ordre privé, consignant des lettres,des discours, des articles de périodiques mais jamais des dépêches diplomatiques. Tous les soirs, debout devant son pupitre, le marquis écrit quelques lignes ou quinze pages, selon son loisir et l’intérêt du sujet. […]
Nous demandons au lecteur de ce premier tome de ne pas attendre merveille dès le début. C’est la naissance d’un fils – origine de l’œuvre, mais, historiquement, incident minuscule ; c’est Ratisbonne, sa société figée, ses ragots, la place qu’y tient le ministre de France et ce qui le déçoit. Tout cela n’a rien de passionnant mais, raccourci au maximum, deviendra essentiel pour la compréhension du personnage et de son temps. Les violons s’accordent, la salle se remplit – de gens qui reviendront souvent ; des échos s’échangent – dont certain marqueront l’esprit du narrateur ; le rideau frémit et soudain se lève : c’est la vie de la Cour à la fin du règne de Louis XVI, ses personnages importants ou pittoresques, le train des jours, des fêtes, des intrigues ; c’est la douceur de vivre, brillante et traversée d’orages, pleine de défauts et d’attrait. »
Extrait de l’introduction