On a pu repérer trois grands "mouvements d'espace" dans l'œuvre romanesque de Maupassant. Il s'agit, en première partie, des romans de la dépossession, à savoir les deux récits normands Une vie et Pierre et Jean, puis, dans une seconde partie, des romans de la conquête, où le rapport à l'espace n'est plus celui d'une spoliation, mais d'un gain territorial, comme c'est le cas dans Bel-Ami et Mont-Oriol. Enfin dans la dernière partie, Fort comme la mort et Notre cœur sont les romans du repli, car les personnages, ne pouvant plus ni s'arracher à leur espace ni en acquérir la maîtrise, se retranchent à l'intérieur d'un lieu imaginaire. A travers les trois positionnements du personnage dans l'espace romanesque, le récit maupassantien maintient une structure d'impasse et d'irrésolution. Tout espace, même celui de la troisième partie, si restreint et intime, est un lieu d'aliénation. Le grand désir d'adéquation à l'espace, chez Maupassant, recouvre toujours la hantise d'une faille.