À la charnière des XVIIIe et XIXe siècles, la fondation des Archives nationales, la création de dépôts dans les ministères et dans les départements sont autant de jalons d’un processus qui noue ensemble administration et archives. Longtemps abordée à partir de ses seuls objets, l’action administrative a été depuis peu envisagée sous l’angle de sa matérialité, comme un ensemble de tâches, dont l’observation éclaire les propriétés performatives de l’écriture administrative. Parmi ces tâches, les opérations d’archivages, tris, sélections, classements, regroupements et distributions, travaillent les ensembles documentaires, « matériaux continuellement en action » : administration et archives sont ainsi les deux faces d’une même pièce associant à l’avers et au revers écriture et action.
Les réflexions proposées dans ce recueil, issues d’une recherche collective sur l’ « archéologie des savoirs administratifs », s’inscrivent dans une double actualité historiographique : une approche de l’administration à travers ses pratiques et procédures, et une histoire des archives attentive à l’évolution du traitement des fonds.
L’Almanach (royal, national, impérial) est ici largement interrogé comme source et comme objet historique. Universellement utilisée comme le reflet fidèle des anciennes structures administratives, cette publication n’avait jamais bénéficié d’une approche critique approfondie. Il est proposé d’en faire de nouveaux usages, grâce à un outil informatique qui reconstitue sur cette base l’évolution des institutions et l’archéologie des fonds.
Entre documentation et archives, entre archives administratives et archives centrales de l’Etat, se dessinent une géographie institutionnelle et une typologie des fonds, liées aux innovations politiques et administratives du siècle : elles appellent une archiviste historique, à laquelle ce volume historique voudrait contribuer.
