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Avec ce huitième volume s'achève la publication de la correspondance de Rodolphe Töpffer (1799-1846), commencée en 2002. Couvrant, à partir de 1807, près de quarante ans d’une existence tôt interrompue mais intense, allant du billet de quelques lignes à des missives fleuves, 1462 lettres ont été retrouvées par Jacques Droin, transcrites et annotées avec l’appui de Danielle Buyssens et de Jean-Daniel Candaux. Enrichissant le portrait de « l’écrivain, l’artiste et l’homme », selon la formule convenue des biographes, elles éclairent aussi la vie politique et sociale, académique et artistique de la Genève de la Restauration, l’histoire, bien sûr, de la bande dessinée dont Rodolphe Töpffer est aujourd’hui reconnu l’inventeur, celle encore de l’édition parisienne et du livre illustré. Les historiens de la médecine trouveront, dans les lettres écrites par Töpffer durant sa maladie, un témoignage expressif. La maestria de Töpffer à cerner d’un trait un personnage ou une situation donne tout son sel à la lecture de ces lettres, illustrées ça et là de savoureux dessins souvent inédits.
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Sur le conseil de ses médecins, Rodolphe Töpffer quitte précipitamment Genève le 25 juin 1843 pour se rendre seul à Lavey, dans le canton de Vaud, afin de suivre une cure destinée à améliorer l’état de ses yeux ! Il s’y trouve avec nombre de Genevois de la bonne société, de Suisses et d’étrangers, ce qui lui donne l’occasion, dans ses lettres journalières adressées à sa femme, d’émettre des opinions humoristiques sur ses compagnons de cure. Töpffer organise pour eux une promenade dans les environs, qu’il narrera dans les Souvenirs de Lavey, vendus au profit des pauvres du village.
Par ailleurs, Töpffer et son cousin Jacques-Julien Dubochet, l’éditeur parisien, échangent une série importante de lettres relatives à la parution, fin 1843, des fameux Voyages en zigzag, puis à l’édition des Nouvelles genevoises illustrées et à celle du Presbytère.
Malheureusement, la santé de Rodolphe se dégrade assez rapidement, et ses médecins lui recommandent une nouvelle cure, cette fois à Vichy, ce qui entraîne en été 1844 une seconde série de lettres à sa femme, demeurée à Genève avec ses enfants. Le présent volume en reproduit la première partie.
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L’agitation radicale du 21 novembre 1841 à Genève contraignit le Conseil Représentatif à organiser une Constituante chargée d’élaborer une nouvelle constitution pour le canton. Cet événement, Rodolphe Töpffer le compara à une «catastrophe». Auguste De la Rive le convainquit de participer à la création d’un journal dont l’objet serait de défendre les idées des conservateurs, défenseurs du régime politique qu’avait connu Genève pendant les «27 années de bonheur». C’est ainsi que Töpffer ferrailla dans le Courrier de Genève – bihebdomadaire qui parut du 15 janvier 1842 au 22 mars 1843 – contre les radicaux et sa bête noire, James Fazy. Il laissera dans ce combat une partie de sa santé. La grande affaire qui occupa Rodolphe en 1842 et les six premiers mois de 1843 fut l’édition des Voyages en zigzag entreprise par son cousin parisien Jacques-Julien Dubochet. Faire paraître un volume de grand format, orné de plusieurs dizaines de dessins, lorsque l’auteur habite à Genève et l’éditeur à Paris, exigeait un échange continuel de lettres qui se révélent passionnantes. La première livraison des Voyages en zigzag sortit de presse le 15 juin 1843, soit quelques jours avant le départ de Rodolphe Töpffer pour Lavey, village où l’envoyèrent ses médecins pour traiter ses yeux et ses rhumatismes. En plus de toutes ces occupations, Rodolphe rédigea le récit du Voyage à Venise, de 1841, et organisa la dernière excursion de 1842 avec ses élèves, qui deviendra le Voyage autour du Mont-Blanc. Il publia aussi des Essais d’autographie, et rédigea quelques articles pour le Magasin pittoresque, revue qui venait de naître à Paris.
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Le 15 mars 1841, la Revue des deux mondes publie, sous la rubrique « Poètes et romanciers modernes de la France » un long article intitulé « M. Rodolphe Töpffer » sous la signature prestigieuse du grand critique Sainte-Beuve. Pour l’auteur genevois, presque inconnu hors de sa ville natale, c’est la consécration venue de Paris de son talent original.
Dans le courant de cette année 1841, la publication par le libraire parisien Gervais Charpentier, sous les auspices de Xavier de Maistre, des Nouvelles genevoises fera connaître au public français les écrits de Töpffer. Celui-ci renoue de son côté des relations amicales avec son cousin Jacques-Julien Dubochet, qui publie à Paris des éditions illustrées d’auteurs classiques; les grandes lettres qu’ils échangent sont à l’origine de la parution des célèbres Voyages en zigzag, publiés d’abord en 1843 en livraisons hebdomadaires puis en 1844 en un très beau volume illustré d’après les dessins de l’auteur.
Rodolphe Töpffer continue sa collaboration à la Bibliothèque universelle de Genève, met au net le manuscrit du récit du Voyage de 1840 accompli en automne de cette année, et effectue durant les vacances d’été de 1841 son périple le plus long qui le conduira avec ses pensionnaires jusqu’à Venise.
A Genève, les circonstances politiques se modifient peu à peu sous l’influence de « radicaux » menés par James Fazy qui souhaitent des changements dans un sens libéral. Les « vingt-cinq années de bonheur » écoulées depuis la Restauration de 1814 sous un régime aristocratique vont se terminer lors des incidents qui se produiront à l’Hôtel de ville le 22 novembre 1841. Rodolphe Töpffer prendra alors avec des amis la défense des « conservateurs ».
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De retour le 4 septembre 1838 du Second voyage en zigzag qu’il a effectué avec ses élèves, Rodolphe Töpffer va demeurer seul à la tête de son pensionnat car sa femme, sa chère Kity, se remet à Mornex de la mort de son père. Quotidiennement, Rodolphe la tiendra au courant de ce qui se passe chez lui et en ville : Genève est alors, comme le reste de la Suisse, très préoccupée parce que la France réclame, avec menaces de guerre à l’appui, la présence sur son sol du prince Louis Napoléon Bonaparte, établi dans le canton de Thurgovie dont il a pris la nationalité. Cette affaire sera réglée par le départ volontaire du futur Napoléon III.
Les lettres de Rodolphe Töpffer sont alors consacrées à des événements plus personnels dont certains furent d’importance : les fameuses cinq Lettres vertes, attribuées par lui à la plume d’Albert Rilliet-de Candolle qu’il n’aimait pas, sont dirigées contre l’Académie dont Töpffer devient l’ardent défenseur. Par ailleurs il se plaint des contrefaçons parisiennes des histoires de MM. Jabot, Crépin et Vieux-Bois, il fait paraître divers articles dans la Bibliothèque universelle de Genève, rédige ses récits de voyages, édite les histoires de MM. Pencil et Festus, et publie son recueil des Nouvelles et mélanges. En plus de cette intense activité, Rodolphe Töpffer correspond avec Xavier de Maistre qui le mettra en rapport avec le grand critique français Sainte-Beuve, ce qui aura pour futur résultat l’édition à Paris des Nouvelles genevoises. Rodolphe Töpffer, même s’il est parfois d’humeur noire, n’a rien perdu de son humour ce qu’attestent ses lettres parfois caustiques adressées à ses amis David Munier et Auguste De la Rive.
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Rodolphe Töpffer est nommé en octobre 1832 professeur de rhétorique à l’Académie de Genève. Il devient ainsi un notable dans la République, et côtoie désormais ses amis George Maurice, David Munier et Abraham Pascalis, qui l’ont précédé dans leurs chaires respectives. Ce troisième volume de la «Correspondance complète» contient les lettres pleines d’humour (et parfois de méchancetés sur quelques collègues) qu’il adresse à son cher ami David Munier, ainsi qu’à Auguste de La Rive, professeur de physique, avec lequel il se liera peu à peu d’une amitié profonde. Durant les années 1833 à 1838, Töpffer ne sera pas qu’un directeur de pensionnat et un professeur d’Académie. Il devient aussi un auteur, et les diverses Nouvelles qu’il publie (la plupart dans la «Bibliothèque universelle de Genève») lui assurent une renommée qui dépasse les frontières du canton. C’est ainsi que l’un de ses chefs-d’œuvre, La Bibliothèque de mon oncle, lui attire des lecteurs célèbres: Joseph de Maistre en France, Alexandre Vinet à Bâle, Heinrich Zschokke à Aarau lequel traduira en allemand les Genfer Novellen, attribuant par là un nom aux «Nouvelles genevoises». Töpffer publie aussi les trois premiers albums en estampes: «M. Jabot, M. Crépin, M. Vieux-Bois», rapidement contrefaits à Paris, ce qui le navre, et le rend très prudent dans la distribution des exemplaires des récits des «Voyages» qu’il entreprend une ou deux fois par an avec ses élèves. Cette vie très remplie se trouve explicitée par les lettres qu’édite Jacques Droin, lesquelles font également la part belle à sa femme et à ses trois enfants.
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Le deuxième volume de la Correspondance complète de Rodolphe Töpffer reproduit les lettres écrites ou reçues par lui entre son retour à Genève en juillet 1820, au terme d’un long séjour à Paris, et sa nomination le 17 octobre 1832 comme professeur de rhétorique à l’Académie de Genève.
Au cours de ces douze années de nombreux événements surviendront qui seront décisifs pour son avenir et sa réputation. Après avoir perfectionné sa connaissance des langues anciennes, il sera engagé en qualité de sous-maître dans le pensionnat du pasteur Jean Heyer, et, tout en surveillant ses élèves, il enverra à sa fiancée Kity Moulinié d’extraordinaires missives, rédigées dans des styles divers, destinées à engager celle-ci à l’aimer et à l’épouser. Le mariage conclu en novembre 1823, Rodolphe se brouille avec le pasteur Heyer, et, l’année suivante, ouvre son propre pensionnat sur la promenade Saint-Antoine.
Pour établir sa réputation d’instituteur sérieux, il édite avec un ami les Harangues politiques de Démosthène. Ce qui ne l’empêche pas de composer pour le cercle de ses élèves et de leurs parents les Albums en estampes (les histoires de MM. Jabot, Festus, Crépin, Cryptogame), les récits des Voyages annuels du pensionnat ainsi que des pièces de théâtre, de rédiger la critique des expositions de peinture ouvertes à Genève et d’écrire sa première nouvelle, la Bibliothèque de mon oncle.
Töpffer enverra Cryptogame et Festus à son ami Frédéric Soret de Weimar, qui les soumettra à Goethe quelques semaines avant sa mort. Et c’est l’appréciation admirative de Goethe qui encouragera Rodolphe à les publier enfin.
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Biographes comme admirateurs de l’écrivain genevois Rodolphe Töpffer (1799-1846) souhaitaient que sa correspondance fût éditée. Quiconque avait pu, en effet, consulter ses lettres déposées à la Bibliothèque publique et universitaire de Genève y retrouvait l’humour de l’auteur des Histoires en estampes – dont les héros sont, entre autres, Jabot, Crépin, Vieux-Bois et Festus –, le charme des Nouvelles genevoises, la spontanéité de l’écriture et des dessins des Voyages en zigzag.
Jacques Droin, ancien magistrat, président pendant deux décennies de la Société d’études töpffériennes de Genève, s’est attelé à la tâche de transcrire et d’annoter les quelque mille cinq cents lettres que nous a laissées Töpffer. L’édition qui en ressort fera connaître le caractère attachant d’un écrivain de la première moitié du XIXe siècle, qui fut à la fois professeur des traditions genevoises et chef de pensionnat, un dessinateur humoristique à l’origine d’un genre nouveau, auquel la bande dessinée est redevable, un critique d’art et l’initiateur de la peinture alpestre helvétique. Ce premier tome contient les lettres que Rodolphe échangea avec sa famille et avec ses proches durant son séjour parisien, au cours duquel il devait renoncer à sa vocation de peintre, héritée de son père Adam-Wolfgang Töpffer, en raison d’une faiblesse de la vue pour finalement embrasser la carrière de professeur.