À paraître
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Lire peut-il changer ma vie ? Cette question est déjà cruciale au moment de l’essor du genre de la nouvelle, quand des auteurs comme Boccace, Chaucer, Marguerite de Navarre, Bandello, et plus tard Cervantès, Mme de Lafayette et Aphra Behn cherchent à comprendre quelle part de vérité contiennent les histoires profanes et les fictions. Dans la première modernité, en effet, ce que nous appelons « littérature » appartient au domaine de l’éthique. Alors qu’au XIVe siècle les nouvelles semblent procurer du bonheur et conduire vers une meilleure compréhension de soi et du monde, elles se trouvent censurées, moralisées et réécrites au XVIIe siècle. Du Decameron à l’essor du roman, on assiste à une profonde transformation des relations entre éthique et littérature. C’est l’histoire de cette mutation que retrace ce livre : il analyse l’évolution des poétiques, des pratiques de lecture et de la réflexion morale pour éclairer les fondements historiques des débats actuels sur la valeur éthique du récit.
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Les « trois magistrats niais » (Baudelaire), qui ont jugé que l’auteur des Fleurs du Mal et ses éditeurs outrageaient la morale publique et les bonnes mœurs, se doutaient-ils que la postérité les déjugerait, au point qu’au siècle suivant leur décision serait cassée par l’effet d’une loi d’exception ? Pour avoir blâmé « l’erreur du poète dans le but qu’il voulait atteindre et dans la route qu’il a suivie », les voici, à leur tour, reprochables d’un scandaleux manque de jugement en fait de littérature, pis ! d’erreur, voire de faute judiciaire. Méritent-ils, pour autant, les sentences à l’emporte-pièce dont on les accable si souvent, sans parler de l’opprobre jeté sur le procureur Pinard, redoutable mais hypocrite lecteur ? Raphaël Belaïche reconstitue ici les pièces d’un dossier détruit par les incendies de la Commune, recompose la scène du prétoire, explique savamment le droit, raconte, enfin, les enjeux et les combats politiques d’une époque où, plus souvent qu’à son tour, la littérature se voyait convoquée au banc des prévenus des tribunaux correctionnels.
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Sommaire / Contents : – I. Articles – M. Giani, « Gassia inlustris vir. Indagini su un corpus di glosse altomedievali al De civitate Dei di Agostino » ; W. Berschin, « Amarae mortis passivum. Sprachexperimente in der Kölner ottonischen Malerschule um das Jahr 1000 » ; A. Cossu, « Juvénal dans deux florilèges du Mont-Cassin du XIe siècle » ; J. J. Flahive, « Mediaeval French Influence on Celtic-Latin Vocabulary » ; R. Alexandre, I. Krawczyk et K. Nowak, « Le Vocabularium Bruxellense. Histoire et perspectives d’une publication numérique » ; O. Fichant, « La place du Vocabularium Bruxellense dans une compilation cistercienne inédite, l’Opusculum de naturis animalium (début XIIIe siècle) » ; E. Lonati, « Comment écrire une compilation sans perdre sa voix. Hélinand de Froidmont, Vincent de Beauvais et Aubri de Trois-Fontaines auctores de leurs œuvres ; A. Mancini, « Vr non bur non bluttaon » ; P. Roelli et J. Ctibor, « A New Version of Corpus Corporum, the Latin Full-Text Database and Tool » ; P. Verkerk, « Elaboration of a Practical Lemmatiser for Latin using Artificial Intelligence » – II. Chronique et comptes rendus.
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Dans cette première monographie consacrée à Richard de Fournival (1201-1260), chanoine et chancelier d’une cathédrale d’Amiens alors en construction, Christopher Lucken explore les multiples facettes d’un clerc représentatif de l’extraordinaire développement du savoir qui caractérise le XIIIe siècle. Astrologue se plaçant lui-même sous le signe de Mercure, il est aussi médecin-chirurgien, alchimiste, ainsi que l’auteur d’une œuvre abondante, tant latine que française : plusieurs ouvrages lui sont ici réattribués. Ses poèmes lyriques, ses traités d’amour et son célèbre Bestiaire d’Amours marquent, par leur tonalité critique, une rupture avec le « grand chant courtois » qui dominait depuis 150 ans la lyrique et la narration romanesque. Sa célèbre bibliothèque, décrite dans la Biblionomia, rassemble l’essentiel de la production en langue latine depuis l’Antiquité jusqu’au début du XIIIe siècle et constitue l’un des noyaux originels de la bibliothèque du collège de Sorbonne. À bien des égards, Richard de Fournival annonce la figure de l’humaniste de la Renaissance.
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L’amour n’est pas seulement l’un des sujets privilégiés de la littérature médiévale, il est aussi l’objet d’une tradition discursive originale : un vaste ensemble de motifs narratifs et lyriques, de multiples possibilités expressives, ainsi que des contextes hétérogènes qui se manifestent autant dans la richesse des formes que dans la diversité des supports. Le tout est intimement lié à l’univers de la littérature courtoise, qui le façonne ou l’absorbe, selon les époques.
Loin de rechercher une définition univoque, cette archéologie entend identifier les composantes primaires de l’amour littéraire entre le xiie et le début du xive siècle dans la littérature galloromane. Car les dynamiques liées à la naissance, à la codification et à la transformation des discours érotiques changent à travers les textes, le temps et l’espace. Ce faisant, elles engendrent des couches sémantiques et produisent des superpositions interprétatives. Leur compréhension se place ainsi du point de vue des œuvres, de leur mouvance, des outils stylistiques et de la tradition manuscrite.