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La correspondance Goncourt-Daudet fait revivre vingt-trois années d'une amitié littéraire exemplaire. Alphonse Daudet devient pour Edmond de Goncourt le substitut de Jules, le frère disparu; et son épouse Julia, née Allart, est l'une des seules femmes à être admirées par le misogyne d'Auteuil. A côté de cette correspondance amicale et mondaine, beaucoup de lettres sont des bulletins de santé: Daudet affronte sa terrible maladie avec un stoïcisme souriant, tandis qu'Edmond se plaint longuement de ses petits maux. Cet échange épistolaire est riche d'informations littéraires. Nous voyons se former des coteries, évoluer les sympathies et les antipathies, se dessiner le progressif rejet de Zola. Nous écoutons l'écho des discussions esthétiques du moment. Surtout, nous assistons à la genèse des œuvres essentielles des deux romanciers. Alphonse incite Edmond à revenir au roman et à écrire La Fille Elisa et Les Frères Zemganno. Bien des lettres sont des impressions de première lecture: Goncourt admire les œuvres de Daudet, mais il met en garde son jeune confrère contre les excès de la littérature commerciale, jouant auprès de lui le rôle d'un mentor affectueux.