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Ce troisième et dernier tome du Journal de Gouverneur Morris pendant la Révolution française couvre la période d’avril 1791 à janvier 1793, marquée par la fuite du roi à Varennes et le déchaînement de la violence, avec les massacres de septembre et la plongée dans la Terreur. Morris assiste, impuissant et dépité, au spectacle d’une révolution qu’il avait pensée légitime et susceptible d’inaugurer une période faste pour la France, à l’instar de ce qu’il avait connu dans son pays d’origine. Le Journal décrit cette lente et irréversible descente dans les affres d’un inconnu qu’il redoute autant qu’il l’avait prédit, car il se convainc que le peuple français n’est pas mûr pour la forme républicaine. C’est à ce moment-clé de l’histoire qu’il est nommé, par le président Washington, ministre plénipotentiaire des États-Unis en France, poste occupé avant lui par Franklin et Jefferson. Non sans courage, il accomplit son devoir de diplomate dans un monde en pleine décomposition. Le Journal devient alors un objet encombrant pour celui qui avait continué à penser et à agir pour l’établissement d’une monarchie modérée, à même de répondre aux attentes d’un peuple qu’il avait appris à aimer. Le journal s’étiole et Morris y met fin le 5 janvier 1793. Il assistera à la décapitation de Louis XVI qu’il décrira avec émotion dans un courrier envoyé à Jefferson.
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Après la fièvre de 1789, l’année 1790 s’annonce plus paisible pour Gouverneur Morris. Il continue à suivre de très près les progrès d’une Révolution qu’il consigne soigneusement dans son Journal, prodiguant conseils et mises en garde aux plus hauts personnages de l’Etat. Dans le même temps, il persiste à se complaire dans la vie de salon, tout républicain qu’il soit, et entretient avec sa maîtresse, madame de Flahaut, une liaison de plus en plus orageuse. Le calme relatif des affaires lui permet d’accomplir son grand tour de l’Europe du nord, où il peut juger de la percée des idéaux révolutionnaires venus de France. Il admire les chefs d’œuvre de la peinture flamande tout en continuant de négocier âprement les termes du remboursement de la dette américaine avec les banquiers néerlandais. De retour à Paris, déçu par l’adoption d’une constitution qu’il désapprouve parce qu’elle affaiblit le pouvoir du monarque, il s’efforce de venir en aide à la famille royale au point d’être personnellement mêlé aux tentatives de fuite.
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Fin février 1789, Gouverneur Morris débarque à Paris avec pour mission officieuse de négocier la dette de la Jeune Nation américaine envers la France. Il plonge dans une capitale qui connaît les premiers soubresauts d’une Révolution qui gronde. Ce Père Fondateur, auteur du texte de la Constitution américaine, entame alors la rédaction d’un journal qu’il tiendra sans interruption jusqu’à la mort de Louis XVI, en janvier 1793. Il fréquente les salons et les clubs où se discute et se décide le sort de la France et celui de la famille régnante. Il se mesure aux plus hauts personnages du temps : Necker, La Fayette, Talleyrand (avec qui il partage sa maîtresse madame de Flahaut), Mirabeau, Jefferson, Lavoisier… Ce premier volume, qui couvre l’année 1789, fourmille d’anecdotes personnelles qui se mêlent aux analyses politiques sur les événements cruciaux de la période. En cela, le journal constitue une source exceptionnelle pour l’historien de la Révolution française et pour le spécialiste des révolutions atlantiques.