Ouvrage

Le Cannibale

Grandeur et décadence

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Titre : Le Cannibale Sous-titre : Grandeur et décadence Année : 2016 Pages : 336 Collection : Titre courant ISSN : 1420-5254 Numéro : 61
Support : Livre broché ISBN-13 : 978-2-600-00561-6
Support : PDF ISBN-13 : 978-2-600-10561-3
Support : Livre broché + PDF ISBN-13 : 978-2-600-20561-0
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1492-1592 : ce siècle conduit d’une erreur à un mythe. Erreur de Colomb qui prend les Indiens Caraïbes pour des sujets du Grand Khan ou, pire, pour des cynocéphales, des hommes à tête de chien. Mythe du Bon Cannibale qui, dès 1580 avec Montaigne, renvoie à la face du colonisateur européen les turpitudes d’une civilisation avide de gain. Partant du mot, que Colomb invente, ce livre montre comment le Cannibale des Antilles et du Brésil est devenu en quelques décennies l’incarnation d’un tabou majeur de l’Occident chrétien. Le renversement paradoxal auquel procède Montaigne transforme cette figure repoussoir en modèle positif. Le libre Cannibale, ancêtre du Bon Sauvage des Philosophes, devient le point de référence obligé pour mesurer la barbarie des prétendus civilisés. Cependant le Cannibale tend à faire oublier qu’il mange de la chair humaine. Endossant la livrée des Philosophes et soutenant le combat des Lumières, il devient le porte-parole idéal dans la dispute anticoloniale et antichrétienne. Le Cannibale est lié à la croyance du civilisé. La critique du dogme catholique de la transsubstantiation, tel que l’orchestre la controverse calviniste, en passe par le parallèle avec l’anthropophagie des peuples d’Amérique. Là aussi le mérite du Cannibale est éclatant : s’il mange de l’homme, ce que l’Européen fait sous des formes plus cruelles, il ne mange pas son Dieu, et sa barbarie apparaît toute relative. Cette image positive se dégrade au temps de l’expansion européenne, lorsque le Cannibale, privé de voix et de message, ne représente plus qu’un appétit bestial. Figure odieuse, il suscite tour à tour l’ironie dévastatrice de Swift et les rêveries primitivistes d’un Sade ou d’un Flaubert.

TABLE DES MATIÈRES

AVERTISSEMENT SUR LA SECONDE ÉDITION

PRÉFACE DE PIERRE CHAUNU

OUVERTURE AU RENDEZ-VOUS DES CANNIBALES De la caravelle au radeau Le Cannibale et après

Première partie DU CYNOCÉPHALE AU CANNIBALE

CHAPITRE PREMIER NAISSANCE DU CANNIBALE Colomb découvre le Cannibale Le Cannibale, fils de chien

CHAPITRE II LE CANNIBALE À LA MODE La panoplie du parfait boucher L’héritage de Vespucci ou la vogue du Cannibale incestueux

CHAPITRE III L’ENTRÉE DU CANNIBALE EN FRANCE Le Cannibale, héros du folklore Rabelais ou le Cynocéphale moralisé

CHAPITRE IV LE BRÉSIL, TERRE DES CANNIBALES Le Brésil est une île Au pays des androphages

Deuxième partie POUR UN CANNIBALISME D’HONNEUR

CHAPITRE V LE PREMIER ETHNOGRAPHE DES TUPINAMBA Montaigne, « Des Cannibales » et la tradition André Thevet et le cannibalisme rituel des Tupinamba Parenthèse Staden De Thevet à Lafitau

CHAPITRE VI JEAN DE LÉRY OU L’OBSESSION CANNIBALE Un symbole universel Le retour du refoulé : Sancerre

CHAPITRE VII MÉLANCOLIE CANNIBALE L’Ogre et l’amoureuse Jean Bodin et la tristesse du Cannibale

CHAPITRE VIII UN CANNIBALE QUI CRACHE Montaigne ou le paradoxe des « Cannibales » Une déclamation Famine ou banquet Le continent des Cannibales Un cannibalisme de mots Frères cannibales

Troisième partie CANNIBALES PAR CONTRAINTE

CHAPITRE IX CARDAN OU L’EMPIRE DE LA NÉCESSITÉ De la haine comme nécessité Le continent de la faim

CHAPITRE X BRÉBEUF ET ROBINSON : LE MISSIONNAIRE ET LE COLON Le goût du missionnaire Robinson ou le déjeuner sur l’île

CHAPITRE XI LE CANNIBALE DES LUMIÈRES, ROUSSEAU, BOUGAINVILLE, VOLTAIRE Les mots du Cannibale, de Montaigne à Jean-Jacques Rousseau L’Insulaire cannibale : Bougainville, Diderot Malthus et l’archipel anthropophage Candide chez les Cannibales

CHAPITRE XII CRUELLE NATURE : DE PAUW, SADE L’Amérique dégénérée de Cornélius de Pauw L’Afrique fantôme de Sade

CHAPITRE XIII CANNIBALISME ET COLONIALISME : LE CAS JULES VERNE Le Cannibale au Canada Le Cannibale raconté aux enfants De l’île au radeau

ÉPILOGUE LE RETOUR DU CANNIBALE : SWIFT, FLAUBERT, LA MEDUSE

APRÈS-DIRE ROUEN ENCORE ET TOUJOURS Rouenneries Le « Conte cannibale » de Montaigne La Boétie à Rouen Pourquoi Bordeaux ? Rouen définitivement

BIBLIOGRAPHIE

INDEX NOMINUM

TABLE DES ILLUSTRATIONS

  • The Sixteenth Century Journal, vol. XLIX, n° 1, Spring 2018

  • The Sixteenth Century Journal, vol. XLIX, n° 1, Spring 2018

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