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Lire peut-il changer ma vie ? Cette question est déjà cruciale au moment de l’essor du genre de la nouvelle, quand des auteurs comme Boccace, Chaucer, Marguerite de Navarre, Bandello, et plus tard Cervantès, Mme de Lafayette et Aphra Behn cherchent à comprendre quelle part de vérité contiennent les histoires profanes et les fictions. Dans la première modernité, en effet, ce que nous appelons « littérature » appartient au domaine de l’éthique. Alors qu’au XIVe siècle les nouvelles semblent procurer du bonheur et conduire vers une meilleure compréhension de soi et du monde, elles se trouvent censurées, moralisées et réécrites au XVIIe siècle. Du Decameron à l’essor du roman, on assiste à une profonde transformation des relations entre éthique et littérature. C’est l’histoire de cette mutation que retrace ce livre : il analyse l’évolution des poétiques, des pratiques de lecture et de la réflexion morale pour éclairer les fondements historiques des débats actuels sur la valeur éthique du récit.
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Le Théâtre au miroir des langues consiste à explorer les grandes notions théâtrales au moyen d’une étude lexicologique portant sur trois aires géolinguistiques : la France, l’Espagne et l’Italie des XVIe et XVIIe siècles. Divisé en huit chapitres (Genres théâtraux, Paratextes, Dramaturgie, Personnages, Notions esthétiques, Métiers et techniques, Lieu théâtral, Réception), l’ouvrage propose une étude comparative des composantes essentielles du théâtre à partir de leurs modes de désignation dans les trois langues. Prenant appui sur un vaste corpus de pièces, de préfaces et de traités, ces analyses permettent tout autant d’identifier les correspondances et les pratiques communes d’un pays à l’autre que de mettre au jour les spécificités nationales. Cet ouvrage a été conçu dans le cadre du projet ANR « IdT - Les idées du théâtre ».
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La tragédie, c’est bien connu, finit mal. Au point que le terme « tragique » définit désormais tout événement funeste et sanglant. Mais la fin malheureuse n’a pas toujours été un élément essentiel du genre. C’est seulement lors de sa renaissance moderne que le dénouement malheureux a acquis une telle importance et ceci, en dépit de son manque de bienséance morale: si la tragédie finit mal, c’est que le héros, contre toute attente, n’est pas récompensé pour ses vertus et que les actions du méchant ne reçoivent pas la punition escomptée. Le dénouement malheureux est efficace, car il suscite la surprise et le pathos. Mais il contrevient aux conventions éthiques qui règlent la poétique renaissante: il n’est pas exemplaire. Par l’étude de la tragédie européenne de la première modernité, et plus spécifiquement de la théorie et de la pratique du genre en Italie, en France et en Espagne, cet ouvrage entend expliquer pourquoi le dénouement malheureux devient l’élément essentiel du genre au moment même où toute forme de poésie se doit d’être exemplaire. La tragédie moderne exprimerait alors la contradiction entre ce qui devrait être et ce qui est, en relevant l’écart qui sépare la foi en la providence divine et l’évidence de l’échec, de l’injustice et du malheur.