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Dans son désir de décliner toute la gamme lyrique et de faire la preuve de sa compétence dans tous les genres, Flaminio de Birague, exploitant l'engouement que connaît depuis Belleau le genre bucolique, crée dans l'édition de 1585 une section intitulée Bergeries, à la façon de Desportes qui l'avait précédé en 1583, placée sous le signe de la diversité et du disparate, sans lien narratif, qui lui permet de s'inscrire comme le digne disciple et le légataire direct de Ronsard. Suit la section des Meslanges, libellus constitué de soixante-cinq pièces, extrêmement structuré, album aulique et encomiastique, dont l'organisation méthodique, systématique et protocolaire cherche à reproduire l'image de la société valoisienne d'alors et se veut l'icône des forces en présence, pesant et soupesant les fragiles équilibres politiques. Dans l'ultime section, Epitaphes, Birague semble vouloir faire la preuve de sa maîtrise du genre funèbre en en exploitant tous les possibles, en même temps qu'il met cette comnpétence littéraire au service d'une stratégie curiale et politique qui laisse deviner ses préférences pour les Guise et la Ligue.
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Qui connaît Clovis Hesteau de Nuysement? Les historiens de l’alchimie, sans doute, mais les vers d’amour de ce grand poète — que fut l’alchimiste dans sa jeunesse — méritent d’être beaucoup mieux connus. Influencé par Ronsard, mais contemporain d’Agrippa d’Aubigné et de Béroalde de Verville, Nuysement est un poète baroque, “hanté par l’Ange du Bizarre, ruisselant des flots rageurs d’une ‘hainamoration’ qui porte l’amant, d’un même mouvement, à l’adoration et au saccage de l’objet de désir”, comme le soulignait Gisèle Mathieu-Castellani dans la préface au premier tome. Ce second volume contient divers poèmes, dont beaucoup d'inspiration amoureuse dominante, et d’autres de veine politico-satirique.
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Poète baroque de la même veine qu’Agrippa d’Aubigné ou Béroalde de Verville, Clovis Hesteau de Nuysement (ca 1555 – ca 1623) n’a de loin pas eu la même postérité que ces derniers. Pourtant, sa plume violente et furieuse, différant de celle de d’Aubigné en ce qu’elle est plus mélancolique que tragique, mérite d’être redécouverte. Élève de Dorat trente ans après Ronsard et Du Bellay, secrétaire du roi Henri III et lié à Monsieur, frère du roi et duc d’Alençon à qui il dédie ses Œuvres poétiques publiées en 1578, puis passionné par les sciences de la Nature et l’alchimie, le poète semble destiné à la gloire avant que, suite à des intrigues politiques houleuses, la rumeur finisse par l’accuser de sorcellerie et de magie noire vers la fin de sa vie. Le premier livre, d’inspiration politique et satirique, se place au service de la cause catholique. Le second est quant à lui un canzoniere d’inspiration amoureuse. Son écriture expressive et forte transpara®t comme héritière tant des poètes classiques grecs et latins tels que Pindare que des poètes humanistes tels que Pétrarque, Ronsard ou Pontus de Tyard.