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Dès la mise en application des codes pénal et administratif du Japon en 702, quantité de décrets destinés à modifier ou à compléter la législation fondamentale ont été promulgués. Cette activité législative a été intense pendant les deux siècles durant lesquels la cour a essayé d’appliquer les codes. Une partie importante de ces décrets a fait l’objet de trois compilations officiellement présentées à la cour en 820 à l’ère Kônin, en 869 à l’ère Jôgan et en 907 à l’ère Engi. Ces trois recueils ont été refondus au XIe siècle sous le titre « Décrets de trois ères méthodiquement classés », Ruijû sandai kyaku. Les textes ont été alors organisés selon diverses rubriques, les cultes, la gestion des fonctionnaires, l’administration des provinces, la fiscalité, le régime des terres, la défense, la répression des délits, etc. Alors que les trois compilations d’origine ont disparu, ce recueil, qui regroupe plus de mille décrets, est presque entièrement conservé. Il fournit une riche documentation sur la gestion du personnel administratif, sur les difficultés d’application d’un système fiscal complexe et dont le contrôle n’a jamais pu être satisfaisant, sur les fraudes, ainsi que sur la diversité des conditions et des occupations de la population.
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Ce catalogue de l’administration japonaise du début du xie siècle a été établi sur l’essentiel de la documentation disponible, textes législatifs du VIIIe au XIe siècle et notes journalières de hauts dignitaires et fonctionnaires des Xe et XIe siècles, pour donner un tableau des institutions centrales, organes inscrits dans les codes promulgués au début du VIIIe siècle et organes créés postérieurement avec les compétences de chacun telles que décrites dans les codes et telles que mises en application au début du XIe siècle, de façon à faire apparaître l’étiolement de beaucoup d’entre eux et les transformations subies par le régime des codes. Environ mille fonctionnaires, grands et petits, passent dans ces pages avec ce qui peut être reconstitué du déroulement de leurs carrières. Les mieux connus sont ceux de la couche supérieure dont l’accès tend de plus en plus à se fermer, l’hérédité plus que le mérite devenant un facteur essentiel dans les nominations et promotions. Les hauts dignitaires n’ont plus une expérience directe de la province et consacrent une part grandissante de leur temps à l’aspect cérémoniel et rituel de leur fonction. Ils ont renoncé à tout contrôler dans le détail dans le pays comme les codes semblaient leur en faire une obligation. C’est donc par d’autres voies qu’ils conservent leur autorité. Une grande partie des fonctionnaires moyens sont devenus leurs clients. Ils choisissent parmi eux les gouverneurs de provinces qui large autonomie et responsabilité sont consenties. En ce début du xie siècle, apogée des régents Fujiwara, les institutions des codes sont toujours vivantes, l’action des gouverneurs de provinces fait toujours l’objet d’une évaluation, ais les facteurs de dégénérescence sont présents, les dérives du système fiscal, l’hérédité qui empêche toute mobilité sociale et à chaque génération rejette des hommes. Ils n’ont d’autre choix que d’aller chercher fortune dans les provinces. Les conséquences devaient apparaître au siècle suivant avec le développement du monde des guerriers.
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La première moitié du deuxième tome des notes journalières de Fujiwara no Sukefusa couvre la fin de l’année 1040, période chargée en événements malheureux, effondrement du sanctuaire de la divinité Toyo.uke à Ise, incendie du palais et perte du miroir sacré. L’empereur fut troublé par ces désastres qu’il interprétait comme la preuve que ses divinités ancestrales étaient irritées et lui retiraient leur protection. Cette partie des notes journalières est donc intéressante pour ce qu’elle nous révèle des croyances de l’empereur et de ses relations avec ses divinités, en un moment où les précautions à prendre contre les impuretés et l’abondance des célébrations du culte national l’obligent à relativement délaisser celles du bouddhisme.
À l’exception des deux lunes du début de 1041, la deuxième moitié du volume n’est plus composée que d’extraits, souvent assez longs et suivis, relatifs à des événements tels que changement du nom de l’ère, majorité du prince héritier, banquet donné par un ministre nouvellement nommé, célébrations bouddhiques pour l’inauguration de bâtiments au Kôfukuji et au Hôjôji, ou services pour des morts. Sukefusa alors n’est plus chef à la Chancellerie privée, sa carrière stagne et il garde donc des raisons d’exhaler des plaintes et de critiquer ses contemporains.
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