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En 2010, l’Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle) a fêté son cinquantième anniversaire. Le moment semble venu, après ce demi-siècle d’existence, d’un retour théorique et critique sur cette drôle d’avant-garde, dont la diffusion est aujourd’hui bien réelle, en France et à l’étranger.
Le propos de ce livre est ainsi historique et littéraire – pour suggérer, par exemple, que la contrainte d’écriture a sans doute, pour l’Oulipo, le statut d’un imaginaire mathématique du texte, beaucoup plus que d’un modèle effectif –, mais aussi poétique – pour poser en particulier le problème du style, très rarement abordé, s’agissant d’écritures où la question de la contrainte semble devoir occuper tout le champ des approches formelles. Un tel parcours – qui ne se limitera pas aux œuvres désormais canoniques de Georges Perec, Raymond Queneau et Jacques Roubaud – permettra de montrer à quel point le « formalisme » oulipien dépasse le champ de l’expérimentation ludique auquel on le cantonne (et auquel il se cantonne lui-même) trop souvent : il faut alors redonner au terme de contrainte son acception architecturale, pour comprendre qu’il n’est pas anodin que la dernière anthologie oulipienne (publi©e en 2009) s’ouvre sur une série de variations « sur un thème de Marcel Proust », et considérer que l’objet même des contraintes, fût-il ironiquement réfracté, consiste in fine – pas si loin de l’entreprise proustienne – à (re)donner une forme au Temps.
une forme au Temps.
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