Dès l’Antiquité, Strabon signalait que l’usage fréquent que les Grecs d’Elide faisaient du rhô prêtait à rire, et le lexicographe Hésychius qualifiait ce peuple du Péloponnèse de barbarophônoi, décrivant leur parler comme rude et peu clair. Aussi les Modernes s’intéressèrent au dialecte éléen dès la publication des premières inscriptions découvertes à Olympie, au début du XIXe siècle. Depuis, le nombre de textes éléens s’est notablement accru. Leur réunion en corpus constitue aujourd’hui une première contribution à la réédition des Inschriften von Olympia publiées en 1896. Le premier volume présente l’édition traduite et commentée des inscriptions éléennes dialectales. Toutes les catégories de documents inscrits ont été prises en considération, qu’ils soient privés ou publics, comme les nombreuses lois sacrées ou les monnaies. Ainsi est-ce l’ensemble des vestiges du dialecte qui est réuni et classé chronologiquement, de la seconde moitié du vie siècle jusqu’aux derniers documents, datant de ca 200 avant notre ère. L’étude des textes du vie et du Ve siècle apporte un éclairage nouveau sur la vie politique et le fonctionnement institutionnel de la cité d’Elis ainsi que sur la domination qu’elle exerça sur les petites cités sises aux alentours du sanctuaire d’Olympie, en Pisatide et en Triphylie. Le second volume fournit une grammaire complète du dialecte. A l’étude graphique, phonétique et phonologique des textes succède celle de la morphologie, de la syntaxe et du lexique complété par les gloses et une étude onomastique. L’analyse des textes qui illustrent le déclin du dialecte conclut cette grammaire. L’ouvrage associe ainsi les approches institutionnelle, philologique et linguistique pour donner sens à des textes de prime abord difficiles. Il apporte une contribution à l’histoire des Eléens et d’Olympie de l’archaïsme à l’époque hellénistique.