Depuis une vingtaine d’années, en France particulièrement, l’étude de la participation des femmes aux métiers du livre s'intensifie et le Dictionnaire des femmes libraires en France (1470-1870) en résulte. 1470 : introduction de l’imprimerie en France ; 1870 : fin de l’époque des brevets. L’expression de " femmes libraires " désigne, par commodité, les femmes qui ont exercé, à titre professionnel, l’un ou l’autre des principaux métiers du livre : l’imprimerie, la librairie, la reliure. Pour rendre compte fidèlement de la carrière de ces femmes et de leur contribution à la diffusion de la culture, Roméo Arbour a méthodiquement exploré l’ensemble du travail d’édition, d’impression et de commerce. Donc tout imprimé.
Durant l’Ancien Régime, ces métiers étant réservés aux hommes, seule une veuve dont le mari avait exercé était autorisée à lui succéder pour subvenir aux besoins de la famille. L’abolition des corporations du livre en 1791 les ouvre sans restriction aux femmes, qui participèrent alors très activement à la propagation, à travers tout le pays, d’ateliers et de boutiques, au rythme de la croissance démographique, du développement rapide des services publics et de l’accès à la lecture de nouvelles catégories sociales. Détail éloquent : en 1870, 34 % des brevets de libraire sont concédés à des femmes.
Le Dictionnaire renferme 6 424 notices alphabétiques sur ces femmes responsables d’une entreprise libraire, mise à part, sans la minimiser pour autant, la contribution constante des épouses et des filles à l’entreprise de leur mari ou de leur père. En appendice, un classement chronologique renseignera le chercheur intéressé par une période donnée.