Cet essai, né d'une incompréhension, aboutit, après un itinéraire plein de surprises, à un paradoxe. Stendhal, l'écrivain de l'époustouflante facilité, est aussi celui de l'ascèse, de l'inachèvement et de l'impuissance. Il n'est pas question de voir en lui un précurseur de la sémiologie moderne. L'objet qu'il se propose est clairement normatif : l'élaboration d'une "bonne" théorie des signes, pour atteindre la vérité sur l'homme, condition première de tout art. Déchiffrer le monde et soi-même, traduire les signes en une langue fixe et rigoureuse, sans céder aux tentations de l'emphase et de la rhétorique, telle est l'incroyable ascèse que s'impose, pendant un quart de siècle, ce lointain disciple des grammatologiciens de Port-Royal, pour préparer la grande oeuvre dramatique qu'il n'écrira jamais.
