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A la fin de 1787 l’ancien régime français se précipite vers la banqueroute. Or l’Eglise, considérée très riche, possède un organisme consacré au financement de la monarchie. Depuis le seizième siècle les rois font appel au clergé par l’intermédiaire d’une assemblée générale, qui se réunit tous les dix ans afin d’octroyer au fisc royal un « don gratuit », ce qui doit être sa contribution aux revenus de l’Etat. Ces assemblées sont convoquées aussi à mi-terme, afin de réviser le montant du don et, en temps de crise, le roi a le droit d’en convoquer une afin de demander une subvention extraordinaire. En 1788 la situation financière impose cette nécessité à Louis XVI, mais le clergé ne veut pas coopérer. Au lieu des huit millions de livres tournois que le roi lui demande, le clergé ne lui offre que 1.800.000 – somme dérisoire. En revanche, le clergé profite de l’occasion pour se plaindre de l’hostilité des paysans au régime décimal, des tracasseries bureaucratiques, et de l’esprit de tolérance qui vient d’accorder aux non-catholiques un statut civil qui abrogera le monopole de l’Eglise sur les baptêmes, mariages et sépultures. L’assemblée est un échec pour le roi, mais Louis XVI ne s’en inquiète pas, parce qu’il a trouvé un moyen plus sûr d’obtenir son argent. Il convoquera les Etats Généraux, abandonnés depuis 175 ans, qui résoudront toutes ses difficultés ! Les derniers jours de l’assemblée du clergé sont consacrés à la réalisation de ce plan apparemment si génial, mais qui sonnera le glas de l’ancien régime. Le procès-verbal de l’assemblée de 1788, trop longtemps perdu dans les archives, nous offre un aperçu précieux des derniers jours de la monarchie absolue juste avant la Révolution.