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La fauconnerie a été une activité de rois, empereurs, émirs, khans, marchands et voyageurs pendant plus de 2000 ans. Elle a fourni des sujets en littérature et en art, et elle a été discutée dans des livres zoologiques, médicaux et juridiques. Les articles de ce volume sont issus d’un colloque tenu à la New York University à Abu Dhabi, et concernent la fauconnerie médiévale dans l’espace méditerranéen. Ceci inclut les traités sur les autours et les faucons, en Espagne, au Levant, à Byzance et dans le Moyen Orient arabe, et une comparaison entre les manuels européens et arabes. On y envisage la chasse au vol dans la poésie arabe, la littérature provençale et italienne, la poésie néo-latine, la peinture. Il y a place pour les prescrits légaux dans la loi juive, et pour les réalités concrètes : la diffusion de la fauconnerie de l’Asie centrale à l’Europe documentée par l’archéologie, la chasse au vol à la cour des Sforza de Milan et le commerce des très précieux gerfauts. Par ces éclairages ponctuels, la Méditerranée se révèle comme un espace perméable à des courants et des influences réciproques.
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Nul ne doute aujourd’hui que les conditions de transmission des textes scientifiques fassent partie de l’histoire intellectuelle. Les marges des manuscrits (ou des éditions anciennes) n’en demeurent pas moins insuffisamment explorées pour diverses raisons: aux difficultés de lecture, de datation et d’interprétation s’ajoute le caractère disparate des informations qu’elles recèlent. Tout en perpétuant des traditions de transcription et de lecture, selon des codes parfois transposés d’une aire linguistique à une autre, les marginalia constituent aussi des espaces de liberté, où s’expriment des réactions d’humeur et s’élaborent des rapprochements textuels ou des créations originales. Sans compter que des marges servirent à préserver des informations dont le seul lien avec le texte principal était de l’ordre d’un aide-mémoire. Onze études confiées à des spécialistes des domaines grec, syriaque, arabe, hébreu et latin donnent à voir ce faisceau d’intérêts, sur des exemples d’annotations (ou de diagrammes) à contenu philosophique, mathématique, astronomique, technique ou médical. Après ces études de cas, qui s’étendent du vie au xviie siècle, une typologie des marginalia est esquissée en un essai qui dépasse le cadre des seuls manuscrits scientifiques.