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Augustin, déjà, distingue parmi les combats et conçoit l’idée de guerre juste. Ceux qui la mènent, et qui sont milites, peuvent donc être rassurés sur leur sort éternel : Dieu n’est pas hostile aux soldats, lorsqu’ils se mettent au service du bien. Les doutes persistent cependant, et il faut souvent vaincre ces inquiétudes, montrer que l’on peut être en même temps un bon chrétien et un bon miles. Les guerres menées par ou pour les papes y contribuèrent. La valorisation de la guerre, lorsqu’elle est « juste », voire « sainte », n’entraîna pas aussitôt une grande promotion de la condition guerrière. Les milites demeurent encore, par leur métier, entachés d’une certaine faute, tachés du sang répandu, même pour une juste cause. Les entreprises des papes contre leurs voisins, pour libérer le jeune état pontifical des menaces lombardes, sarrasines, normandes, les expéditions de la Reconquista espagnole, plus tard les croisades conduisirent à une plus grande valorisation de la militia. Les milites sortent de l’ombre. La militia naît. L’essor de la chevalerie va commencer. Le manteau idéologique, lentement tissé pour d’autres, va pouvoir l’habiller.
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Il a fallu deux siècles pour que la chevalerie se constitue en corps conscient de sa propre existence. A l'origine il y avait des milites, simples serviteurs armés des rois, princes et châtelains. Dès le début du XIe siècle, les témoins ecclésiastiques commencent à voir en elles un ordo, qui s'affine progressivement pour devenir, au XIIe siècle, la Chevalerie. En même temps, elle hérite de l'idéologie royale (devoir de protection des faibles, pauvres, veuves et orphelins), qu'elle est par son nombre et sa puissance plus à même de défendre que le seul roi, ou même que les princes. L'auteur retrace dans ce ce livre l'histoire de la cérémonie de l'adoubement, symbole à la fois social et idéologique de la chevalerie.