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Au XVIIe siècle, naît à Anvers, aux Pays-Bas catholiques, une entreprise dédiée exclusivement à l'hagiographie: celle des Bollandistes, qui lancent la grande collection des Acta Sanctorum, dont les deux premiers tomes paraissent en 1643. Peu après, la Congrégation de Saint-Maur, dont Jean Mabillon est l'un des plus célèbres représentants, commence un travail similaire à propos des saints bénédictins. Points communs à ces deux entreprises: une attention primordiale accordée aux sources et une critique rigoureuse de ces sources. Pareille démarche n'est cependant pas toujours bien reçue du monde savant, car cela met souvent à mal de vénérables traditions. Cas emblématique: en 1675, les Bollandistes mettent en doute la fondation des Carmes par le prophète Elie, ce qui leur vaudra d'être condamnés par l'Inquisition espagnole.
Au siècle suivant, qui verra notamment la disparition du bollandisme, avec des chercheurs tels que Adrien Baillet, Jean Lebeuf, Claude Chastelain, l'érudition proprement dite prendra le pas, plus soucieuse d'établir des faits et moins attentive à l'édition des textes.
Bernard Joassart (1954-), jésuite, est membre de la Société des Bollandistes depuis 1900 et enseigne l'histoire contemporaine de l'Église à l'Institut d'études théologiques (Bruxelles). Ses publications concernent principalement le modernisme, l'histoire de l'érudition des XVIIe-XXe siècles, et celle du bollandisme.