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Timothée LÉCHOT
« Ayons aussi une poésie nationale »
Affirmation d'une périphérie littéraire en Suisse (1730-1830)
Bibliothèque des Lumières
Table des matières Une leçon d’histoire littéraire, par Daniel Maggetti Introduction : la littérature suisse en orbite Première partie les fondations poétiques de la médiocrité romande Chapitre premier : Rejet littéraire Savoir condamner Les refuges de la poésie Chapitre II : Récupération idéologique La mediocritas ennoblie : Les vertus fédératrices du patrimoine littéraire – Le pont «helvétiste» – Des cautions scientifiques La médiocrité comme symptôme :Postérité du modèle – Cynisme et révolte – Mise à distance critique Deuxième partie négocier une position Chapitre III : L’institution du littéraire entre 1730 et 1780 La place des belles-lettres dans l’enseignement Académies parisiennes et sociétés littéraires suisses Les livres, les périodiques et leurs publics: L’institution éditoriale – Le Journal helvétique et la constitution d’un espace littéraire – La distinction des productions suisses Chapitre IV : Expulsion et propulsion L’expérience de l’illégitimité L’apanage du bel esprit français: François de Callières : la poésie et le bel esprit – Beat Ludwig von Muralt : le bel esprit et la France Les enjeux d’une double légitimation : Perfectionnement de l’esprit – Polissage des moeurs Un débat polarisé : la question des logogriphes : Equilibrisme éditorial – Le vers suisse à l’épreuve de l’autocritique Sous le signe de l’insécurité littéraire : L’insécurité linguistique et ses déclinaisons littéraires – Samuel Henzi : le gruyère et le bon goût – Jean-Jacques Rousseau et la «muse helvétique» Chapitre V : Le choix d’une position subalterne Les hérauts du bon sens : Jean-Baptiste Tollot et les frontières morales de la poésie – Gabriel Seigneux de Correvon à la recherche d’un appui Repli descriptif : Un petit Olympe sans Apollon – Une «montagne rôturière» en marge du Parnasse Traducteurs et imitateurs à l’abri de leurs modèles : L’opportunisme de la médiation culturelle – La filiation française : traduire les psaumes en imitant Lefranc – Les bénéfices du polycentrisme : chanter la Suisse en imitant Hervey – Les libertés du poète traducteur Poids français, contrepoids alémanique : Albrecht von Haller : un modèle ambigu – Salomon Gessner entre l’Allemagne et la France Troisième partie établir des programmes Chapitre VI : L’institution du littéraire entre 1780 et 1830 D’un siècle à l’autre: remarques introductives Le collège et l’académie : vers un enseignement spécialisé Du Journal helvétique à la Revue suisse :Un critique professionnel : Henri-David Chaillet – Les périodiques littéraires suisses en français La reconfiguration du milieu éditorial Sociétés littéraires et sentiment d’appartenance institutionnelle : Le polymorphisme de la sociabilité littéraire – L’affirmation des sociétés locales Chapitre VII : Recentrage et regroupement La poésie nationale de Philippe-Sirice Bridel et sa réception : Faire corps avec la Suisse alémanique : l’esquive linguistique – Une poésie définie par un cadre géographique, culturel et social – « Enfin, notre Suisse française a donc aussi son poëte ! » – Une caution littéraire francophone Retrouver la Suisse hors du vers français : Le Léman au centre de la francophonie – L’option dialectale Forces centripètes et décentrement : Deux cosmopolites : Marc-Etienne-Emmanuel Frossard et Samuel-Elisée Bridel – Contestation et réaffirmation paradoxale du centre – La tentation du didactisme – Emmanuel Salchli à la lisière de l’usage – Le Parnasse français vu de l’extérieur Colombier, Coppet : deux rendez-vous manqués : Le désamorçage des préjugés nationaux chez Isabelle de Charrière – Germaine de Staël, la barrière du Rhin et la muraille de Chine – Le romantisme staëlien et la poésie nationale Chapitre VIII : Le ciment de l’union fédérale En quête de matériaux bruts Histoire et poésie : point de fusion – L’épopée et le roman – La matière genevoise – Ralliement littéraire et changement d’optique – La brique onomastique La seconde naissance de la poésie nationale : Un double trait d’union : Charles François Recordon – Le genre de l’helvétienne – Envol suisse, atterrissage français Juste Olivier, héritage ou fondation ? Conclusion Annexes Bibliographie Index
A partir des années 1730, les Suisses d’expression française s’interrogent sur l’opportunité de développer chez eux une activité poétique. L’enjeu est important : quelle serait la place d’une région sans poète parmi les nations policées qui cultivent les belles-lettres ? Or, la hantise du bel-esprit français et la réputation de grossièreté qui poursuit les Suisses constituent une double embûche que rencontrent aussi bien les versificateurs anonymes du Journal helvétique qu’un Jean-Jacques Rousseau faisant ses premiers pas dans la carrière des lettres. Se cherchant une légitimité, les poètes assument ou revendiquent progressivement une différence par rapport à la France et à ses modèles littéraires les mieux établis. Entre la fin de l’Ancien Régime et l’époque romantique, l’idée d’une « poésie nationale » en français s’affirme dans cet espace littéraire périphérique, en attendant l’émergence d’une littérature romande à proprement parler. Cette étude a reçu le Prix pour l’avancement de la relève du Collegium romanicum.
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