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On a longtemps pensé le XVIIIe siècle à travers l’affrontement exclusif de deux mouvements: les Philosophes exaltant la raison critique et leurs adversaires représentants des anti-Lumières. Cet ouvrage vise à étudier les marges de ce noyau dur, objet privilégié de la tradition historiographique. Le mot marges est pris dans toutes les acceptions du terme: limites, seuils, zones grises, incertaines et problématiques. Il désigne les courants de pensée les plus divers qui se situent à la frontière des mouvements philosophiques, sans basculer pour autant dans l’antiphilosophie ou les anti-Lumières.
Il montre d’abord comment les Lumières elles-mêmes pensent les limites extrêmes de la validité de leur démarche, puis examine des courants intellectuels, à l’origine divergents ou opposés, qui se rencontrent ou coexistent, dans un état de tension et d’instabilité. Dans les trente années précédant la Révolution, on a souvent recours au vocabulaire philosophique, alors qu’on adopte des positions vaguement ou ouvertement antiphilosophiques. Fruit d’un colloque international tenu à l’Université de Tours en 2001, cet ouvrage nous rappelle que l’histoire culturelle de la deuxième moitié du XVIIIe siècle est faite de contradictions et de chevauchements, parfois paradoxaux.