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Que se passe-t-il pendant un monologue d’Hamlet ou pendant les stances de Rodrigue ? Que fait un personnage une fois seul en scène ? En considérant le vaste champ du théâtre européen au seuil de la modernité, ce livre propose une approche inédite de ces questions. Car le monologue a une histoire et la fin de la Renaissance et l’âge baroque en est l’un des épisodes fondateurs. Des œuvres théâtrales aux traités théoriques et aux dictionnaires, il s’affirme comme un procédé dramatique spécifique, avec ses formes et ses enjeux propres. Reconstituer la poétique du monologue baroque, en tenant compte des principes esthétiques qui en régissent la composition et des modalités concrètes de la représentation, conduit à remettre en question le caractère anti-dramatique souvent associé à la forme monologuée : loin d’être nécessairement une pause dans l’action, cette convention énonciative construit le rapport du spectateur à la fiction, dessine la topographie scénique et se donne comme un vecteur essentiel de l’efficacité dramatique. Surtout, le monologue devient alors un point d’ancrage d’une nouvelle dramaturgie de l’intériorité : non pas sur le mode de la révélation ou de l’expression sans médiation d’un « moi », mais sur celui de la dramatisation d’une identité ou de la représentation d’une subjectivité en acte. Au prisme de ce déplacement des termes de l’analyse, l’histoire de la représentation théâtrale rejoint une histoire des représentations et reprend à nouveaux frais la question du sujet moderne.