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Comme l’homme, le livre est un composé de matière et d’esprit : objet matériel, il est une possession, une valeur marchande ; objet spirituel, il est le lieu de la Parole, le dépositaire de la sagesse, le réceptacle du Verbe divin. La vénération entourant le texte biblique, écrit du doigt de Dieu, a donné naissance dans le judaïsme à une métaphysique des lettres hébraïques qui s'épanouit dans la Kabbale : les lettres y sont la racine de toute science et de toute connaissance. Dans leur être même, elles sont la matière de la prophétie. Les piétistes juifs vivant dans les pays rhénans aux XIIe-XIVe siècles parta-geaient cette conception du livre et ils ont essayé de la vivre au quotidien. Comment se conduire envers ces objets de tous les jours, qui participent cependant du domaine divin ? Comment les écrire, les utiliser, les acheter, les vendre ? Que doit-on faire lorsqu’ils sont volés ? Lorsqu’ils s’abîment ? Quel rôle jouent-ils dans la destinée des hommes, les vivants et les morts.
Ce sont leurs réponses à ces questions, et à beaucoup d’autres, que l’on trouvera dans ce tableau tiré du Livre des piétistes. Il est replacé dans le contexte historique et idéologique du mouvement piétiste ashkénaze. Plus encore, on a cherché à recréer le cadre concret des livres eux-mêmes, ceux qui nous sont conservés dans nos bibliothèques et que nous pouvons regarder et étudier.
Articles de C.L. Wilke, M. Zerdoun, C. Sirat, C. Heyman et M. Dukan.