-
Outre une introduction et une conclusion qui situent clairement les enjeux de la problématique et ses aboutissements, La Littérature médiévale, entre mythes et sacré regroupe douze articles de chercheurs français et internationaux spécialistes de la question, réunis lors du colloque 2019 de la SLLMOO organisé à l’université d’Angers par Elisabeth Pinto-Mathieu et Hélène Averseng. Le volume interroge la complexe réception de la mythologie gréco-latine dans un contexte d’hégémonie du sacré chrétien au Moyen Âge, qui pourtant en assure la postérité. Il analyse en détail les aspects mythiques de ce même sacré, en particulier dans ses motifs bibliques, hagiographiques, mais aussi politiques. Le théâtre médiéval est enfin convoqué en tant que témoin scénique de cette tension et lieu de sa possible actualisation. La littérature du Moyen Âge, sous ses multiples formes, apparaît ainsi comme l’espace le plus propice au déploiement de la fonction médiatrice du sacré, par le mythe et le symbole.
-
TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION. Les émotions au Moyen Âge : un objet littéraire
(Michèle Guéret-Laferté, Didier Lechat et Laurence Mathey-Maille)
PREMIÈRE PARTIE
AUX ORIGINES DE L’HISTOIRE DES ÉMOTIONS
Damien Boquet, L’histoire des émotions comme récit
Gioia Paradisi, Remarques sur l’affectivité dans le Breviari d’Amor. L’enseignement d’Augustin, le discours anti-érotique et les émotions dans le récit de la Chute
Beate Langenbruch, La Recherche sur les émotions épiques médiévales : premiers jalons
DEUXIÈME PARTIE
LES ÉMOTIONS À L’ÉPREUVE DES FORMES LITTÉRAIRES
Magaly Del Vecchio, « Grans fut li deuls, li bruis et la rançons ». La tristesse comme objet littéraire dans La Prise de Cordres et de Sebille
Lisa Sancho, La honte est-elle l’émotion d’un genre littéraire en particulier ?
Flore Verdon, Le traitement littéraire des émotions dans les lais, une caractéristique fondamentale du genre ?
Gabrielle Grandcamp, Créer, mettre en scène et susciter l’émotion. La dramaturgie des Miracles de Nostre Dame par personnages (1339-1382)
Camille Carnaille, Entre semblant et émotion
TROISIÈME PARTIE
GRAMMAIRE DE L’ÉMOTION
Guillaume Oriol, Écrire l’inintelligibilité de l’amour : analyse stylistique des métaphores « émotionnelles » chez les troubadours du trobar clus
Anatole Pierre Fuksas, Amor et crieme dans Cligès de Chrétien de Troyes, les épigrammes de Serlon de Wilton et une épître ad Lucilium de Sénèque
Sandrine Legrand, Pleurer la mort du héros : la mort d’Hector dans le Roman de Troie de Benoît de Sainte-Maure
Gérard Gros, La joie d’être guéri. L’expression de l’émotion chez les miraculés de Soissons dans deux Miracles de Nostre Dame de Gautier de Coinci
Claire Donnat-Aracil, « Trop a le cuer vain qui ne te sert par grant deduit ». La joie et la douceur dans l’écriture de Gautier de Coinci
QUATRIÈME PARTIE
SUBJECTIVITÉ DES ÉMOTIONS
Mireille Demaules, Entre plaisir et déplaisir : le récit de rêve et ses émotions dans la littérature médiévale
Anna Loba, « Extreme dolour et liesse ne se pevent celer ». Les émotions au service de la politique et de la morale dans l’oeuvre de Philippe de Mézières
Sébastien Douchet, « Ha Ha lets laffe at this lye ». Émotion de lecture et note marginale dans l’exemplaire BnF Res. Ye 851 des Loups ravissans ou Doctrinal moral (Antoine Vérard, 1505)
Présentation des auteurs
Les actes du premier colloque ici publié en ligne, s’interrogent, à la suite des travaux des historiens, sur la représentation littéraire des émotions au Moyen Âge. Ils tentent de saisir et de restituer la « chair des émotions qui palpite dans la chair des textes » (D. Boquet et P. Nagy, « Une histoire des émotions incarnées », Introduction à La Chair des émotions, Damien Boquet, Laurence Moulinier-Brogi et Piroska Nagy éd., Médiévales, 61, 2011). Il ne s’agit pas de dresser un catalogue ni un inventaire des émotions exprimées dans les textes médiévaux, mais bien plutôt de questionner les modes d’écriture de ces émotions, en gardant à l’esprit que le Moyen Âge introduit une nouvelle orientation dans l’approche des émotions, sous l’influence du christianisme : les passions humaines acquièrent une valeur et un sens nouveaux sous l’éclairage de la Passion du Christ.