Bibliothèque de L'Ecole des Chartes. Tome 169, fascicule 1, 2011

Dans l'histoire des manuscrits médiévaux, du dessin et de la peinture qui s'y inscrivent, des pratiques auxquelles ces décors servent de support, les chartes ornées ont été longtemps écartées, tant par le cloisonnement des disciplines que par la dispersion du corpus. Depuis quelques années, la variété des documents rassemblés s'est accrue, chronologie et géographie se sont précisées, révélant le poids des chancelleries souveraines, les liens et les décalages avec les images du livre, du sceau ou de la monnaie. Sont ici recueillies des études qui mettent enfin en lumière le phénomène depuis l'époque romane jusqu'aux abords des Temps modernes, de l'Angleterre à l'Empire germanique, en passant par la France, l'Espagne, les Balkans. Au coeur de la réflexion commune, les fonctions de ces textes-images demeurent intrigantes. Superflu pour la validité juridique du texte, l'ornement y ajoute une interprétation, ou redouble le message en s'adressant autrement au destinataire. Effet de surprise, allusion visuelle, commémoration ou mise en scène des événements et des personnages: la charte décorée, armoriée, historiée, ne se laisse guère enfermer dans une catégorie. La volonté des commanditaires, l'art et l'invention des scribes-artistes, l'attente des bénéficiaires, l'émerveillement des lecteurs et spectateurs se rencontrent pour faire, de traditions séculaires d'iconographie et d'emblématique, la matière d'une incessante innovation graphique et symbolique.