Extrait de la Bibliothèque de l'Ecole des Chartes
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Sommaire: Jean-Michel LENIAUD, Entre nostalgie et utopie : rétro-, intro- et prospections. - Christian AMALVI, Du bon usage des chefs d'œuvre : la reproduction et l'exploitation populaire et scolaire des classiques de la peinture universelle au XXe siècle. - Laurent AVEZOU, Du retour aux sources à la nostalgie du bon vieux temps : Sully dans les arts de Louis XVI à Louis-Philippe. - Philippe BONNET, Églises du XXe siècle en Bretagne, de la loi de Séparation à Vatican II (1905-1962) . - Anne-Élisabeth BUXTORF, La salle de cinéma à Paris entre les deux guerres : l'utopie à l'épreuve de la modernité. - Anne DION-TENENBAUM, La renaissance de l'émail sous la monarchie de Juillet. - Lucile GRAND, L'architecture asilaire au XIXe siècle, entre utopie et mensonge. - Jean-Michel LENIAUD, Le chalet suisse : nostalgie d'un type primordial ou utopie constructive. - Marion LOIRE, « L'Architecture écrit l'Histoire » : les projets architecturaux des fouriéristes. - Bruno NEVEU (†), Entre archéologie et romanité : Mgr Xavier Barbier de Montault (1830-1901).
Au présent, la création, la réception et l'interprétation des œuvres mêlent le passé et le futur, selon des attitudes qui se vivent en tension et de façon complémentaire. Les neuf études qui composent ce recueil se sont concentrées sur le rapport qu'entretiennent deux types d'attitude, la nostalgie des origines ou le retour à l'idéal primitif d'une part et, de l'autre, l'utopie, voyage au pays de nulle part, vers un futur imaginaire que l'on voudrait transposer en présent. La vie artistique des XIXe et XXe siècles a été marquée par ces deux modèles de contestation de l'actuel que sont la nostalgie et l'utopie, l'un au nom de la souffrance d'avoir quitté un lieu aimé, l'autre au nom de l'espoir en un mieux potentiel. Elle se caractérise par des modèles d'inventions rétro- et prospectives, par des projets ou des refus d'instrumentaliser ces modèles, voire par la conjugaison simultanée de ceux-ci malgré leurs caractéristiques apparemment contradictoires : comme le montre en couverture, en une allégorie quasi fantasmatique, Gustave Umbdenstock, l'un des titulaires de la chaire d'architecture à l'École polytechnique au début du XXe siècle, la locomotive du progrès fonce vers l'avenir mais s'alimente en eau à des réservoirs bâtis comme d'étranges tours néo-romanes.
Il reste encore beaucoup à faire pour comprendre les mécanismes qui lient la nostalgie à l'utopie : le XVIIIe siècle reçoit et amplifie le thème de l'état de nature ; avant que les années 1880 ne le réactivent, le XIXe siècle met au point comme jamais des procédures d'instrumentalisation de l'histoire pour fonder un avenir imaginaire ; la fin du XXe siècle invente la nostalgie patrimoniale, désormais inséparable de l'utopie écologiste de la nature vierge comme au premier jour. De ce va-et-vient entre le passé et le futur, les artistes, grands ou petits, se servent, et créent des chefs-d'œuvre, ou de simples artefacts, pour le présent. Les études ici présentées aideront, on l'espère, à entrouvrir la porte sur ce phénomène mystérieux.
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