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Touchant, à la fois, aux sommets et aux bas-fonds de l’ordre social, le pénal avait connu, pendant une période quasi-séculaire, une stabilité de ses lignes de force qui contrastait avec les recompositions majeures dont on l’avait vu affecté pendant une bonne partie du XIXe siècle. Du coup il avait cessé de constituer un enjeu social majeur et aussi un objet d’investigation privilégié des sciences sociales. Depuis un quart de siècle environ, il est, au contraire, affecté de changements, quantitatifs et qualitatifs, si profonds que son économie subit une altération radicale traduisant une modification profonde de son statut social. Manifestation probable d’une crise structurelle plus large des normativités
et de leur gestion, ce changement requalifie la question pénale comme observatoire significatif du changement social. Mais il exige en même temps un réinvestissement de l’analyse scientifique et un renouvellement de ses catégories. Après avoir dessiné les lignes de force et les faiblesses de l’analyse sociologique du pénal, cet essai parcourt les grandes controverses scientifiques et les principaux débats pratiques: dangerosité, finalités de la peine, évaluation des variations récentes de la politique criminelle. Il s’adresse aux enseignants, étudiants et chercheurs des diverses disciplines concernées par la question pénale, mais aussi aux décideurs, politiques et administratifs, et aux praticiens du processus pénal. Né à Pau en 1939, l’auteur a fait des ©tudes de sociologie, de droit et de science politique à l’Université de Bordeaux. Il y a soutenu son doctorat d’Etat en 1967. Directeur d’une unité de recherche associée au C.N.R.S. - le Centre de recherches sociologiques sur le droit et les istitutions pénales (C.E.S.D.I.P. ex S.E.P.C., Paris) - ancien président du Conseil scientifique criminologique au Conseil de l’Europe, il enseigne à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (Paris) et à l’Université de Paris II. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages et de nombreux articles sur la sociologie des questions pénales.
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Violences, sentiment d’insécurité, prédations, ces préoccupations nourrissent le débat public contemporain : l’État n’est-il pas en train de perdre pied ? N’assiste-t-on pas à un divorce sérieux entre ses prestations et les attentes citoyennes ? Se borner au spectaculaire, à l’actualité immédiate, aux banlieues, aux désordres urbains, à l’économie souterraine, aux bouffées de violence serait pourtant trop sommaire. Le dérèglement de la sécurité constitue un mouvement d’une autre ampleur qui s’étend sur plusieurs décennies. En s’appuyant sur des enquêtes précises et nombreuses, l’ouvrage en reconstruit la chronologie et les interprétations. Il les relie à de profondes mutations de nos modes de vie et des formes de relations sociales. On trouve là l’esquisse d’une sociologie générale de la délinquance. Après avoir examiné dans quelle mesure l’assurance et le marché de la sécurité peuvent pallier les défaillances de la puissance publique, Philippe Robert évalue minutieusement les politiques publiques de sécurité, en soulignant les obstacles et les blocages qu’elles rencontrent.
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