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La littérature contemporaine évolue pour une part non négligeable en raison de la prise de conscience écologique, qui implique de repenser les contenus et les formes. Ce volume collectif étudie l’impact de cette nouvelle sensibilité sur l’imagination littéraire, en questionnant les nouveaux liens que celle-ci instaure, dans nos représentations individuelles et collectives, avec la nature et l’environnement. Dans une perspective écopoétique, l’attention porte prioritairement sur les moyens formels mis en œuvre pour faire le récit des problématiques écologiques. Si les contributions réunies ici se concentrent sur la littérature écrite en français, elles convient aussi d’autres domaines linguistiques et culturels, dans l’esprit d’ouverture que demande la problématique écologique. Plusieurs axes se dégagent, qui donnent lieu à des développements regroupés dans cinq sections : ‹Environnements littéraires›, ‹Présence du non-humain›, ‹Imaginaire de l’oikos›, ‹Bouleversements environnementaux› et ‹Engagements›. L’ensemble est complété par un inédit de Gisèle Bienne, écrivaine centrale dans le champ, qui interroge la problématique à travers le souvenir d’un lieu : la ferme familiale.
Pierre Schoentjes, Riccardo Barontini et Sara Buekens sont spécialistes de la littérature des XXe et XXIe siècles ; ils se concentrent actuellement sur des questions d’écopoétique en littérature française et francophone. Leurs recherches dans ce domaine cadrent dans les activités de l’équipe Literature.green.
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En juin 1972 Le Monde consacre un dossier spécial à « Littérature et pollution ». L’occasion est fournie par la Conférence de Stockholm, qui établit les bases de la gouvernance mondiale de l’environnement. Quelques mois plus tard paraît en France le premier numéro de La Gueule ouverte. Mensuel écologique, à travers lequel Pierre Fournier, dessinateur libertaire et antinucléaire venu d’Hara Kiri, tente de sensibiliser ses amis gauchistes à l’écologie. C’est au même moment que Pierre Gascar publie Le Présage, un recueil de récits intégralement consacré aux lichens. Gascar, qui dans la décennie qui entoure 1972 fait paraître ses livres majeurs, choisit de voir dans la disparition de ces organismes extrêmement sensibles à la pollution le signe de la détérioration de l’environnement. Avec ce livre, il place l’écologie naissante au cœur de la littérature la plus exigeante.
Ironiquement, c’est au moment où Gascar fait résonner ce que nous considérons aujourd’hui comme un enjeu de société majeur, qu’il va progressivement tomber dans l’oubli. L’estime de Kenzaburo Ôé, des dizaines de livres publiés chez Gallimard, un Prix Goncourt remporté en 1953 et le Grand Prix de l’Académie obtenu en 1969 n’y changeront rien, pas plus qu’un engagement social généreux qui date du Front Populaire. Gascar s’est effacé de nos mémoires, balayé par l’esthétique des Nouveaux Romanciers avec lesquels il entretenait pourtant un dialogue fertile. Ignoré par un monde littéraire longtemps indifférent à l’écologie.
Cinquante ans après l’année qui constitue le moment pivot marquant la prise de conscience environnementale, il est temps de lire enfin Gascar. Son imaginaire, qui doit autant à une sensibilité pour la nature remontant à une enfance campagnarde qu’à une révolte face à la manière dont l’homme maltraite l’environnement, résonne aujourd’hui avec d’autant plus de force qu’elle est portée par une écriture des sens particulièrement apte à faire voir le monde dans sa matérialité.
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I. Préface: «J'ai tué». La fiction de la violence guerrière au XXe siècle, Déborah Lévy-Bertherat et Pierre Schoentjes
II. Enjeux éthiques et esthétiques: «J'ai tué». Enjeux de philosophie morale, Monique Canto-Sperber; Guerre juste et littérature: «la façon dont un soldat en tue un autre», Pierre Schoentjes
III. La Grande Guerre: «les hommes bons ne tuent pas». Violence guerrière, éthique et idéologie, Déborah Lévy-Bertherat; L'arme blanche. Les Coloniaux d'Aziz Chouaki: une lecture postcoloniale de la Grande Guerre? Corinne François-Denève
IV. La Seconde Guerre mondiale: Le tueur Delarue. La mise à mort des soldats allemands dans La mort dans l'âme de Jean-Paul Sartre, Yan Hamel; «But war means death». La mise à mort de l'ennemi dans un cinéma sous contraintes: le film de combat américain de la Seconde Guerre mondiale (1942-1945), Alain Kleinberger; «La Guerre, un pays de fées perverti». Violence militaire et personnelle dans Les Bienveillantes de Jonathan Littel, Vicky Colin
V. Guerres de décolonisation: Algérie, Vietnam: L'acte de tuer l'ennemi dans quelques films américains sur la guerre du Vietnam (1960-2000), Laurent Véray; Raconter des histoires de «là-bas». La narration littéraire de la violence directe dans la guerre d'Algérie, Philip Dine; La guerre d'Algérie, ou la violence en miroir, Catherine Milkovitch-Rioux
VI. Rwanda: Le génocidaire parle. Mise en texte et mise en scène chez Hatzfeld et Gatore, Anneleen Spiessens; L'inscription du bourreau dans les récits de témoignage, Jean-Pierre Karegeye; Poétiser l'enfant tueur. Questions sur le passé devant soi de G. Gatore, Catherine Coquio
VII. Rencontre: Guerre et fiction: représenter la violence personnelle. Une rencontre avec François Bernard, Patrick Chauvel, Gilbert Gatore et Laurent Mauvignier, animée par Pierre Schoentjes
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A près de cent ans de distance, la littérature mais aussi le cinéma recommencent à interroger cet événement majeur du XXe siècle : on assisté ces derniers temps à une véritable (ré)appropriation de cette période, en particulier par des écrivains nés après 1945 et qui n'ont donc connu aucune guerre.
Malgré l'actualité incontestable de la problématique, la littérature s'inspirant de 14-18 restait à ce jour peu étudiée, même si les historiens ont interrogé les textes sur leur fidélité à l'histoire et sur les choix idéologiques. Des questions plus spécifiquement littéraires méritent toutefois également l'attention : l'intertextualité, les rapprochements avec les littératures étrangères, les liens avec d'autres formes artistiques, les rapports entre narration et description, les modes de représentation, la question du "réalisme" se dégagent ainsi comme axes de recherches importants, parmi d'autres.
Les études que nous publions ici font suite au colloque international co-organisé par l'Université de Gand et le musée In Flanders Fields, et qui s'est déroulé à Ypres et à la Villa Marguerite Yourcenar du 13 au 15 mars 2008. Qu'elles soient signées par des littéraires ou par des historiens, les analyses placent toutes les textes des ouvres au centre de leur interrogation.
Les contributions ont été regroupées à l'intérieur de cinq catégories, d'après l'accent central de chacune d'entre elles : écrire et témoigner, Romans de l'entre-deux-guerres, Regards croisés, Ecritures contemporaines, Littérature et images. L'ensemble est complété par la transcription des échanges qui ont réuni Gisèle Bienne, Didier Daeninckx, Roger Grenier, Xavier Hanotte, Jean Rouaud, Raoul Servais et Jean-Marc Turine.
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