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La littérature contemporaine évolue pour une part non négligeable en raison de la prise de conscience écologique, qui implique de repenser les contenus et les formes. Ce volume collectif étudie l’impact de cette nouvelle sensibilité sur l’imagination littéraire, en questionnant les nouveaux liens que celle-ci instaure, dans nos représentations individuelles et collectives, avec la nature et l’environnement. Dans une perspective écopoétique, l’attention porte prioritairement sur les moyens formels mis en œuvre pour faire le récit des problématiques écologiques. Si les contributions réunies ici se concentrent sur la littérature écrite en français, elles convient aussi d’autres domaines linguistiques et culturels, dans l’esprit d’ouverture que demande la problématique écologique. Plusieurs axes se dégagent, qui donnent lieu à des développements regroupés dans cinq sections : ‹Environnements littéraires›, ‹Présence du non-humain›, ‹Imaginaire de l’oikos›, ‹Bouleversements environnementaux› et ‹Engagements›. L’ensemble est complété par un inédit de Gisèle Bienne, écrivaine centrale dans le champ, qui interroge la problématique à travers le souvenir d’un lieu : la ferme familiale.
Pierre Schoentjes, Riccardo Barontini et Sara Buekens sont spécialistes de la littérature des XXe et XXIe siècles ; ils se concentrent actuellement sur des questions d’écopoétique en littérature française et francophone. Leurs recherches dans ce domaine cadrent dans les activités de l’équipe Literature.green.
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L’écologie est aujourd’hui un sujet incontournable, aussi bien dans les conversations privées que dans la parole publique, que celle-ci s’exprime dans les débats politiques ou dans les médias. L’urgence de la problématique et la virulence des échanges peuvent toutefois nous faire oublier que ce débat ne date pas d’hier. Les préoccupations environnementales se sont déjà exprimées dès la seconde moitié du XXe siècle, y compris dans des écrits littéraires. Ainsi, entre 1950 et 1980, Romain Gary, Pierre Gascar, Julien Gracq, Jean-Marie Gustave Le Clézio et Jean-Loup Trassard ont exprimé leur attachement au monde naturel. Ils ont en outre été parmi les premiers à aborder des problèmes environnementaux comme la pollution de l’eau et de l’air, la disparition d’espèces animales et végétales, la destruction des paysages naturels et la menace nucléaire.
L’écopoétique permet d’aborder sous un angle nouveau des œuvres qui témoignent d’une conscience écologique émergente. L’approche, qui accorde une place de choix aux questions d’écriture, permettra de montrer que la prise de conscience toujours grandissante pour l’environnement conduit à des choix très spécifiques quant au genre littéraire, aux figures rhétoriques ou au style, et qu’elle suscite des réflexions métalittéraires sur le rôle du langage et de l’imagination.
Sara Buekens est docteur en littérature française et chercheuse postdoctorale à l’Université de Gand (Belgique). Ses recherches portent sur la représentation de la nature et des problèmes écologiques dans la littérature française et francophone des XXe et XXIe siècles.