Renaissance
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Si la recherche sur Luther a consacré plusieurs études d’ampleur à la question des héritages médiévaux du Réformateur, il n’en va pas de même pour la recherche sur Philippe Melanchthon. Pourtant, les Loci communes fourmillent, dès la première édition publiée en 1521, de références variées aux « docteurs scolastiques », avec des focalisations parfois différentes de celles de Luther à la même date. L’idée que Melanchthon se fait de la théologie médiévale est-elle pour autant originale ? L’apparente radicalité de son rejet de la « scolastique », dans les écrits des années 1520, ne dissimule-t-elle pas, en réalité, d’importantes influences souterraines ? Et quelles sont les sources médiévales privilégiées de l’humaniste ? Cette étude tente de répondre à ces questions en interrogeant, en particulier à partir du concept d’imputation, les liens de Melanchthon avec la tradition scotiste et occamiste, autour des doctrines de la justification et du péché originel, de 1520 à 1535 environ.
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Claude Nourry, dit le Prince, est l’une des figures célèbres du livre de la Renaissance. N’est-il pas l’éditeur de cette déflagration littéraire qu’est le Pantagruel de Rabelais ? Et pourtant, la connaissance de l’œuvre de cet imprimeur-libraire n’est pas à la mesure de sa renommée. En partant de ce constat, les contributions ici réunies se sont donné pour tâche d’éclairer cette figure lyonnaise à la fois si bien et si mal connue, grâce à des recherches convergentes, portant sur son parcours, son catalogue, son matériel typographique, ses réseaux. Il en ressort un portrait aux contours plus nets, qui révèle le rôle crucial de l’atelier Nourry dans l’édition de la première moitié du XVIe siècle, ainsi qu’une connaissance plus approfondie de ses pratiques, alimentée entre autres par de nombreuses découvertes, tant sur des textes précis que sur sa production générale, avec plus de quarante nouvelles éditions que les contributeurs ont pu lui restituer.
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Focusing on a little studied miscellany by Claude Fauchet (1530-1602), this book reveals the role of the medieval in crafting an image of French modernity during the Renaissance. Designed to confront the Pléiade with the rich legacy of medieval French, the Veilles argued that an illustrious vernacular had to be rooted in native traditions, richer by far than generally credited. From meter in the twelfth-century Roman d’Alexandre to the emendation of Philippe de Commynes’s Mémoires, and from dueling etiquette to the tomb of Jean de Meun, Fauchet’s observations even reach into his present moment, with essays on Lemaire de Belges, Marot, and Ronsard. Here is an echo of a very different French Renaissance, in which the Burghers of Calais are more important than Francion, and a knowledge of Old French more desirable than classical erudition. Furthermore, as a response to rupture and loss, the Veilles are perhaps the earliest snapshot of a primary stage in the reception of medieval French literature.
Abordant un recueil peu étudié de Claude Fauchet (1530-1602), ce livre révèle le rôle du médiéval dans la construction d’une image de la modernité française à la Renaissance. Conçues pour confronter la Pléiade au riche héritage de la France médiévale, les Veilles soutenaient qu’une illustre langue vernaculaire devait être enracinée dans les traditions autochtones, bien plus riches qu’on ne le pense généralement. De la métrique du Roman d’Alexandre à l’émendation des Mémoires de Philippe de Commynes, et des règles du duel à la tombe de Jean de Meun, les observations de Fauchet portent aussi sur son époque, avec des essais sur Lemaire de Belges, Marot et Ronsard. Émerge alors l’écho d’une Renaissance française très différente, dans laquelle les bourgeois de Calais sont plus importants que Francion, et la connaissance de l’ancien français plus souhaitable que l’érudition classique. Comme une réponse à la rupture et à la perte, les Veilles sont peut-être le tout premier instantané d’une étape fondamentale dans la réception de la littérature française médiévale.
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Dans l’œuvre aussi diverse que déconcertante de Guillaume Postel, infatigable savant, penseur illuminé dont les historiens des religions, des langues, des voyages et même du genre se servent pour mesurer toutes les audaces de la Renaissance, le Livre de la concorde entre le Coran et les Évangélistes est l’une des pièces les plus curieuses.
Le parallèle en vingt-huit axiomes qu’il dresse entre l’islam et le protestantisme, afin d’avertir les chrétiens des calamités qui les menacent, forme un précieux document sur la controverse confessionnelle vers le milieu du XVIe siècle. Il nous renseigne sur ce qu'on sait de la religion musulmane alors que l’humanisme français est dans la fleur de l’âge. Il nous frappe par une certaine qualité d’indignation et nous touche par les maladresses même de son opportunisme.
Souvent à contre-temps, quoique entièrement conçu pour être de son temps, le livre de Postel s’élève sur le fond d’une pensée qui, elle, est en avance d’un temps et qui n’arrive pas à le dissimuler.
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Derrière l’imagerie populaire de l’alchimiste assis au secret de son fourneau, il y eut jadis des êtres de chair. Qui étaient ces hommes? Comment vivaient-ils? Quelle place tinrent-ils dans la société et dans le monde intellectuel d’alors? Cette étude de la réception de l’alchimie et des doctrines de Paracelse en France s’attache à la production du livre alchimique et paracelsien et à l’histoire des nombreuses querelles que ce dernier provoque. On établit chemin faisant la biographie de plusieurs alchimistes, tel Joseph Du Chesne ou Etienne de Clave, et l’on ruine la légende selon laquelle Descartes, de retour d’Allemagne, aurait été suspecté de rosicrucianisme. L’ouvrage s’achève sur la grande crise des années 1620, où une alchimie inclinant tantôt au matérialisme, tantôt au panthéisme, est englobée par les apologètes chrétiens dans leur condamnation du mouvement libertin.
Alchimie et paracelsisme est le premier d’une série de trois volumes, où seront succssivement étudiés les cercles alchimiques français et le mécénat princier qui les favorisa, ainsi que les rapports entre science, religion et littérature dans la France alchimique de la fin de la Renaissance.
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TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION, par Yasmine ATLAS, Adrien MANGILI et
Dorine ROUILLER
PREMIÈRE PARTIE
CONTRAINTES ET MISES EN ORDRE
Isabelle PANTIN, Les catalogues de livres et la question des
frontières disciplinaires au début de l'époque moderne
Raphaël SANDOZ, Comment retracer la mutation des frontières
disciplinaires ? Éléments d'une cartographie historique
des savoirs
Anne-Marie CHENY, Collecter, classer, nommer. Nicolas-
Claude Fabri de Peiresc (1580-1637) et la naissance des
études byzantines
Violaine GIACOMOTTO-CHARRA, Le vulgarisateur à
l'oeuvre, ou l'encyclopédie bien ordonnée. L'exemple de
Scipion Dupleix
DEUXIÈME PARTIE
AFFIRMATIONS
Oury GOLDMAN, Les savoirs géographiques dans les Bibliotheque
française de Du Verdier et de La Croix Du Maine.
Recenser, vulgariser et intégrer un domaine savant en
Construction
Grégoire HOLTZ, Affirmer le point de vue du voyageur. La
contribution des traités sur la perspective
Antoine GALLAY, Un nouveau regard sur la nature ? La
professionnalisation des dessinateurs de l'Académie
royale des sciences et la transformation des modes de
représentation en histoire naturelle à la fin du
XVIIe siècle
Philippe GLARDON, Déclinaisons et évolution de l'instance
auctoriale dans les traités d'histoire naturelle au
XVIe siècle. Pistes de réflexion
TROISIÈME PARTIE
RÉSISTANCES ET NÉGOCIATIONS
Myriam MARRACHE-GOURAUD, Pour une éthique de la
curiosité. Le savoir aux lisières de l'émerveillement dans
le Cabinet de la Bibliothèque Sainte-Geneviève
Adrien MANGILI, « Non plus ultra » ? La magie naturelle
comme frontière mouvante des savoirs
Dorine ROUILLER, Franchissement géographique et passages
épistémiques. La zone torride en question à la
Renaissance
Nicolas CORREARD, Astro-satiro-logie. Pronostications
parodiques, polémiques savantes, redéfinitions épistémologiques
QUATRIÈME PARTIE
HYBRIDATIONS
Jean-Marc BESSE, Entre le paysage et l'atlas. Les enjeux de
l'iconographie urbaine dans le voyage en Italie de Joris
Hoefnagel et Abraham Ortelius
Fabrice FLÜCKIGER, Le Monde de la Vierge. L'Atlas Marianus
de Wilhelm Gumppenberg à la frontière entre culte
des images et démonstration savante
Thibaut MAUS DE ROLLEY, Des foires aux salons. La littérature
technique sur le batelage aux XVIe et XVIIe siècles
Jörg DÜNNE, Quasi-sujets sur la route des Indes. Savoir
nautique et protagonisme du navire dans deux « memórias
das armadas » portugaises
RÉSUMÉS DES CHAPITRES
INDEX NOMINUM
Pour qui s’intéresse à la constitution des savoirs, la production intellectuelle de la première modernité représente un terrain d’investigation stimulant, tant elle résiste à une réduction stricte aux catégories scientifiques actuelles. Or, constater la perméabilité des domaines du savoir comme les affinités des savants avec ce qui semble aujourd’hui relever de la croyance, sinon de la superstition, ne revient pas à affirmer l’absence de toute délimitation ni de toute logique. Entre l’abandon progressif des pratiques culturelles propres à l’encyclopédisme humaniste et les configurations nouvelles qu’institutionnalisent les sociétés savantes dans le second XVIIe siècle, le partage des savoirs fait l’objet d’incessantes négociations. Ce volume explore les dynamiques à l’œuvre dans les lieux, livresques comme institutionnels, où se font et se défont les frontières épistémiques. Choix éditoriaux, rhétorique des textes ou des images, inventaires de bibliothèque et catalogues de libraire renouvelleront ici notre regard sur les facteurs qui ont pu, dans leur diversité de nature et d’échelle, intervenir dans la (re)configuration des catégories du savoir.
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