Littérature
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION
I L’allégorie, « ce genre si spirituel » : Les modèles rhétorique et théologique ; rhétorique et théologie du secret de la fable à l’art des emblèmes ; la « crise romantique » ; l’allégorie et son lexique ; allégorie, subjectivité et mémoire.
II Présence de l’allégorie dans l’oeuvre poétique et critique de Baudelaire : Critique littéraire ; critique picturale et musicale ; Pauvre Belgique ! et les Journaux intimes ; les Paradis artificiels.
III Pour une typologie de l’allégorie dans Les Fleurs du Mal et Le Spleen de Paris. La « rhétorique profonde » ; la majuscule allégorisante ; symbole/ allégorie : une incertitude lexicale ; essai de répartition : les emblèmes ; allégories narratives/allégories figuratives ; intériorisation et détachement un paradigme dans les Fleurs du Mal ; statut de l’allégorie dans Le Spleen de Paris ; « la folle du logis rhétorique ».
IV La « convergence allégorique ». L’allégorie selon Walter Benjamin ; gains d’une approche historique; perspective générale.
Première partie : BAUDELAIRE ET LA TRADITION CHRÉTIENNE DE L’ALLÉGORIE
CHAPITRE PREMIER
LE DIALOGUE AVEC CHATEAUBRIAND
I — UN DIALOGUE INSISTANT
Un aristocrate du tombeau
Lécole de la mélancolie
Une esthétique du « sublime »
Une admiration ambiguë
II — LES SITES DE L’INQUIETUDE
L’inquiétude, le remords, le vide
La « distensio animi »
La Douleur fécondante
III — UN RELAIS DE L’AUGUSTINISME : SAINTE-BEUVE
Sainte-Beuve, exégète de Chateaubriand
L’ascète et le libertin : un « même fruit amer »
Les disciples infidèles d’Augustin
Le Poème-Épître à Sainte-Beuve
IV — LE THEATRE DE L’EROS
Les Natchez ou « l’épopée de l’inceste »
Néo-classicisme et nostalgie de l’origine
D’un satanisme à l’autre
De la Sylphide à la soeur-enfant
CHAPITRE II
DE LA POÉTIQUE DU SECRET A L’ANAMORPHOSE BAUDELAIRIENNE
I — UNE POETIQUE DE L’ANALOGIE
La pensée traditionnelle des « Correspondances »
Chateaubriand et la thématique du voile
Allégorie physique, allégorie morale
II — L’ALLEGORIE ET SES LIEUX
La notion du « Beau »
La vision de la Mort
Le rapport intersubjectif
CHAPITRE III
LA TRADITION DES PRÉDICATEURS
I — LE DOCERE CHRETIEN
De la théologie à l’anthropologie
L’éloquence « quintessenciée « de Bourdaloue : une ardente dialectique
Une franche littéralité
Le tempo de l’irrémédiable
II — PORTRAIT DU POETE EN ANATOMISTE
III — TROIS PARABOLES ALLEGORIQUES
Laquelle est la vraie ?
Le Tir et le Cimetière ou la prédication d’outre-tombe
Une parabole sur le mal : Le Joueur généreux
IV — DE L’ESSENCE DU RIRE
CHAPITRE IV
PROVIDENTIALITÉ ET ALLÉGORIE : BOSSUET, JOSEPH DE MAISTRE,GIUSEPPE FERRARI
I — BOSSUET OU LE TABLEAU EN ANAMORPHOSE DE L’HISTOIRE
Baudelaire et le Discours sur l’Histoire Universelle
Une hypothèse sur Baudelaire et la tradition origénienne
II — VIOLENCE ET ALLEGORIE :
BAUDELAIRE LECTEUR DE JOSEPH DE MAISTRE
Une logique du négatif
« Le Gâteau » : Maistre contre Rousseau ?
Les hiéroglyphes de la Providence
III — FERRARI, OU L’HISTOIRE COMME ALLEGORIE DU DESTIN
« Un autre livre dans chaque livre »
« L’harmonie éternelle dans la lutte éternelle »
L’allégorisme du dandy
Deuxième partie :
LES AVENTURES DE PSYCHÉ :HÉRITAGE ET AVATARS BAUDELAIRIENS DE L’IDÉALISME
CHAPITRE V
LES TRADITIONS DE L’ALLÉGORIE : de Winckelmann à Théodore Jouffroy
I — DE WINCKELMANN A GOETHE
Winckelmann, l’anti-baroque
Winckelmann et la dignité de l’allégorie
La dévalorisation goethéenne de l’allégorie
L’allégorie chez Jean Paul
II — LE LANGAGE SYMBOLIQUE
Le symbolisme naturaliste de Creuzer
Le « style symbolique » selon Pierre Leroux
III — LA TRADITION MYSTIQUE : ALLEGORIE ET GNOSE
La gnose swedenborgienne
Lavater ou l’individu comme « harmonie »
La mystique fouriériste
IV — LE ≪ SPIRITUALISME ESTHETHIQUE ≫ DE COUSIN A JOUFFROY
CHAPITRE VI
PAGANISME ET MODERNITÉ : LE STATUT DU MODÈLE ANTIQUE
Le mythe d’un Age d’or
Le péché de l’anachronisme : ironisation et modèle antique
Les derniers témoins de l’antique
Banville, le néo-païen
Le modèle antique et l’ordre de l’éros
Modèle antique et subjectivité moderne
« Un effrayant rappel à l’ordre »
Mythe et allégorie
CHAPITRE VII
PSYCHÉ ET LE SERPENT POÉTIQUES COMPARÉES DE BAUDELAIRE ET DE GAUTIER
I — LE ≪ CONTEMPORAIN CAPITAL ≫
L’art analogique de Gautier
Un « maître » secrètement contesté
II — LA COMEDIE DE LA MORT
Le monument et le caveau
Ténèbres ou les concetti de la mort
III — LA ≪ MODERNITE ≫ : DE GAUTIER A BAUDELAIRE
De « Paris futur » aux « Tableaux parisiens »
Le barbare et le dandy
IV — UT PICTURA POESIS
Entre le modelé et la couleur : Ingres et Delacroix
La sculpture, art de l’Idée ?
Baudelaire, poète-peintre : l’exemple de La Belle Dorothée
« Contemplation, c’est possession
CHAPITRE VIII
PSYCHÉ ET LE SERPENT TYPE ET ALLÉGORIE DE GAUTIER À BAUDELAIRE
I. NOSTALGIE DE LA RHETORIQUE, NOSTALGIE DU TYPE 7
Rhétorique et économie spirituelle
La poétique des Funambules : Pierrot
Deux chevaliers de l’idéal : Don Quichotte et Don Juan
Les affranchis de la matière : l’acteur, la danseuse, le clown
II — GAUTIER, BAUDELAIRE,POETES ALLEGORISTES
Un même penchant pour l’allégorie
L’allégorie de la Chimère
Variétés du duel : « Choc de cavaliers »/« Duellum »
Tropologie et ontologie romantiques
Ironie et exég¨se
Les tribulations de Psyché
La cité et la nuit : destins d’aveugles
Troisième partie :
LA « RHÉTORIQUE PROFONDE » DES PASSIONS
CHAPITRE IX
PARIS COMME DÉCOR ALLÉGORIQUE
Paris comme théâtre de la temporalité
Le paysage parisien ou l’anti-élégie
De la rue au panorama
Le sublime parisien : de Balzac à Baudelaire
Dépersonnalisation et compassion
CHAPITRE X
HOMO SIVE PECUS
LES ENJEUX POÉTIQUES DU « BESTIAIRE » BAUDELAIRIEN
I — BAUDELAIRE ET LA TRADITION DES BESTIAIRES
Saint Augustin et les animaux, « hiéroglyphes » de Dieu
Du théologique au profane : l’Age baroque
Le « bestiaire » baudelairien : questions et méthode
II — EROS ET SES BETES
Le « bétail pensif » de Lesbos
Homo sive canis : entre violence et fi délité
III — UNE ORNITHOLOGIE DE L’EXIL
Cygne et Albatros : mythe et emblème
L’Esprit des bêtes de Toussenel : analogie et péché originel
IV — MENAGERIES INTIMES : GAUTIER, LEROY, BOREL
Théophile Gautier et l’idiome des bêtes
Les « Lettres sur les animaux » de Charles-Georges Leroy
La lycanthropie borélienne
CHAPITRE XI
HOMO SIVE PECUS
I —LE BESTIAIRE DU THEOLOGIEN
La pièce liminaire « Au lecteur »
Le « monstrueux » baudelairien
Bestiaire métaphorique, bestiaire réel : l’exemple d’« Un voyage à Cythère »
Le serpent : entre théologie et esthétique
II — DE LA FABLE A LA PHYSIOGNOMONIE
La « fable » et la tradition scolaire
« Un plaisant » ou l’âne baudelairien
De la « fable » à la physiognomonie mystique
III — MYTHE ET MODERNITE
Poésie et prose du chat
Le corps des bêtes et le Temps
L’art et le rat
L’hybridité belge
CHAPITRE XII
PASSION ET COMPASSION
I — LA PASSION OU L’ORDRE DE L’IMPOSSIBLE
Beau Idéal/Beau historique : de Stendhal à Baudelaire
Les apories de la passion
Un poème emblématique : « L’Amour et le Crâne »
II — LA PASSION OU L’ORDRE DU MAL
Des femmes et des filles
« L’aveuglement salutaire »
III — LA PASSION CREATRICE
IV — LE CHANT PROFOND DE LA COMPASSION
CONCLUSION
I Un changement de rhétorique
II L’« amer savoir » de l’allégorie
III Baudelaire entre symbole et allégorie
BIBLIOGRAPHIE
INDEX DES POÈMES ET OEUVRES CITÉS
INDEX NOMINUM
Ce livre approfondit le lien qu’établit Baudelaire entre l’allégorie, « ce genre si spirituel », et l’essence même de sa poésie. Dire de Baudelaire qu’il est le poète de la « modernité » revient trop souvent à le rapprocher de nous ; il convenait de rendre justice à la complexité des filiations poétiques et philosophiques qui relient ce poète à l’immense tradition allégorique qui le précède. Cet ouvrage de synthèse propose trois face-à-face. Premièrement, avec la tradtion rhétorique et théologique, qui, par des cheminements présumés mais plausibles, aboutit à Baudelaire. En second lieu, avec des œuvres que le poète a explicitement fréquentées : Chateaubriand, les prédicateurs du XVIIe siècle, Joseph de Maistre. Enfin, avec les pensées et les poétiques de contemporains, auxquels le lie un intérêt aussi passionné qu’ambivalent : Théodore de Banville, Pétrus Borel, Théophile Gautier, pour ne nommer qu’eux. Etudiant le passage, au sein du romantisme, d’une rhétorique persuasive à une « rhétorique profonde », l’analyse propose, en alternance, des chapitres historiques et des commentaires sur certains aspects propres à la poésie de Baudelaire. Ce livre, devenu classique, était épuisé. Ce volume est augmenté, en préface, de pages inédites d'Yves Bonnefoy.