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Fondée en 1886 avec la volonté de laïciser l’enseignement du fait religieux, la Ve section de l’École pratique des hautes études s’est rapidement dotée d’instruments semblables à ceux de sa sœur aînée, la IVe section, qui devaient lui permettre d’affirmer son identité, de marquer son indépendance et de renforcer sa cohésion : président, assemblées, annuaires, nécrologies. Memorabilia II recueille les notices nécrologiques de ses savants pratiquement depuis les origines (le premier directeur d’études honoré est le théologien Auguste Sabatier, mort en 1901) jusqu’à l’année 2018. En quatre-vingt-onze portraits (dont deux sont ceux de hauts fonctionnaires amis de l’EPHE, Louis Liard et Charles Bayet), toute l’histoire des « sciences religieuses » à la française défile avec ses ramifications dans des domaines proches tels que la sociologie et l’anthropologie. De nombreux savants présentés dans ce livre ont marqué leur époque, voire leur siècle : Sylvain Lévi, Marcel Granet, Alfred Loisy, Marcel Mauss, Lucien Febvre, Louis Massignon, Alexandre Koyré, Gabriel Le Bras, Henry Corbin, Étienne Gilson, Georges Dumézil, Claude Lévi-Strauss (présent ici en tant qu’auteur), Pierre Hadot, etc. De l’Inde à la Chine et de la Sibérie à l’Afrique, c’est le monde entier qui est représenté. Les deux volumes de Memorabilia composent ainsi un panorama sans équivalent des sciences historiques, philologiques, linguistiques et maintenant religieuses.
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De même que d’autres institutions telles que le Collège de France ou les différentes académies qui forment l’Institut, l’École pratique des hautes études a beaucoup pratiqué le genre de la notice nécrologique.
Celle-ci reprend et amplifie parfois le texte des éloges funéraires prononcés le plus souvent en assemblée de section mais aussi, autrefois, lors des obsèques ou même pour l’inauguration d’un monument. Ces discours laudatifs étaient et sont encore généralement prononcés par le successeur du défunt. Ce livre rassemble tous ceux qui concernent les enseignants de la section des Sciences historiques et philologiques. La présence d’annotations et d’index en font un véritable instrument de travail. Depuis l’éloge de Léon Renier († 1885), pre-mier président de la IVe section, jusqu’à 2019, on compte environ 150 notices parmi lesquelles celles de Gaston Paris, Gabriel Monod, Ferdinand de Saussure, Michel Bréal, Gaston Maspero, monseigneur Duchesne, François Simiand, Sylvain Lévi, Antoine Meillet, Ferdinand Lot, Louis Renou, Émile Benveniste, André Chastel, Louis Robert, Bernard Frank, Mirko Grmek, Bruno Neveu, Maxime Rodinson, Claude Nicolet ou encore Bernard Guenée, pour n’en citer que quelques noms célèbres. En parcourant ces textes parfois très longs, le lecteur embrassera pas moins d’un siècle et demi de recherche au plus haut niveau dans un grand nombre de domaines qui, de la linguistique à la sino-logie en passant par l’épigraphie, la diplomatique ou encore la papyrologie, relèvent toujours de l’histoire et de la philologie.
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