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TABLE DES MATIÈRES
Remerciements
Avant-propos
Et je ne portai plus d’autre habit
Le vêtement signe
Texte, texture
La vie, la mort, naissance et résurrection
La République de Platon : Er l’Arménien
Le livre X de la République
Postel, Winslow, Grotius
L’Arménien au fil des lectures
Lectures d’enfance
Autres lectures
Le bonnet d’Arménien: Rousseau libre, mage et divin
L’affranchi
Le magicien
Polyeucte
Le dieu Lunus
« Plus d’à moitié femme », le dieu androgyne et le tissage social
Le commerçant et le religieux : la « xéniteia » de Rousseau
Errant, étranger et étrange
Le moine errant oriental
Le commerçant
Commerce et religion
Remonter au Déluge
Poussin et le Déluge
Vies parallèles
Rousseau spectateur du Déluge
Henri Meister
François Favre et Bernardin de Saint Pierre : la figure maternelle
Madame d’Epinay
Temps et lieux : Rousseau dans le paysage arméno-suisse
Déluge et mélancolie : de l’urine et des larmes
De Chardin à la Lycanthropie
Transmutation et dédoublement : Er l’Arménien, encore
La peinture de Ramsay, le cyclope et le bonnet de Rabelais
Caractère musical : l’Arménien de Venise ou le moi neutre
Hospitalité en guise de conclusion
Liste des illustrations – crédits photographiques
Index
Rousseau décida un jour de s’habiller en Arménien. Il déclara : « Et je ne portai plus d’autre habit ». Il était nécessaire d’examiner ce choix vestimentaire décisif à la lumière de l’œuvre, incluant l’expérience vécue et les lectures du philosophe, pour montrer que loin de ressortir au caprice ou à l’utilitaire, loin d’être anecdotique, l’habit arménien s’accorde avec l’univers de pensée de Rousseau. C’est l’habit qu’il habite.
Les différentes dimensions symboliques de l’habit arménien examinées ici confèrent à ce choix vestimentaire une valeur de signe, éclairant les questions philosophiques et politiques cruciales aux yeux de Rousseau : l’immortalité de l’âme, le commerce entre les hommes. Lhabit arménien recouvre le moi physique, imaginaire, musical et spirituel du citoyen de Genève, il lui procure l’aura du mage, l’animalise et le divinise tout à la fois. Seul l’habit arménien aura montré Rousseau dans toute la vérité de snature et l’aura désigné comme ce qu’il est : « autre ».
Mots-clés : vêtement, arménien, bonnet, lycanthropie, déluge, immortalité de l’âme, commerçant, moine, résurrection, représentation.
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L’art peut-il se soustraire à la question de la tyrannie ? La servitude volontaire résulte d’effets d’hypnose, elle procède d'un assoupissement de la vigilance du spectateur, entretenu par la croyance en l’image. Il incombe dès lors au philosophe d’en démonter le piège, de départir le plaisir de la représentation du leurre qu’elle produit. En posant le regard sur l’œuvre de Gustave Courbet, Pierre-Joseph Proudhon, l’anti-tyran, investit cette problématique, qui, d’emblée, est nécessairement celle du rapport au réel. Qu’est-ce qu’une ligne ? Peinture et écriture révèlent, dans leur entrelacement, dans la relation spéculaire de leur tracé, que l’enjeu de l’acte créateur est la liberté, question de vie et de mort. En ce sens, s’il a une destination sociale, l’art ressortit au politique et à la médecine. Ainsi semble-t-il indispensable de repérer l’imaginaire médical et de le définir en tant que moteur de la pensée esthétique de Proudhon. L’examen de la dépendance de l’art au public et à l’espace public peut-il échapper au discours oraculaire ? Comment décider de l’écart entre destin et destination ? Reprenant ce questionnement à la suite de Kant, Proudhon trouve dans le symbole qu’il appelle " plus ou moins mythique " la seule figure possible d’un avenir qui, dans sa plénitude, se dérobera inévitablement. A l’instar de Saturne, Proudhon tranche. En tranchant, il trace. En traçant, il tranche.