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Table des matières
Préface
C. Le Blanc et L. Simonutti
INTRODUCTION
Philosophie, traduction, histoire
C. Le Blanc
Renaissance, Contre-Réforme et Siècle des Lumières : tradition et traduction
M. Vittori
DU TEXTE A LA PENSÉE
Les réflexions humanistes sur la traduction
Humanisme et traduction durant la Contre-Réforme - Girolamo Catena
S.U. Baldassarri
Luther et la germanisation de la Bible
I. Ferron
Ronsard, apologiste de la liberté de traduire
J.-K. Sohn
Les traductions humanistes
Ficin traducteur de Psellus
F. Dell’Omodarme
La Boétie et Montaigne : La Mesnagerie de Xénophon et la « légende socratique »
R. Ragghianti
Montaigne traducteur de Sebond
N. Panichi
Jean Calvin et l’hébreu
M. Engammare
La version hébraique abrégée des Voyages de Jean de Mandeville réalisée par Yohanan Alemanno
F. Lelli
Le De interpretatione de Pierre-Daniel Huet : entre tradition humaniste et critique scripturaire
A. Del Prete
La question de l’auteur/traducteur
Marsile Ficin traducteur de lui-même. Le cas de Christiana Religione
G. Bartolucci
« Politique » dans la terminologie latine de Jean Bodin, auteur des Six livres de la République (1576)
M. Turchetti
« Voces propter res, non res propter voces ». Campanella traducteur de lui-même
G. Ernst
Thomas Hobbes traducteur de lui-même. Les deux versions du Leviathan et les deux procès, du roi et des régicides
M. Turchetti
TRADUIRE LA PHILOSOPHIE
La langue comme outil philosophique
Nāṣir-e Khosrow traducteur des Ikhwān al-Ṣafā’ ?
C. Baffioni
Comenius et le débat sur la langue universelle
A. Cagnolati
Philosophie, magie de la parole, encyclopédie : la Tipocosmia d’Alessandro Citolini
G. Dragnea Horvath
L’art philosophique de la traduction
Les traductions de Machiavel en Angleterre
L. Simonutti
« Aller au fond des pensées ». Giordano Bruno et les traductions
S. Bassi
L’instruction des princes dans l’Europe du XVIIe siècle : la traduction italienne (1677) des écrits pour le prince de La Mothe Le Vayer
L. Bianchi
Sorbière traducteur de Hobbes : l’irruption du politique en traduction
F. A. Cappelletti
Les Platoniciens de Cambridge traducteurs
J.-L. Breteau
Le cas Descartes
Les mots et les pensées. Sur la première traduction latine du Discours de la Méthode
M. Spallanzani
Descartes : traduction, vérité et langue universelle
G. Belgioioso
Descartes et la traduction latine de la morale par provision
L. Delia
La part de Descartes dans la traduction de ses oeuvres : Du Discours de la Méthode a la Dissertatio de Methodo
D. Donna
Spinoza « traducteur » des Principia philosophiae cartesii
C. Santinelli
Traduction et théorie du langage : pratique de la traduction
Verbum sermo ratio. Lectures hétérodoxes du logos de Jean entre les XVIIe et XVIIIe siècles
S. Brogi
Leibniz et la traduction universelle
M. Favaretti Camposampiero
Théorie du langage et philosophie de la traduction chez Christian Wolff
M. Favaretti Camposampiero
Traduction et théorie du langage chez Locke
J.-M. Vienne
Locke traducteur de Nicole : Of the Weaknesse of Man
L. Simonutti
Vico, traducteur de Le Clerc
F. Lomonaco
VERS UNE PHILOSOPHIE DU TRADUIRE : HERMÉNEUTIQUE ET CRITIQUE
Traduction et tradition
Les Epistola pseudo-hippocratiques. Entre traduction, tradition et translation
P. Schiavo
Lucrèce en Angleterre. Echos et traductions du poème lucrétien au XVIIe siècle en Angleterre
D. Pfanner
L’image de l’islam au XVIIIe siècle entre érudition et vulgarisation. Notes sur la traduction française du De religione mahommedica d’Adriaan Reeland
R. Minuti
Antiquité, modernité, traduction
Terrible merveille
E. Barilier
Une Antiquité controversée et diversement adaptée : l’Ars poetica d’Horace dans les commentaires et la poétique des XVIe et XVIIe siècles
S. Richter
Vers la modernité
La question de l’équivalence dans la traduction
F. Ervas
Vingt ans après : Alexander von Humboldt se réécrit et se traduit lui-même
S. Poggi
Wilhelm von Humboldt et le paradigme de la traduction
I. Ferron
INDEX des noms
S'interroger sur le point de vue du traducteur, dans la mesure où le sens produit en dépend, représente une démarche essentielle de l'étude de la pratique de la traduction. En effet, Nietzsche n'a pas lu Epicure comme Gassendi, Avicenne n'entendait pas Aristote comme Heidegger. La place du lecteur dans un espace-temps donné est fondamentale pour l'interprétation du sens d'un énoncé. L'Histoire apparaît ainsi comme ce qui définit une communauté ou une séparation d'univers et de discours, entre l'auteur et son lecteur.
Traduction et Histoire vont de pair au niveau théorique, et s'il est une chose qu'enseigne l'étude de l'histoire des traductions, c'est que la pluralité des lectures l'emporte toujours sur l'unité sémantique d'un texte. La nécessité de retraduire encore et encore certaines œuvres met clairement en évidence ce phénomène.
Si l'une des questions théoriques essentielles de la traduction est de s'interroger sur le sens des énoncés, question pressante en philosophie, il faut, pour comprendre ce qu'est traduire, inscrire la réflexion dans l'Histoire, mettre à jour et rendre intelligible le lien originel entre la question du sens des énoncés et celle de ses variations dans le temps. Cet ouvrage, contenant une quarantaine de contributions traitant de projets de traduction des XVIe-XIXe siècles, à partir du grec, du latin, de l'hébreu, de l'arabe, du français ou de l'italien, s'y engage.
Dans une large mesure, le travail des traducteurs, tant d'un point de vue philosophique qu'historique, a contribué à former la personnalité de l'Occident. Par rapport au texte original, la traduction parfois adoucit les traits, parfois les charge, parfois exagère une expression ou en atténue une autre, semblable en cela aux travestissements des fêtes ; car la lecture est une fête : elle l'a été de la Renaissance aux Lumières, et la traduction, elle, fut à maints égards le visage même de plusieurs auteurs. En une formule, elle fut souvent le masque de l'écriture.