-
La maternité, qu’il s’agisse de la génération, de la grossesse, de l’accouchement, de la stérilité ou des naissances « monstrueuses », fascine la Renaissance. Aussi, à l’âge de l’imprimerie, les traités d’obstétrique en langue fran§aise connaissent un succès remarquable, accélérant la diffusion des connaissances scientifiques. Valérie Worth-Stylianou examine cette histoire du livre médical en recensant les éditions d’une trentaine d’ouvrages, depuis la première version rançaise du manuel d’Euchaire Rösslin parue en 1536 jusqu’au pamphlet polémique de Louise Bourgeois – la première sage-femme à se faire imprimer – en 1627, en passant par des traités de chirurgiens ou de médecins célèbres tels Ambroise Paré, Laurent Joubert et Jacques Guillemeau. Quels sont les ouvrages qui bénéficient d’une circulation décisive ? Le choix de les publier en français, alors que le latin demeure le langage médical, n’implique-t-il pas une vulgarisation contestable de secrets réservés aux seuls hommes de l’art ? Qu’en est-il alors des querelles sur la double semence, la durée de la grossesse, et la génération des hermaphrodites ? Si ces textes réfléchissent les débats entre médecins et chirurgiens, hommes de l’art et sages-femmes, n’est-il pas remarquable qu’avant même l’ère des grands accoucheurs que seront Mauriceau et Portal, les auteurs les plus avisés s’acharnent surtout à enseigner le moyen de réduire le taux effrayant de la mortalité maternelle et enfantine ? Le corpus constitué comprend le texte annoté des préfaces, une bibliographie critique, la biographie et une analyse de l’apport de chaque auteur, ainsi qu’une centaine d’illustrations.
-