Renaissance
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Le singulier petit livre d’images sans titre, publié à Lyon, en 1556 chez Jean de Tournes, réédité l’année suivante en 1557, avec l’adjonction d’un intitulé sommaire : Pourtraits divers, réunit comme son nom l’indique, plusieurs figures gravées sur bois, illustrant des scènes de théâtre, des planètes, des portraits, des saynètes rustiques et galantes, des triomphes. Ces vignettes proviennent vraisemblablement toutes de l’atelier de l’illustre peintre de la Renaissance lyonnaise, Bernard Salomon, dit Le petit Bernard. Chacune est mise en valeur par sa présentation sur un feuillet individuel. Dénué de légendes, de pièces liminaires, de textes, on ignore les intentions véritables de l’éditeur quant à la diffusion de ce recueil d’images : quel était le public visé ? Quel profit pouvait-il en tirer ?
Ce curieux album, déterminant un objet quelquefois évoqué dans les études seiziémistes, exigeait une édition propre, visant à présenter précisément ses composantes matérielles, à le replacer dans son contexte de publication et de réception, à mettre en exergue son originalité foncière, à percer le mystère entourant sa destination.
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Les recherches d'Alexandre Vanautgaerden montrent qu’Erasme n’a cessé d’adapter, en fonction de chaque type de texte, les mises en page de ses livres pour en maîtriser au mieux la réception. A rebours de l’exégèse traditionnelle des œuvres d’Erasme, qui prête une foi parfois aveugle à sa correspondance, le présent ouvrage privilégie l’étude des manuscrits et des livres imprimés. Érasme ne s’est pas contenté d’écrire ses textes, mais s’est préoccupé, avec un scrupule croissant, de la façon dont ils allaient être lu. En complément de cette nouvelle biographie d’un Érasme que l’on découvre les yeux rivés à l’objet livre dans sa matérialité, le lecteur trouvera un grand nombre de documents jamais édités (lettres d’imprimeurs, pièces liminaires), donnés en latin et en traduction, ainsi qu’une liste des éditions princeps de l’humaniste. Ce volume offre un regard nouveau sur les statuts d’auteur et de lecteur au début du XVIe siècle. Il intéressera tant l’historien du livre que de l’humanisme.
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TABLE DES MATIÈRES
J. CÉARD, «Emprunts croisés: Erasme et Coelius Rhodiginus» ; F. COLLARD, «La renaissance des lettres. La correspondance d’un humaniste français de la fin du XVe, Robert Gaguin (1433-1501)»; R. MENINI et O. PÉDEFLOUS, «Les marginales de l’amitié. Pierre Lamy et Nicolas Bérauld lecteurs de Lucien de Samosate (BNR Rés. Z 247)» ; Ph. DE LAJARTE, «Providence et histoire dans le traité De la vicissitude ou Variété des choses en l’univers de Loys Le Roy» – NOTES ET DOCUMENTS – M.C. PANZERA, « Francesco Sansovino lecteur d’Erasme: le «De conscribendis epistolis» dans la formation du bon secrétaire» ; J. DE KEYSER, «Bis repetita placent? Guillaume Budé’s two translations of Basil’s second letter to Gregorius» ; E. ATTIA, «Annotazioni in latino ed ebraico di Sante Pagnini nel manoscritto di Elie Levita» ; N. HUGOT, « Le jeu des genres: note sur le genre des rimes dans les tragédies d’Etienne Jodelle» – CHRONIQUE – L.R.N. ASHLEY, «Recent Publications on Elizabethan England and Related Fields».
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Preface;
Note on the text;
Introduction;
The vocabulary of disingenuousness;
Methodological questions;
Sources for the ‘self’;
‘Self’ and ‘ethos’;
PART I : INTENTIONALITY, IDENTIFICATION, MEANING
At the window. Embodied intentionality
At the window
The inward glance Erasmus,Montaigne, andMartin Guerre (the ‘Alter Ego’);
What do friends hold in common?
‘Les hommes moitié les uns des autres...’
Martin Guerre
Lying and meaning: semantic intentionality
Intentio and meaning-intention
Meaning: problems in translation
Lying
Meaning what you say, saying what you mean. (Voluntas, sententia, mens, intellectus, sensus, etc.)
Excursus: A middle region
PART II : ON (NOT) MEANING WHAT YOU SAY
Aliud in pectore habens, aliud in ore: Erasmus and the habits of insincerity
Epistolary portraits
Polemic, friendship, and the open letter
Edward Lee
Invective, irony, allegory
‘J’entens, mais quoy’: Rabelais on reading, writing, and intending
‘Words in the air’: Thaumaste, Nazdecabre, and the question of perspicuous signs
‘Ce que j’entends par ces symboles Pythagoricques’: Rabelais on meaning and intention
Are Rabelais’s chronicles ‘anamorphoses’ or ‘steganographies’?
Who is the ‘I’ in early modern poetry?
Varieties of Renaissance poetic action
Lyric definitions
Problems of poetic action: Ronsard, Muret, Baïf
The death of the author: from Etienne Dolet to Clément Marot
The poet as phoenix: conclusions
Conclusion : ‘Faire semblant’
Bibliography
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Les minutes des séances du Consistoire pour cette année nous révèlent le début de plusieurs conflits importants qui culminèrent en 1555 avec la défaite d’Ami Perrin et des Enfants de Genève face à Calvin. À la suite de la querelle entre Calvin et Bolsec à propos de la prédestination et le libre arbitre, nous retrouvons plusieurs souteneurs de Bolsec devant le Consistoire. En 1551, le Consistoire doit aussi faire front à plusieurs Genevois mécontents du pouvoir grandissant des pasteurs et du nombre de réfugiés qui cro^t rapidement. Des citoyens influents, tels que Philibert Berthelier et Jean-Philibert Bonna, un membre du Consistoire lui-même, se rebellent et tentent de restreindre l’autorité du Consistoire et des pasteurs. Ayant déjà réussi à détourner les Genevois des pratiques catholiques, le Consistoire peut maintenant se concentrer sur d’autres affaires morales. Ainsi, dans ce registre, on trouve beaucoup de personnes convoquées pour avoir dansé, joué aux jeux de hasard ou chanté des chansons profanes. Le Consistoire semble se concentrer en particulier sur le problème des blasphémateurs à tel point que, vers la fin de 1551, le Petit Conseil publie une ordonnance contre les serments frivoles et les blasphèmes. En plus, les actions du Consistoire contre la sexualité illicite continuent à être courantes, ainsi que les questions matrimoniales et les tentatives de réconciliation entre des parties adverses.
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Concepts et méthodes – Y. Pauwels, « L’architecture de la Renaissance entre ratio mathématique et ars rhétorique » ; F. Lemerle, « Ars et ratio en architecture : la théorie des ordres » ; P. Selosse, « Peut-on parler de classification à la Renaissance : les concepts d’ « ordre » et de « classe » dans les ouvrages sur les plantes » ; P. Glardon, « La terminologie botanique dans le De historia stirpium de Leonhart Fuchs (1542) et ses premières traductions françaises » ; J. Vons, « Formes académiques et méthode scientifique dans la Fabrica d’André Vésale » - Ars Docendi ou comment enseigner et diffuser la science – D. Bacalexi, « Galien, d’une réception à l’autre : tradition médiévale arabe et Humanistes du XVIe siècle » ; A. Gasnier, Un exemple de débat interne à la faculté de médecine de Paris » ; S. Rommevaux, C. Clavius, « un promoteur des mathématiques à la Renaissance » ; É. Berriot, « Enseigner les « indoctes », vulgariser la médecine » ; V. Giacomotto-Charra, « La construction de l’expérience dans le texte scientifique : l’exemple De Subtilitate de Cardan » - Entre enseignement et mise en pratique – G. Pineau, Soigner la peste sans défier la colère divine dans les traités médicaux du XVIe siècle » ; G. Xhayet, Les premiers traités liégeois relatifs aux eaux de Spa (1559-1616) » ; M. Kozluk, « Se nourrir et se soigner : jardin et médecine pratique aux XVIe et XVIIe siècles » ; L. Paya, « Géométrie des parterres du jardin de plaisir à la Renaissance : inscrire le cercle dans le carré d’un compartiment » - En forme de conclusion : quand le texte de science nourrit la fiction – M.-L. Monfort, « Le discours scientifique de Panurge » - Varia – P. de Lajarte, « De l’enfance du héros à l’utopie thélémite : ruptures du discours et logique du récit dans le Gargantua » ; N. Viet, « Caméron, Décaméron, Heptaméron : la genèse de l’Heptaméron au miroir des traductions françaises de Boccace » ; C Pigné, « La contribution de Charles Fontaine aux Figures du Nouveau Testament : la poésie et l’image au service de la foi » ; V. Chichkine, « Documents inédits sur Marguerite de Valois à Saint Pétersbourg » ; R. Cappellen , « Bibliographie pour l’Agrégation des Lettres 2012 » ; M.-L. Demonet, « Rabelais, Le quart livre » ; C. Rousseau, « Chronique musicale 2011 ».
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Jamais réédité depuis son unique publication en 1612, Le Palais des Curieux de Béroalde de Verville (1556-1626) est pourtant l’un des ouvrages les plus intéressants de cet écrivain : il permet non seulement de mieux cerner l’esprit de Béroalde, trop longtemps connu uniquement comme l’auteur facétieux du Moyen de Parvenir, mais s’avère aussi un témoignage précieux de la manière dont, à la fin du XVIe siècle, l’érudition se fond dans le discours personnel, qui se l’approprie pour en jouer et se construire.
Collection de glanes de lectures et de réflexions érudites traitées sur le mode de la digression personnelle, Le Palais des Curieux, par sa bigarrure apparemment désordonnée, pourrait rappeler le chaos déroutant du Moyen de Parvenir ; mais ici, les diffractions convergent et s’ordonnent en une architecture textuelle dont la clé de voûte semble être, finalement, le point de vue paulinien.
Susceptible de lectures plurielles, Le Palais des Curieux nous convie donc à un voyage, auquel le lecteur ne peut que s’essayer ; libre à lui ensuite de faire son choix entre toutes ces voix qui cheminent dans le texte, dont la richesse ne s’apprécie que si l’on maîtrise les références qu’il convoque.
Cette édition critique du Palais des Curieux a donc pour but d’en rendre la lecture plus aisée et plus enrichissante : intégralement retranscrit, ce beau livre devient désormais accessible à tous grâce aux notes qui l’éclairent et en soulignent la fascinante complexité.
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«Que diable de langaige est cecy ? Par dieu tu es quelque heretique ». En ce qu’elle déduit d’un « diable de langaige » la représentation de « l’autre », la célèbre réaction de Pantagruel aux paroles de l’écolier limousin, «qui contrefaisoit le langaige Françoys», est symptomatique de l’association que suscite, dans la fiction comme dans l’opinion que professent les auteurs sur leurs choix d’écriture, la confrontation à une langue repoussoir. Est posée la question de la confrontation à cet « autre », auteur, scripteur, énonciateur du texte-source, qu’il soit identifié ou anonyme, réel ou fictif, en fonction duquel se construit la figure de l’auteur en quête d’identité. Ce n’est pas seulement un discours théorique, mais un imaginaire qui en témoigne, par lequel l’auteur à naître s’approprie de façon souvent très consciente, dans l’émulation, la séduction, la contestation, et non sans mauvaise foi ni brutalité parfois, la richesse du texte qu’il récrit, construisant à son tour une image collective de la littérature qu’il cherche à promouvoir comme une élaboration propre.
L’ouvrage entend discerner, à travers la diversité des langues et de leurs statuts, les modalités d’un processus d’affirmation littéraire et linguistique, en deux périodes où il s’opère par excellence, la renaissance du XIIe siècle et la Renaissance française au XVIe siècle. C’est que les deux périodes envisagées présentent pour caractéristiques communes la revendication d’une littérature en langue vulgaire et, simultanément, l’affirmation du statut de l’auteur, comme si le processus souvent glosé de la translatio studii était indissociable de la prise de conscience individuelle.