Littérature
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Au Siècle des Lumières, le héros de roman prend la plume. Saisi d’une rage de raconter sa vie et de se donner une histoire, il devient un écrivant. René Démoris explore une forme romanesque liée, au début du XVIIe siècle, au roman picaresque espagnol et qui prend son essor dans les mémoires authentiques et fictifs de l’époque classique. Elle triomphe dans l’autobiographie pittoresque – et à nouveau picaresque – de Gil Blas de Santillane, avant de s’épanouir chez Marivaux et Prévost. Démoris définit le rapport qu’entretient ce roman à la première personne avec la mutation sociale, culturelle et politique qui va produire ce monstre singulier, l’individu, et qui mène au sacre de l’écrivain. Fiction singulière que celle où s’exerce la première personne, laquelle suggère à ses lecteurs un exercice de critique autant que d’identification. En attendant qu’avec Jean-Jacques et ses Confessions, roman-mémoires enfin vrais, l’auteur jette le masque. L’exaltation du Je narratif renvoie au fondement même de notre relation à la littérature. A-t-on une autre histoire que celle qu’on s’invente et qu’on écrit ?
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