Michel PORRET
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Le Temps de Montesquieu réunit une trentaine de communications originales présentées à l’Université de Genève en novembre 1998 au Colloque international célébrant le 250e anniversaire de l’édition chez l’imprimeur genevois Barrilot et fils de L’Esprit des lois. Traqué par les censeurs, ce best-seller des Lumières s’annonça aussitôt comme l’œuvre majeure de Montesquieu. Cette somme juridique et philosophique allait marquer le siècle, susciter un débat sur la légitimité des institutions politiques et devenir un classique du libéralisme dont la leçon reste d’actualité pour penser le droit ou l’Etat. Le Temps de Montesquieu replace l’histoire éditoriale de l’Esprit des lois dans son contexte genevois et européen, analyse la culture politique et juridique qui le nourrit, questionne la philosophie de l’histoire de son auteur qu’inquiète l’expérience de l’absolutisme de droit divin, en évoque la réception dans la République des lettres européenne. Donnant sens aux travaux et à l’héritage intellectuel du philosophe de La Brède, cet ouvrage collectif éclaire la modernité des Lumières, qu’à sa manière il a forgée.
Les éditeurs du Temps de Montesquieu, Michel Porret et Catherine Volpilhac-Auger, enseignent respectivement l’histoire moderne (Université de Genève) et la littérature française (Ecole Normale Supérieure de Lettres et Sciences humaines, Lyon). Auteurs de nombreuses publications portant sur les Lumières, ils sont notamment co-rédacteurs des Annales de la Société Jean-Jacques Rousseau et de la Revue Montesquieu.
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sommaire
- Jean STAROBINSKY, "Le premier “Discours”. A l'occasion du deux cent cinquantième anniversaire de sa publication", p. 9-40
- Tzvetan TODOROV, "La morale sociale de Rousseau", p. 41-57
- Marc FABIEN, "Rousseau et le mal social. Réfutation d'une lecture manichéenne du “Discours sur l'origine de l'inégalité”", p. 59-106
- Sébastien LABRUSSE, "Le droit de vie et de mort selon Jean-Jacques Rousseau ou la politique de l'homme infaillible", p. 107-128
- Pierre HARTMANN, "Rousseau et la philosophie. Une enquête sur le terme "philosophie" et ses dérivés dans les oeuvres d'avant la rupture", p. 129-179
- Jacques BERCHTOLD, "Jean-Jacques dans le taureau de Phalaris. Mythologisation du moi-victime et modèles d'identités dans “Rousseau juge de Jean-Jacques”", p. 181-203
- Frank LESTRINGANT, "Musset et Rousseau", p. 205-240
- André GÜR, "David Rousseau informateur de l’envoyé du Duc de Savoie en Suisse pendant la Guerre de succession d’Espagne", p. 241-278
- Michel PORRET, "Un homme “tel qu’il était”: Jean-Jacques Rousseau selon Corancez", p. 279-293
- Michel PORRET, "Guillaume-Olivier de Corancez: “De Jean-Jacques Rousseau”", p. 295-346
- André GÜR, "Une lettre inédite à Jean-Jacques Rousseau", p. 347-353
- Jacques CORMIER, "Rousseau et le “Don Quichotte” de Robert Challe. Note sur un personnage d’”Arlequin amoureux malgré lui”", p. 355-357
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Rédigées vers 1734, les Réflexions sur la Monarchie universelle en Europe actualisent alors l’anti-absolutisme des Considérations sur les causes de la grandeur des Romains (1734) et s’inscrivent dans la genèse de l’Esprit des Lois (Genève, 1748). Expression de la philosophie des Lumières qui prend forme avec la publication des Lettres persanes (1721), ce texte incisif, oublié puisque Montesquieu en détruisit toute l’édition, montre que l’instabilité de l’État naît avec l’esprit de conquête: la “monarchie universelle” représente le stade suprême de l’absolutisme avant son déclin. En synthétisant l’histoire européenne entre la chute de Rome, ruinée par son hégémonie, et le déclin de la France belliqueuse de Louis XIV, Montesquieu plaide pour une Europe pacifiée, débarrassée de ses “mercenaires”, ordonnée par des lois adaptées aux mœurs et unie dans le commerce réciproque, matrice de la paix entre les nations. Avec cette histoire philosophique du droit des gens qui récuse tout providentialisme, Montesquieu adhère à la modernité politique à laquelle aspirent les Lumières en condamnant la guerre offensive et l’hégémonie d’un État sur un autre. Donnant tout son sens au thème montesquien de la modération, la Monarchie universelle en Europe constitue une source importante pour l’histoire critique de l’hégémonie militaire et politique.
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Autour du thème des visites reçues et des visites rendues, cette monographie collective rédigée par une vingtaine de dix-huitiémistes montre combien est complexe la construction de la figure sociale de Rousseau durant ses ultimes années parisiennes. Entre solitude et communauté, le philosophe du lien social qui a donné un sens aux Lumières est encombré par les visites à l’homme de lettres Rousseau que lui rendent celles et ceux qui le vénèrent, le protègent, l’imitent, l’épient ou qui cherchent une amitié difficile à obtenir en raison de la méfiance de Jean-Jacques.
TABLE DES MATIÈRES: Éditorial, par Jacques Berchtold et Michel Porret. *** Trois rencontres *** : D’une princesse fantasque aux Considérations: faits et reflets, par François Rosset. Le rendez-vous de Thonon, par André Gür. M. Jacques chez l’ami des hommes. Visite de Rousseau au cœur de l’économisme, par Yves Citton. *** Le séjour à Paris 1770-1778 *** : Paris à la fin du XVIIIe siècle. Perceptions et cultures, par Daniel Roche. Rousseau, joueur d’échecs au café (1770-1771), par Jacques Berchtold. Les derniers visiteurs genevois de Jean-Jacques Rousseau, par Jean-Daniel Candaux. La visite au musicien, par Béatrice Didier. Un drame invraisemblable: Dusaulx et Rousseau, par Michel Porret. La visite au non-écrivain ou quand Rousseau ruse avec le verbe (1770-1778), par Yannick Séité. Un visiteur de la rue Plâtrière: le prince Charles-Joseph de Ligne, par Raymond Trousson. ***Résonnances de visites tardives*** : Deleyre, encyclopédiste et conventionnel entre Rousseau et Diderot (1756-1795), par Roger Barny. "Seul avec la nature et vous". Le promeneur solitaire rencontre Linné et ses disciples, par Giovanni Incorvati. Jean-Jacques Rousseau et Bernardin de Saint-Pierre: de l’amitié entre écrivains au croisement de leurs œuvres, par Anastase Ngendahimana. *** Témoignages posthumes, Panthéon. *** Mercier témoin de Rousseau: la dernière visite et le pèlerinage posthume, par Jean-Claude Bonnet. Brûler Diderot, par Bronislaw Baczko. L’apothéose du 20 vendémiaire an III (11 octobre 1794). Rousseau revisité par la République, par Raymonde Monnier. A propos de la problématique du tiers dans le "cas Rousseau": éléments pour une contribution à l’histoire de la construction du modèle de la paranoïa, par Claude Wacjman. Quia non intelligor illis, par Jean Starobinski. Index onomastique. Société J.-J. Rousseau.
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David ARNOLD,
Cyprian BLAMIRES,
Karel BOSKO,
Marcel COTTIER,
Gérard DANOU,
Frank DIKÖTTER,
Max ENGAMMARE,
Jean-Claude FAVEZ,
Yasmina FOEHR-JANSSENS,
Laurence GUIGNARD,
Timothy HARDING,
Mark HUNYADI,
Romano LA HARPE,
Arielle MEYER,
Alessandro PASTORE,
Michel PORRET,
Beat RÜTTIMANN,
Fernando VIDAL,
Jean WIRTH
Moyen Âge chrétien, Europe moderne et contemporaine, sociétés coloniales: ces études originales apportent un regard interdisciplinaire sur cet objet central des sciences humaines qu'est le corps, abordé ici sous la thématique de la violence concrète et de son imaginaire social ou littéraire. Religieuses, pénales, militaires, concentrationnaires, pathologiques et aussi thérapeutiques: les violences du corps trouvent une actualité singulière en cette fin de XXe siècle. Elles font parfois écho, après les camps nazis, aux guerres civiles ou à la purification ethnique, laboratoires de l'anéantissement corporel et de la déshumanisation. Textes de: David Arnold; Cyprian Blamires; Karel Bosko; Marcel Cottier; Gérard Danou; Frank Dikötter; Max Engammare; Jean-Claude Favez; Yasmina Fœhr-Janssens; Laurence Guignard; Timothy Harding; Mark Hunyadi; Romano La Harpe; Arielle Meyer; Alessandro Pastore; Michel Porret; Beat Rüttimann; Fernando Vidal; Jean Wirth.
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La richesse est-elle une condition du bonheur humain? Interrogeant cette problématique ancienne autour de la figure de Voltaire cet ouvrage collectif rassemble vingt-trois études historiques et littéraires concernant la richesse, ses usages et le contenu métaphorique de son langage. Des théories économiques aux représentations littéraires de la richesse, un vaste pan de l’imaginaire social des Lumières est introduit par J. Berchtold et M. Porret.
Articles de J.-Y. Grenier, Y. Citton, L. El-Wakil, M. Geuna, A. Gür, G. Silvestrini, C. Walker, H. Watzlawick, K. Antonowicz, B. Baczko, D. Buyssens, A. Farchadi, D. Gembicki, M. Porret, J. Starobinski, L. Adert, J. Berchtold, S. Dervaux, E. Eigenmann, A. Keilhauer, S. Moussa, G. Poitry et F. Rosset.
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Au XVIIIe siècle, la polémique bien connue de Voltaire, de Beccaria et des autres réformateurs du droit criminel prépare notre modernité judiciaire, qui repose sur le Code pénal et la correction carcérale. Or on néglige trop la réflexion de magistrats contemporains des philosophes, qui doivent réprimer le crime au nom de l’ordre public et de la sécurité de l’État et des individus. Ouverte ou hostile aux Lumières, leur éthique pénale donne sens au fondement des normes judiciaires sans lesquelles est perdu le pari du contrat social. Non définie par la loi, une sanction arbitraire peut-elle être équitable? Ce livre veut répondre à cette question. Exploitant des centaines de réquisitoires inédits rédigés par les procureurs généraux de Genève entre 1738 et 1792, il analyse l’esprit de l’arbitraire inhérent à la pratique pénale de l’Ancien Régime. Celle-ci est marquée par la latitude qu’a le juge d’arbitrer entre une peine sévère ou mitigée en fonction des circonstances atténuantes ou aggravantes du crime réprimé. Détestant la justice expéditive, les juges ouvrent ainsi les mentalités judiciaires à la révolution carcérale du début du XIXe siècle qui récuse la vieille pénalité expiatoire. Les réquisitoires des procureurs genevois symbolisent cette période charnière de l’arbitraire constructif, qui prépare l’avènement du code pénal, encadre la construction sociale des exigences d’égalité devant la loi et génère l’État de droit.
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Bronislaw BACZKO,
Jacques BERCHTOLD,
Yves CITTON,
Joëlle DROUX,
Max ENGAMMARE,
Alain GROSRICHARD,
U. HEIDMANN VISCHER,
C. JAQUIER,
Sarga MOUSSA,
G. POITRY,
Michel PORRET,
François ROSSET,
J. STAROBINSKI
Histoire, théologie, critique littéraire, ce recueil présente treize études cernant maints aspects de peurs collectives ou individuelles, toutes caractéristiques du siècle des Lumières. A côté d'essais de synthèse étudiant les discours et les pratiques de philosophes, de criminalistes, de pédagogues chrétiens, d'acteurs politiques, d'amateurs de musique, ou de médecins hygiénistes, sont abordées des peurs particulières, notamment celles engendrées par la Terreur, le gibet, la prison, l'impuissance sexuelle, l'iconographie chrétienne, le bédouin, la caverne préromantique, l'épidémie de choléra morbus, ou encore les frayeurs mises en scène dans le roman noir naissant.
Consacré ainsi à l’imaginaire de la peur, cet ouvrage collectif témoigne des travaux interdisciplinaires menés à Genève dans le cadre du Groupe d’études du XVIIIe siècle. Articles de M. Engammare, M. Porret, B. Baczko, J. Starobinski, J. Berchtold, Y. Citton, C. Jaquier, G. Poitry, F. Rosset, U. Heidmann Vischer, S. Moussa, J. Droux et A. Grosrichard.
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