Renaissance
-
La seconde édition de l’Histoire universelle sortait à peine, au début de 1626, des presses du libraire genevois Pierre Aubert, qu’Agrippa d’Aubigné entreprenait d’adjoindre à son ouvrage un quatrième tome que la mort ne lui permit pas d’achever. Il laissait une préface, le dernier chapitre du livre IV: un tableau de la France protestante vers 1620, et le livre V, inachevé, relatant les deux campagnes de Louis XIII contre les Eglises du Midi en 1621 et 1622. Conservés dans les Archives Tronchin, ces textes furent publiés pour la première fois, de manière lacunaire, en 1925, par Jean Plattard. Ces ultima scripta brossent l’image d’un homme à qui le grand âge n’avait rien ôté de la vigueur de son "gros style ferré" et qui demeurait inébranlablement fidèle à la Cause pour laquelle il s’était jeté dans la guerre soixante-deux ans plus tôt.
-
-
-
L’essai d’Ullrich Langer relie trois domaines fondamentaux de la culture lettrée française au seuil de la modernité: la rhétorique humaniste de l’éloge, la théorie des vertus et le monde mimétique de la littérature. Au fil des pages, le lecteur se familiarise avec le savoir moral de la Renaissance et son rapport aux exemples illustres de l’Antiquité. En relisant, entre autres, les œuvres de Marot, Rabelais, Marguerite de Navarre, Ronsard et Montaigne, il découvre comment la pensée éthique et les stratégies littéraires s’influencent réciproquement. Lier morale et littérature, c’est, en cette fin de millénaire, une des exigences vivifiantes du monde intellectuel. Dès le XVIe siècle, l’exigence éthique, confortée par le pouvoir des mots, s’impose comme une priorité. Elle touche aux questions les plus urgentes de la civilisation: la gestion de la violence, la conduite des échanges humains, la maîtrise des contingences, la modération du corps personnel et du corps politique. Un parcours humaniste neuf et plein d’avenir.
-
On place volontiers certains phénomènes au seuil de la modernité: la première vague d’un scepticisme perturbant toutes les habitudes intellectuelles; des mutations radicales dans le champ des croyances religieuses; l’émergence d’un moi laïque; l’apparition de formes narratives inédites et de nouvelles manières de lire. Ces phénomènes sont saisis au stade de leur pré-histoire. On s’interroge sur leur statut et leur sens à une époque où la forme que nous leur connaissons n’est pas encore atteinte. Cette enquête est menée à travers une série de textes «littéraires» (Rabelais, Montaigne surtout) et discursifs (Henri Estienne, Jean Bodin). Dans chaque domaine, des perturbations textuelles sont interprétées comme l’indice dune angoisse épistémologique, ontologique ou axiologique. Le dépistage d’un «trouble» permet de localiser une région problématique de la perception, une fêlure dont l’auteur et ses contemporains ne sont peut-être pas pleinement conscientsmais qu’ils ressentent comme un malaise. Les études réunies ici ressortissent à une poétique tournée vers l’histoire; elles cherchent à restituer la forme fragmentaire d’une expérience perdue.
Extraits d'un article paru dans "The Times Literary Supplement" du 20 août 99: EARLY STIRRINGS. "The careful probing of chronology and intertextual reference, and the often brilliantly telling juxtaposition, are there to provide an overall picture of germination, stirring, birth. (...) Just as birth is accompanied by labour-pains, so this is an intensely demanding book to read". Peter Bayley
-
-
-
-
-
Sans qu'Erasme ne s'y soit jamais rendu, sa pensée trouva en Espagne le terreau d'un mouvement précoce et vivace, nourri des exigences intellectuelles et spirituelles de l'Humanisme, et qui semblait tellement propice à son épanouissement rénovateur qu'il devait en inquiéter le pouvoir et subir bientôt ses persécutions. “ Il fallait, pour saisir et pour interpréter une histoire que domine le travail des intelligences et la passion multiple de la vie religieuse, une aptitude singulière à discerner toutes les nuances de la pensée, des inquiétudes et des espérances... L'auteur d'Erasme et l'Espagne a rempli tout le programme que le titre de son livre lui imposait ; avec quelle sûreté historique de méthode, avec quel sens et quelle intelligence des problèmes d'ordre intellectuel et religieux, avec quel talent et quelle maîtrise, tous les historiens de l'Espagne et de la Renaissance le savent depuis longtemps. ” (Renaudet, Erasme et l'Italie, Droz, 1998). Dans sa préface, Jean-Claude Margolin inscrit la thèse magistrale de Marcel Bataillon dans une large perspective, depuis la réception de l'œuvre, dès 1937, jusqu'aux recherches érasmiennes les plus récentes.