Max ENGAMMARE
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AVANT-PROPOS, Max Engammare
INTRODUCTION
1. Pourquoi étudier les hébraïsants chrétiens en France ?
2. Définition du corpus et choix des dates
3. Place particulière de l’hébreu dans la réflexion grammaticale au 16e siècle
4. Objectifs de ce travail
CHAPITRE 1 : L’ENSEIGNEMENT DE L’HÉBREU EN FRANCE
SECTION 1 : Pourquoi étudie-t-on l’hébreu ?
1.1. Hébreu et théologie
1.1.1. L’hébreu langue sainte
1.1.2. Persistance du motif apologétique
1.1.3. Le paradoxe du recours aux sources juives
1.1.4. Une méfiance réciproque
1.2. L’étude de l’hébreu comme nécessité scientifique et intellectuelle
1.2.1. L’hébreu est absolument nécessaire à la compréhension de l’Ecriture
1.2.2. L'hébreu, langue parfaite
1.2.3. L’hébreu, langue primitive et universelle
1.2.4. Plaisir de l’hébreu
1.2.5. L’hébreu et les autres langues orientales
1.3. Conclusion
SECTION 2 : L’enseignement de l’hébreu en France à l’époque médiévale
SECTION 3 : Enseignants et étudiants d’hébreu (1500-1680)
3.1. Introduction
3.1.1. Nouvelles élites, nouveaux savoirs
3.1.2. « Par toutes les provinces de la Gaule »
3.2. Le rôle des juifs convertis
3.3. Les lecteurs royaux et leurs élèves
3.3.1. Les chaires d’hébreu de 1530 à 1670
3.3.3. Etudiants
3.3.4. Programmes et méthodes
3.3.4.1. Le premier document
3.3.4.2. Les autres témoignages
3.3.5. Conclusion
3.4. Catholiques et protestants
3.4.1. Les études hébraïques en milieu protestant
3.4.1.1. Dans l’enseignement secondaire
3.4.1.2. Dans les académies
3.4.2. Place de l’hébreu dans l’enseignement des jésuites
3.5. Leçons privées, autodidactes
CHAPITRE 2 : IMPRESSION ET DIFFUSION DES GRAMMAIRES HÉBRAÏQUES
SECTION 1 : L’imprimerie hébraïque en France
1.1. Lieux d’impression
1.2. Imprimeurs et typographes
1.2.1. Qui sont-ils ?
1.2.2. Premières impressions
1.2.3. La typographie royale
1.2.4. Ateliers juifs et ateliers chrétiens
1.2.5. Caractères
SECTION 2 : La publication des grammaires, de 1509 1670
2.1. Tableau des publications en Europe
2.2. Commentaires
SECTION 3 : L’alphabetum hebraicum, une spécialité française du 16e siècle
3.1. Généralités
3.2. La publication des alphabets
3.3. Le problème des alphabets de c. 1512 et c. 514
SECTION 4 : Les inventaires de bibliothèques nous renseignent-ils sur la diffusion des connaissances hebraïques ?
4.1. Introduction
4.2. Quels outils de travail trouve-t-on dans les inventaires ?
4.3. Apprenait-on vraiment l’hébreu ?
CONCLUSION DU CHAPITRE
CHAPITRE 3 : L’ALPHABETUM HEBRAICUM, CARACTÉRISTIQUES ET ÉVOLUTION
SECTION 1 : Avant 1520
SECTION 2 : Les alphabets d’Estienne
2.1. L’alphabetum graecum et hebraicum de 1528
2.2. L’alphabetum hebraicum de 1539
2.2.1. Présentation générale de l’ouvrage
2.2.2. Consonnes et voyelles
2.2.3. Règles diverses de prononciation
2.2.4. Les exercices
2.2.5. Conclusions sur l’alphabet de 1539
2.3. Editions ultérieures de l’alphabetum hebraicum
2.4. Les éditions de 1563 et 1566 (Paris)
2.5. L’édition d’A. R. Chevalier
2.6. Remarques finales
SECTION 3 : Autres alphabets
3.1. Les alphabets de Guidacerius
3.2. L’alphabet de Drosay (1543)
3.3. Les alphabets de G. Génébrard
3.4. Les ouvrages de J. Boulaese
CONCLUSION DU CHAPITRE
CHAPITRE 4 : FRANÇOIS TISSARD
SECTION 1 : Données biographiques
SECTION 2 : Les ouvrages publiés par F. Tissard
SECTION 3 : Pourquoi l’hébreu ?
3.1. Les motivations de Tissard
3.2. Tissard et les juifs
SECTION 4 : La première grammaire de l’hébreu publiée en France
4.1. Plan de l’ouvrage de 1509
4.2. L’alphabetum hebraicum (fol. 24r°)
4.3. Eléments de phonétique
4.4. Exercices de lecture
4.5. Le nom
4.6. Morphologie verbale
4.7. La terminologie de Tissard
4.8. Quelle grammaire Tissard a-t-il utilisée ?
CONCLUSION DU CHAPITRE
CHAPITRE 5 : SANCTES PAGNINUS, TRADUCTEUR ET GRAMMAIRIEN
SECTION 1 : Données biographiques
SECTION 2 : Pagninus traducteur de la bible
2.1. Relation à saint Jérôme
2.2. Quelques exemples de la méthode de Pagninus
2.3. Postérité de la nova translatio
SECTION 3 : Les Hebraicarum institutionum libri quatuor
3.1. L’édition de 1526
3.2. L’édition de 1549
3.3. Les éditions abrégées
SECTION 4 : PAGNINUS GRAMMAIRIEN
4.1. Plan de la grammaire
4.2. Théorie de la langue hébraïque
4.3. Phonétique
4.3.1. Les voyelles . 131
4.3.2. Le šewā
4.3.3. Les consonnes
4.3.4. Conclusion
4.4. Le nom
4.4.1. Le recours aux cas
4.4.2. Les catégories du nom
4.4.3. L’état construit
4.4.4. Morphologie du nom
4.4.5. Le pronom
4.5. Traitement du verbe
4.5.1. Le nipal
4.5.2. Le paradigme
4.6. La description morphologique chez Pagninus : conclusion
4.7. Le livre IV
4.8. Syntaxe
4.7. La question des sources
4.7.1. Auteurs juifs médiévaux
4.7.2. Pagninus et Reuchlin
4.7.3. Pagninus et Münster
SECTION 5 : LE THESAURUS LINGUAE SANCTAE
5.1. L’édition de 1529
5.2. L’édition de 1548
5.3. Les éditions annotées par Mercier
5.4. Les éditions abrégées
CONCLUSION DU CHAPITRE
CHAPITRE 6 : L’« ÉCOLE DE LOUVAIN », CLÉNARD ET CAMPENSIS
SECTION 1 : Clénard et les langues orientales
SECTION 2 : La Tabula in grammaticen hebraeam de Clénard
2.1. L’édition de 1529
2.2. L’édition de 1544 (Wechel)
2.2.1. Plan de la grammaire
2.2.2. Description phonétique
2.2.3. Les paradigmes verbaux
2.2.4. Le nom
2.2.5. Terminologie
2.3. L’édition revue par Cinqarbres (1550)
2.4. La réédition de 1564
SECTION 3 : La pédagogie clénardienne
SECTION 4 : Les relations Campensis / Clénard
4.1. La grammaire de Campensis
4.2. De la grammaire de Campensis à la Tabula de Clénard
4.3. « Campensem nollem videri emendare »
4.3.1. Rivalités
4.3.2. La personnalité de Clénard d’après sa correspondance
CONCLUSION DU CHAPITRE
CHAPITRE 7 : AUTOUR DES LECTEURS ROYAUX (1530-1587)
SECTION 1 : Les rudimenta de cheradame
1.1. Chéradame est-il l’auteur des Rudimenta ?
1.2. Des « rudiments » bien nommés
SECTION 2 : Agathius Guidacerius
2.1. Les préfaces de Guidacerius
2.2. Sa méthode
SECTION 3 : Le Dialogus de Paul Paradis
SECTION 4 : Vatable et le sens littéral
4.1.
4.2. Les notes de Vatable
4.2.1. Hébraïsmes
4.2.2. La philologie au secours de l’exégèse
4.2.3. Les temps verbaux
SECTION 5 : Un disciple de Guidacerius, Alain Restauld de Caligny
SECTION 6 : R. Baynes, continuateur de Pagninus
SECTION 7 : Jean Mercier et les commencements de l’étude du Targum 186
7.1. Le goût de l’exégèse littérale
7.2. Les tabulae in chaldaeam grammaticen (1550)
SECTION 8 : Un continuateur de Clénard Jean Cinqarbres
8.1. L’édition de 1546
8.2. L’Epitome operis de re grammatica de 1559
8.3. L’édition de 1609
SECTION 9 : L’émergence de la litteérature rabbinique : Génébrard
CONCLUSION DU CHAPITRE
CHAPITRE 8 : LA GRAMMAIRE HÉBRAÏQUE EN FRANCE DE 1500 A 1570, ESSAI DE SYNTHÈSE
SECTION 1 : La description phonétique
SECTION 2 : Questions de morphologie
SECTION 3 : « Les Hébreux n’ont pas de cas, mais… »
SECTION 4 : Apparition d’une terminologie spécifique
4.1. L’utilisation de termes traditionnels
4.2. La mise en relation des deux systèmes
4.3. L’utilisation métalinguistique de termes latins de la langue courante
4.4. Le recours à des néologismes
4.5. Deux cas particuliers : « affixe » et « radix »
4.5.1. Affixe
4.5.2. « Radix »
SECTION 5 : La question des sources
5.1. Le « priscien hébreu » : David Qimhi
5.2. « Transfert de connaissances » du monde juif au monde chrétien
5.3. L’influence de Lévita
5.4. Conclusion
SCTION 6 : Les « langues orientales » et les premières tentatives de grammaire comparée
6.1. L’arabe dans les grammaires hébraïques
6.2. Deux précurseurs de la philologie comparée : Postel et Caninius
CONCLUSION DU CHAPITRE
CHAPITRE 9 : LE DIX-SEPTIÈME SIÈCLE
SECTION 1 : Les grammaires publiées en france de 1600 à 1649
1.1. La grammaire de Bellarmin annotée par De Muis (1622)
1.2. La grammaire de G. Mayr (1622)
1.3. La grammaire de Thomas Dufour (1642)
1.4. La grammaire de Nicolas Abram (1645)
1.5. Conclusion
SECTION 2 : Hébreu rabbinique et lexicographie
1.1. Philippe d’Aquin (c. 1575-1650)
1.2. Jean Plantavit de la Pause (1576-1651)
SECTION 3 : P. RAMUS, P. MARTIN, ET J. BUXTORF
3.1. La grammaire de P. Martinius
3.2. Comparaison Buxtorf/Martinius : plan de la grammaire
3.2. Comparaison Buxtorf/Martinius : définitions
3.3. Postérité de la gramma
Sophie Kessler-Mesguich nous a quittés trop tôt, beaucoup trop tôt (8 février 2010), sans avoir eu le temps de donner la mesure de tout ce qu’elle connaissait de la grammaire historique de l’hébreu, sans avoir pu achever cette grammaire de l’h©breu moderne qui était devenue son dessein majeur. Elle n’avait jamais publié sa thèse de doctorat, soutenue le 19 décembre 1994 à l’Université de Paris VIII, voulant constamment la parfaire. Cette thèse, Les études hébraïques en France, d François Tissard à Richard Simon (1510- 1685), n'a pourtant pas pris une ride et il était indispensable de la publier. Une double compétence est exigible pour quiconque souhaite étudier les grammaires de l’hébreu en France au seizième siècle : une maîtrise de l’hébreu (et de l’araméen) et une familiarité érudite du latin linguistique de la Renaissance. Sophie Kessler-Mesguich avait acquis ces deux compétences. Personne avant elle n’avait si bien présenté et analysé l’œuvre de François Tissard, la publication de son Alphabetum Hebraicum et de sa Grammatica Hebraica, ayant identifié toutes les sources de Tissard. Qui est capable de reprendre un tel travail et de nous montrer que c’est en helléniste que Tissard a approché la langue hébraïque et utilisé la grammaire de Qimhi? On peut formuler une question identique avec Sante Pagnini et ses Hebraicarum institutionum libri quatuor de 1526. Sophie Kessler-Mesguich a ainsi établi que le premier livre des Institutiones Hebraicæ est “remarquable par sa précision, tant dans la description phonétique que dans les transcriptions”. Quant au deuxième livre, consacré au nom et au pronom, l'auteur montre que Pagnini s’appuie à la fois sur le Mikhlol de David Qimhi et sur le Ma‘aseh ’Efod. Tout au long de ce livre, le spécialiste comme le débutant sont éclairés et nourris, très souvent conquis.
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TABLE DES MATIÈRES
J. CÉARD, «Emprunts croisés: Erasme et Coelius Rhodiginus» ; F. COLLARD, «La renaissance des lettres. La correspondance d’un humaniste français de la fin du XVe, Robert Gaguin (1433-1501)»; R. MENINI et O. PÉDEFLOUS, «Les marginales de l’amitié. Pierre Lamy et Nicolas Bérauld lecteurs de Lucien de Samosate (BNR Rés. Z 247)» ; Ph. DE LAJARTE, «Providence et histoire dans le traité De la vicissitude ou Variété des choses en l’univers de Loys Le Roy» – NOTES ET DOCUMENTS – M.C. PANZERA, « Francesco Sansovino lecteur d’Erasme: le «De conscribendis epistolis» dans la formation du bon secrétaire» ; J. DE KEYSER, «Bis repetita placent? Guillaume Budé’s two translations of Basil’s second letter to Gregorius» ; E. ATTIA, «Annotazioni in latino ed ebraico di Sante Pagnini nel manoscritto di Elie Levita» ; N. HUGOT, « Le jeu des genres: note sur le genre des rimes dans les tragédies d’Etienne Jodelle» – CHRONIQUE – L.R.N. ASHLEY, «Recent Publications on Elizabethan England and Related Fields».
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La question de l’hébreu à Genève et la personne de Jean Calvin sont liées, quoique peu étudiées. Il s’agissait donc de conduire l’étude et de dresser un inventaire de l’hébreu dans le livre imprimé genevois au XVIe siècle. Après que Lyse Schwarzfuchs avait publié Le livre hébreu à Paris au XVI e siècle (2004) puis L’hébreu dans le livre lyonnais au XVI e siècle (2008), elle était la mieux à même pour parachever l’enquête en terres francophones et réaliser un triptyque aussi utile que précieux.
Les ouvrages comprenant des caractères hébreux recensés aussi bien à Paris qu’à Lyon avaient essentiellement révélé le désir de diffuser grâce à l’Hebraica veritas un hébraïsme catholique. Avec le début de la Réforme, l’Hebraica veritas devient un enjeu dans la controverse entre catholiques et adhérents de la Réforme, c’est ce qui apparaît clairement dans l’édition genevoise, dont Calvin est l’initiateur.
Lyse Schwarzfuchs s’est donc efforcée de décrire un corpus de cent trente ouvrages comportant de l’hébreu et ayant paru à Genève : livres entièrement en hébreu, dont le catéchisme de Jean Calvin, mais également des ouvrages comportant des pièces en vers, des citations ou une devise, voire quelques mots isolés. Elle présente et commente, dans une introduction importante, une liste documentée des auteurs, imprimeurs, dédicataires, en majeure partie des exilés venus de France, qui ont marqué cette production. Elle recense également les types de caractères hébreux utilisés. Cet ouvrage constitue désormais un outil de travail indispensable.
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L’erreur historique consiste à ériger involontairement le fait en loi, à prendre les effets pour des causes, à ne savoir plus faire la part de l’accident qui, tenant une si grande place dans la vie de l’homme, ne peut disparaître de son histoire. On aime à parler des grands courants qui entraînent une époque. L’image est juste, mais qu’elle ne nous égare pas. Ces courants ne sont pas une sorte de phénomène fatal et mystérieux venant du dehors fondre sur l’humanité : c’est de l’humanité même qu’ils sortent. Le plus souvent on peut dire d’où ils sont nés, comment ils ont grossi, quelle main les a sinon créés, du moins élargis et dirigés, quelle autre leur a opposé des obstacles ou en a détourné le cours. Et,
alors même qu’ils semblent devenus irrésistibles, alors que la foule des humains se laisse aller passive au fil du fleuve puissant qui l’emporte, on voit parfois un homme qui, seul, le remonte d’un élan désespéré, et il n’est pas sans exemple que cet homme finisse par être suivi de tous.
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V. ALBERTI,
J.-F. BOTREL,
Max ENGAMMARE,
Martine FURNO,
Anthony GLINOËR,
W. KEMP,
Istvan MONOK,
N. PINEAU-FARGE,
Alain RIFFAUD,
R. RODRIGUEZ MARIN,
M. THOREL,
M. WÖGERBAUER
Sommaire / Table of Contents : F. Barbier , Avant-propos, F. Barbier « L’invention de l’imprimerie et l’économie des langues au XVe siècle » ; M. Engammare, « Un siècle de publication de la Bible en Europe : la langue des éditions des Textes sacrés (1455-1555) » ; M. Furno, « Du commerce et des langues : latin et vernaculaires dans les lexiques et dictionnaires plurilingues au XVIe siècle » ; W. Kemp et M. Thorel, « Edition et traduction à Paris et à Lyon, 1500-1550 : la chose et le mot » ; I. Monok, « Les langues de lecture dans la Hongrie moderne (1526-milieu du XVIIIe siècle) » ; M. Wögerbauer, « La vernacularisation comme alternative au concept d’‘‘éveil national’’ ? L’exemple de la Bohême » ; V. Alberti, « L’imprimé et l’affirmation du statut linguistique de la langue corse (1750-1919) »; J.-F. Botrel, « La Biblioteca de Autores Españoles (1846-1878), ou la difficile construction d’un panthéon des lettres espagnoles » ; R. Rodriguez Marín, « Le Dictionnaire de l’Académie espagnole, sa réception critique et la norme linguistique d’Espagne et d’Amérique ». Etudes d’histoire du livre : N. Pineau-Farge, « Histoire éditoriale des Chroniques de Froissart » ; A. Riffaud, « L’énigme éditoriale de L’ Amour tirannique de Scudéry, ou de l’utilité de bien connaître les imprimeurs » ; A. Glinoër, « La diffusion du livre romantique à Liège : quelques glanes » ; Livres, travaux et rencontres.
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Il paraît enfin acquis que Sébastien Castellion fut un traducteur sagace et talentueux de la Bible en latin – la Biblia de 1551, après son essai sur le Pentateuque de 1546, le Moses Latinus – comme en français – la Bible nouvellement translatée à Bâle, chez Johann Herwagen, en 1555.
Après La Genèse qu’ils ont donnée en 2003 (TLF 553), deux des éditeurs de l’équipe initiale, n’ayant pu sans doute se dessaisir de la langue novatrice de Castellion, éditent aujourd’hui sa traduction des livres que la tradition attribue à Salomon (Proverbes, Ecclésiaste, Cantique des cantiques). Nicole Gueunier et Max Engammare rappellent l’histoire de l’agrégation de ces trois livres et examinent le contexte exégétique que la Réforme protestante leur a forgé. C’est ainsi que l’histoire de la traduction de ces derniers, celle du Cantique des cantiques en particulier, est rapportée au cadre éminemment polémique des controverses qui opposèrent Sébastien Castellion à Théodore de B¨ze et à Jean Calvin. Par ailleurs, le travail de traduction auquel s’est livré Castellion pour le français est comparé à celui qu’avait nécessité son édition latine. Les outils critiques usuels – notes, bibliographie, glossaire – serventla langue de Sébastien Castellion et en définitive célèbrent sa belle singularité.
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Laurence BERNARD-PRADELLE,
Michel CASSAN,
Isabelle CIROLO,
Guy DEMERSON,
Jean DUPÈBE,
Max ENGAMMARE,
Philip FORD,
Perrine GALAND-WILLEMEN,
Jean-Eudes GIROT,
Fernand HALLYN,
Pierre LAURENS,
Virginie LEROUX,
Catherine MAGNIEN-SIMONIN,
Michel MAGNIEN,
Isabelle PANTIN,
Bruno PETEY-GIRARD,
Anne-Pascale POUEY-MOUNOU,
Francesco TISSONI,
George Hugo TUCKER,
Jean VIGNES,
Florence VUILLEUMIER LAURENS
Sommaire Table of contents: Ch. de Buzon, Avant-propos ; J.-E. Girot, Préface; G. Demerson, «Dorat et la famille de Lorraine-Guise»; J. Vignes, «Jean Dorat et Jean-Antoine de Baïf»; M. Cassan, «Les choix politiques et confessionnels de la ville natale de Jean Dorat, durant la seconde moitié du XVIe siècle et les débuts du XVIIe siècle»; Max Engammare, «Que fais tu là Dorat… en bas d’une haute fenestre? La religion de Jean Dorat d’une piété convenue à une spiritualité engagée»; B. Petey-Girard, «Dorat, Henri III et la Confrairie de saincte Cécile»; I. Cirolo, «Dorat et les arts plastiques, les Oracles des douze sibylles»; F. Vuilleumier-Laurens et P. Laurens, «Le Bal des Polonais (1573): Anatomie d’une description »; F. Tissoni, «Jean Dorat lecteur des Dionysiaques de Nonnos de Panopolis»; Ph. Ford, «Jean Dorat et l’allégorie homérique : les sources»; G. H. Tucker, «Jean Dorat et Giovanni Matteo (Giovam-matteo) Toscano, lecteurs des Pythiques de Pindare en 1566 : le double témoignage des ouvrages publiés (1575-1580) de Toscano et d’un livre annoté par lui (1564-1566/7 [?])»; L. Pradelle, «A propos du “fabuleux manteau” chez Jean Dorat: une lecture de l’Ode latine “sur la Cosmographie d’André Thévet”»; F. Hallyn, «Jean Dorat et l’anagramme : ressource poétique et problème herméneutique»; A.-P. Pouey-Mounou, «Dorat, figure de l’expérience poétique dans quelques textes de Pierre de Ronsard»; P. Galland-Hallyn, «La poétique des Odes de Jean Dorat: l’influence de Salmon Macrin»; V. Leroux, «Ter repetamus hymen: Dorat et la tradition antique de l’épithalame»; I. Pantin, «Dorat et la Poésie de la Nature, du ciel et du Nombre»; M. Magnien, «Sur un échange poétique méconnu entre Dorat et La Boétie autour de l’Edit du semestre (1554)»; J. Dupèbe, «Précisions sur la jeunesse de Jean Dorat»; J.-E. Girot, «Dorat et les humanistes : les paradoxes de la renommée»; C. Magnien-Simonin, «Inventaire des contributions imprimées éparses de Jean Dorat - Présentation - Inventaire - Index nominum - Chiffres ou signatures abrégées».
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Irena BACKUS,
Matteo CAMPAGNOLO,
Emidio CAMPI,
Marianne CARBONNIER-BURKARD,
Charles-Antoine CHAMAY,
Christophe CHAZALON,
Alain DUFOUR,
DUNCUMB,
Max ENGAMMARE,
Olivier FATIO,
Véronique FERRER,
Hervé GENTON,
Jean-François GILMONT,
Marie-Christine GOMEZ-GÉRAUD,
Christian GROSSE,
Luka ILIC,
Robert M. KINGDON,
Karin MAAG,
Scott MANETSCH,
Tadataka MARUYAMA,
Paul-Alexis MELLET,
Daniel MÉNAGER,
Olivier MILLET,
Béatrice NICOLLIER-DE WECK,
Béatrice NICOLLIER-DE WECK,
Peter OPITZ,
Béatrice PERIGOT,
Pierre PETITMANGIN,
Olivier POT,
Jill RAITT,
Bernard ROUSSEL,
Catherine SANTSCHI,
Don SINNEMA,
Daniela SOLFAROLI CAMILLOCCI,
Ruth STAWARZ-LUGINBÜHL,
Christoph STROHM,
Kirk M. SUMMERS
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Au XVIe siècle, les protestants réformés, à Genève surtout, mais également dans la France huguenote, à Londres ou à Berne, intériorisent une conception originale du temps et appliquent une éthique particulière au déroulement de leurs journées. Des contraintes d’ordre spirituel règlent strictement leur rapport au temps, qui est d’abord conçu comme un rapport à Dieu. A chaque minute, Dieu surveille et veille sur ses fidèles, alors qu’à la fin des temps ceux-ci devront lui rendre compte de chacune de leurs minutes, répète sans cesse Jean Calvin dans ses sermons. C’est ainsi que les Genevois vont inventer une valeur moderne, la ponctualité, laquelle était inconnue des Anciens, des Médiévaux et même d’Erasme, de Vives, des premiers jésuites, ainsi que de Rabelais, Ronsard ou Montaigne. La ponctualité ne procède pas formellement d’innovations techniques, elle est d’abord une vertu spirituelle, sociale et disciplinaire.
C’est dans la cité de Calvin que des structures communautaires d’incitation et de contrôle sont instituées ; qu’un nouveau calendrier est élaboré ; qu’une économie nouvelle du temps et de ses parties est pensée ; autant d’applications de la ponctualité auxquelles les protestants, en particulier de confession calviniste, sont encore aujourd’hui redevables. Max Weber, Norbert Elias et Michel Foucault sont convoqués au terme de l’essai pour discuter L’Ordre du temps et comprendre l’invention de la ponctualité.