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Dans ce volume, deux traités portent sur la querelle qui opposa Caroli, docteur de la Sorbonne, ancien pasteur de Lausanne, alors à Metz, et Farel, venu jusqu’à Strasbourg pour soutenir l’Eglise réformée lorraine. En mai 1543, Caroli, tel un inquisiteur, dans une Lettre de deffiance, dénonce Farel et le provoque en combat singulier. Ayant eu connaissance de ce texte, Farel répond en juin 1543 par une Seconde Epistre, dans laquelle le réformateur rappelle à Caroli tout ce qu’il sait de la foi réformée et qu’il devrait mettre en œuvre pour comprendre son erreur d’être retourné à la foi romaine. Ces Traités messins attestent de la force de conviction de Farel et de son attention au peuple réformé qu’il entend soutenir par tous les moyens possibles. Une importante annexe composée des correspondances spécifiques aux différents aspects de ces tensions confessionnelles permet de mieux comprendre les enjeux de la lutte qui opposa les autorités catholiques de Metz, république impériale, et la communauté réformée de Metz, soutenue par Strasbourg, en lien avec la Ligue de Smalkalde.
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Alors que, depuis le XVIe siècle, la justice criminelle républicaine s’exerçait selon un usage ancien d’arbitrage, dès 1707 et surtout après 1760, des voix s’élèvent pour dénoncer la liberté des juges à l’égard du droit procédural et sentencieux. Bien qu’encadré par les lois fondamentales de la République, le pouvoir de justice, tel qu’il s’exerçait auparavant, est contesté. Le droit doit être parfaitement formalisé par les lois qui, d’une nature prescriptive, deviennent alors contraignantes. L’article sur la défense, rédigé hâtivement en 1734, participe de ce mouvement, car peu de temps après sa légalisation, des interprétations contradictoires naissent au moment de sa mise en pratique. Tout au long du XVIIIe siècle, la justice en général et la défense en particulier entreront dans le jeu des négociations sur le droit constitutionnel.
Surtout, la défense criminelle s’impose difficilement dans la justice. Légitimés par leur pouvoir d’arbitrage ancien, les juges proposent parfois à certains accusés un châtiment clément en contrepartie du renoncement à leur droit à l’avocat de la défense. Ce mode d’échange, qui rappelle le plea bargaining qui apparaît dans le droit anglo-saxon dès le XIXe siècle, est attesté par des traces archivistiques ténues qui illustrent d’ailleurs la discrétion de ces tractations. Ainsi, les pratiques négociées de la défense permettent de saisir comment, au XVIIIe siècle, la justice s’accommode des droits des accusés et procède du renforcement du légalisme républicain.
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Le Dauphinois Guillaume Farel, « boutefeu » de la Réforme en Romandie, dans le Chablais et le pays de Gex, fut à l’origine de dix-huit traités imprimés, parus entre 1524 et 1560, tous rédigés en français, exceptés deux en latin – certains ayant connu plusieurs remaniements ou rééditions. L’ensemble représente plus de 2000 pages in-octavo. Il n’en existe aucune édition exhaustive. La présente entreprise entend combler cette lacune. Elle propose une édition critique de toutes les oeuvres imprimées de Farel. Dans ce premier volume, sont présentées l’Oraison très dévote en laquelle est faicte la confession des pechez… de 1542 et sa réédition fortement amplifiée de 1545, parue sous le titre de Forme d’oraison… : textes de pastorale pour les fidèles, textes de politique ecclésiale à l’intention des pouvoirs temporels, textes enfin de défense de la cause reformée dans un climat de polémique religieuse. Les annexes dévoilent un ensemble de lettres et de documents, inédits bien souvent, publiés ici intégralement ou sous forme d’analyses, un ensemble de trente-six pièces rédigées entre l’arrivée de Farel à Metz et son départ (mi-août à fin octobre 1542). Elles permettent de mieux cerner l’action du réformateur à Metz et d’offrir un contexte précis aux deux traités publiés pour la première fois depuis la Réforme.
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Aggravant aujourd'hui la répression dans les Etats occidentaux au nom de la tolérance zéro et de la défense sociale, la récidive est mal connue sur le plan historique. Entre doctrine pénale et pratique judiciaire du Moyen Age à l'époque contemporaine, chacun des chapitres que renferme ce livre interroge les qualifications de la « récidive » et du « récidiviste », ainsi que les pratiques judiciaires qui en résultent. Si la récidive constitue la hantise sécuritaire du droit pénal contemporain, l'originalité de Récidive et récidiviste du Moyen Age au XXe siècle réside dans la réponse complexe qu'il offre à la problématique de l'échec correctif des institutions pénales. Au-delà du problème judiciaire (« comment qualifier la récidive ? »), l'ouvrage montre que la récidive et les récidivistes illustrent les thèmes actuels de l'historiographie de la justice et du droit de punir dans sa pratique d'hier et d'aujourd'hui. Identification des « criminels d'habitude » selon les « progrès » de l'anthropologie criminelle, traitement judiciaire des délinquants « endurcis dans le crime » selon les normes juridiques, morales sexuelles ou sociales, causalité proche ou lointaine de la récidive, milieu familial, social, politique ou institutionnel favorable à l'endurcissement criminel : dans une perspective comparative d'histoire de la répression pénale en Europe, les objets examinés donnent à lire une page complexe d'histoire de la sensibilité sociale et des seuils de tolérance pénale face à l'homo criminalis.