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Les études réunies dans le présent ouvrage ont été rassemblées à l’occasion du soixante-cinquième anniversaire de Jean-Yves Tilliette, professeur de latin médiéval à l’Université de Genève depuis 1990. En dispensant les fleurs d’une érudition impeccable et d’une éloquence raffinée sans être, loin s’en faut, dénuée d’humour, l’éminent chercheur s’est acquis aussi bien l’estime de ses pairs que de ses étudiantes et étudiants par la pénétration de ses jugements et la probité de sa personnalité.
La poésie médiolatine, la rhétorique et la poétique médiévales, la culture antique et sa réception, le dialogue entre les traditions textuelles latines et vernaculaires sont au centre de la recherche et des enseignements de Jean-Yves Tilliette. Ce volume de mélanges recueille l’écho international de ses travaux. Baudri de Bourgueil et Geoffroy de Vinsauf y figurent en bonne place, mais aussi Jean de Meun et l’Ovide moralisé, sans oublier l’examen des sources matérielles et les questions de codicologie. Courtoisie, amitié, respect : ces termes ne figurent pas par hasard dans les titres de plus d’une des contributions au bouquet savant composé ici. Les dons reçus reviennent à celui qui, le premier, les a dispensés.
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Comment penser, en regard des amours de Tristan ou de Lancelot, une histoire amoureuse de la jeune fille conçue comme personnage littéraire à part entière ? Il s’agit ici de saisir sur le vif, entre les lignes du jeu érotique de la fin’amor, les contours de ce personnage féminin juvénile, et, surtout, de ses émois. Au contraire de la dame courtoise corsetée par les devoirs de sa souveraineté, la pucelle ou la demoiselle, aspirante aux mirages de l’amour, jouit d’un semblant de liberté, si tant est que l’on puisse qualifier ainsi le devoir d’innocence et de réserve auquel elle est tenue. Dans les textes romanesques du XIIe siècle français, on voit surgir, en lieu et place des stéréotypes attendus, une grande variété de figures souvent évanescentes qui dessinent, comme en une série d’instantanés, le portrait d’une créature littéraire en mouvement. La jeune fille amoureuse esquisse une danse furtive qui évoque son désir d’évasion et son espoir d’un amour gémellaire. C’est une valse avec l’absolu qui l’emporte bien vite au-delà des limites de son statut précaire.
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Le présent volume réunit les conférences plénières et une sélection de contributions choisies parmi les plus intéressantes et les plus représentatives des quatre axes de recherche proposés pour le XIIe Congrès de l’International Courtly Literature Society qui s’est tenu aux Universités de Lausanne et de Genève du 29 juillet au 4 août 2007. Rassemblant des chercheurs d’horizons intellectuels divers, réunis par leur intérêt commun pour la culture courtoise, le volume permet de confronter, dans leur actualité la plus immédiate, les différentes approches de la recherche sur l’art, la littérature et l’histoire du Moyen Age. Son propos, résolument interdisciplinaire, consiste à identifier les problèmes que suscite la notion de mythe, que l’on comprend ici comme une manifestation artistique ou politique, par laquelle une personne ou un événement sont arrachés à la contingence historique pour être chargé d’une valeur symbolique qui leur confère le statut de modèle. Il rend aussi compte de la dimension européenne d’une civilisation en mouvement dont les échos se font entendre jusqu’au XVIe siècle. Enfin, les éditeurs entendent nourrir le débat en l’affranchissant des frontières qui séparent habituellement les domaines des études médiévales.
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Est-elle bonne ? Est-elle mauvaise ? Aveugle et sourde, ou simplement indifférente ? Arc-boutée sur la manivelle qui actionne la roue des destinée humaines, Fortune fait et défait les rois et les royaumes. Des expressions comme " fortune de mer " ou " à la fortune du pot " font retentir l’écho assourdi de son pouvoir capricieux. De l’Antiquité à la Renaissance, l’art et la philosophie n’ont cessé d’interroger cette puissance, divinité ou allégorie, et de la remodeler aussi, au gré des positions idéologiques et des enjeux esthétiques.
Les études rassemblées par Yasmina Foehr-Janssens et Emmanuelle Métry sont le fruit du dialogue interdisciplinaire qu’engagèrent à Genève un groupe de littéraires, linguistes, historiens, historiens de l’art, théologiens et de philosophes afin de scruter les mille et un visages de Fortune.
Quels rapports Fortune entretient-elle avec ses cousins Chance, Hasard ou Destin et quel rôle peut-elle jouer dans un monde réglé par les décrets immuables de la providence divine ; d’où vient l’image de la célèbre roue, dont les loteries renvoient encore le reflet bariolé ; quelles inflexions originales la poésie et les beaux-arts imposent-ils au traitement d’une thématique d’origine savante ? Telles sont quelques-unes des questions que ce volume pose et qu’il entend résoudre.
Sommaire: Y. Foehr-Janssens et Emmanuelle Métry, "Introduction : “Ensi Fortune se desguise”"; N. Hecquet-Noti, "Fortuna dans le monde latin : chance ou hasard ?"; E. Norelli, "Les avatars de Fortune dans les Actes apocryphes des Apôtres : Une comparaison avec les Métamorphoses d’Apulée"; E. Métry, "Fortuna et Philosophia : une alliance inattendue. Quelques remarques sur le rôle de la Fortune dans la Consolation de Philosophie de Boèce"; A.-L. Rey, "Tychè et Pronoia : notes sur l’emploi de Fortune et Providence dans l’historiographie byzantine ancienne"; J.-Y. Tilliette, "Eclipse de la Fortune dans le haut moyen âge ?"; J. Wirth, "L’iconographie médiévale de la roue de Fortune"; Y. Foehr-Janssens , "La maison de Fortune dans l’Anticlaudianus d’Alain de Lille"; Ch. Lucken, "Les Muses de Fortune. Boèce, le Roman de la Rose et Charles d’Orléans"; J.-C. Mühlethaler, "Quand Fortune, ce sont les hommes. Aspects de la démythification de la déesse, d’Adam de la Halle à Alain Chartier"; J. Lecointe, "Figures de la Fortune et théorie du récit à la Renaissance". études portant sur des poèmes particuliers: A. Carlini, "Gli studi critici sul Pastore dopo la pubblicazione di PBOD 38 e la presenza delle Visioni di Erma nei testi poetici del Codex Visionum"; Th. Gelzer, "Zur Frage des Verfassers der Visio Dorothei Pieter W. van der Horst and Martien F.G.Parmentier A New Early Christian Poem on the Sacrifice of Isaac"; A.-L. Rey, "Le traitement du matériau homérique dans l’Adresse aux Justes"; A. Hurst, "En d’autres termes... Les Paroles d’Abel entre récriture et paraphrase"; E. Norelli, "Quelques conjectures sur le Poème au titre mutilé".
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Jasna ADLER,
Wagih AZZAM,
Jacques BERCHTOLD,
Marie BORNAND,
Anke BOSSE,
Marta CARAION,
Danielle CHAPERON,
Alain CORBELLARI,
Alexandre DAUGE-ROTH,
Jérôme DAVID,
Françoise DUBOR,
Yasmina FOEHR-JANSSENS,
Adrien GÜR,
Dominique KUNZ,
Brooks LA CHANCE,
Christopher LUCKEN,
Pierre MONNOYEUR,
Philippe MORET,
Loris PETRIS,
Michael RINN,
Patrick SUTER,
René WETZEL,
Dagmar WIESER
De quelle manière la référence historique, aussi bien l'histoire que l'historiographie, intervient-elle dans vos recherches et dans vos enseignements ? Telle était la question adressée aux jeunes chercheurs de la "relève" universitaire suisse dans le domaine des études littéraires réunis en colloque à Genève les 6 et 7 juin 1997. Témoignant de la fécondité de cette question dans leurs travaux actuels, leurs interventions présentent, malgré leur diversité, de nombreux points de convergence. Sur le plan théorique comme sur le plan critique, le "retour" de l'histoire dans la littérature s'accompagne cependant d'une réévaluation des relations entre les deux disciplines, de sorte que les travaux d'"histoire littéraire" et d'"histoire de la littérature", aujourd'hui, se démarquent des projets positivistes du siècle passé et intègrent, en particulier, les enseignements de l'analyse formelle des œuvres.
Articles de Alain Corbellari, Yasmina Foehr-Janssens, Wagih Azzam, Christopher Lucken, Alexandre Dauge-Roth, Michael Rinn, Marie Bornand, Dominique Kunz, Adrien Gür, René Wetzel, Jacques Berchtold, Pierre Monnoyeur, Loris Petris, Dagmar Wieser, Philippe Moret, Jérôme David, Brooks La Chance, Anke Bosse, Françoise Dubor, Jasna Adler, Patrick Suter, Danielle Chaperon et Marta Caraion.
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Dès le XIIIe siècle, de nombreuses œuvres mettent en scène la persécution de l’innocence féminine. Ce livre veut faire le pari de consacrer aux histoires de femmes persécutées une étude proprement littéraire. Il s’agit, dans un premier temps, de déceler, dans les textes, l’émergence d’un discours sur l’héroïsme au féminin que l’on a délibérément décidé d’inscrire sous l’autorité d’un archétype culturel et littéraire prestigieux, celui de la veuve. La seconde partie de l’ouvrage est consacrée à l’étude attentive de trois œuvres de la fin du XIIIe et du début du XIVe siècle, le Roman de Cassidorus, Berthe aux grands pieds d’Adenet le roi et le Roman du comte d’Anjou de Jean Maillart. Ces œuvres témoignent, chacune à leur manière, de la fécondité du thème choisi.
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David ARNOLD,
Cyprian BLAMIRES,
Karel BOSKO,
Marcel COTTIER,
Gérard DANOU,
Frank DIKÖTTER,
Max ENGAMMARE,
Jean-Claude FAVEZ,
Yasmina FOEHR-JANSSENS,
Laurence GUIGNARD,
Timothy HARDING,
Mark HUNYADI,
Romano LA HARPE,
Arielle MEYER,
Alessandro PASTORE,
Michel PORRET,
Beat RÜTTIMANN,
Fernando VIDAL,
Jean WIRTH
Moyen Âge chrétien, Europe moderne et contemporaine, sociétés coloniales: ces études originales apportent un regard interdisciplinaire sur cet objet central des sciences humaines qu'est le corps, abordé ici sous la thématique de la violence concrète et de son imaginaire social ou littéraire. Religieuses, pénales, militaires, concentrationnaires, pathologiques et aussi thérapeutiques: les violences du corps trouvent une actualité singulière en cette fin de XXe siècle. Elles font parfois écho, après les camps nazis, aux guerres civiles ou à la purification ethnique, laboratoires de l'anéantissement corporel et de la déshumanisation. Textes de: David Arnold; Cyprian Blamires; Karel Bosko; Marcel Cottier; Gérard Danou; Frank Dikötter; Max Engammare; Jean-Claude Favez; Yasmina Fœhr-Janssens; Laurence Guignard; Timothy Harding; Mark Hunyadi; Romano La Harpe; Arielle Meyer; Alessandro Pastore; Michel Porret; Beat Rüttimann; Fernando Vidal; Jean Wirth.