Renaissance
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Le volume 18 des registres du Consistoire de Genève, qui couvre l'année 1561, soit l'année précédant le début des guerres de religion, fournit des preuves palpables des conflits qui sévissaient alors en France. Certains pasteurs notables se sont absentés de la ville pendant de longues périodes, notamment Pierre Viret, qui était au service des réformés à Nîmes, et Théodore de Bèze, qui a participé au Colloque de Poissy – tentative infructueuse de concilier les différences entre catholiques et protestants. On trouve dans ce volume un jugement sévère à l’encontre de l’anabaptisme et de fortes réprimandes envers la sœur de Sébastien Castellion qui affirmait que son frère, champion de la tolérance religieuse, était un homme bon. Le Consistoire continue à se montrer sceptique à l’égard des personnes soupçonnées de sorcellerie, et il s’attaque à l’ignorance religieuse de manière plus sévère qu’auparavant. Luttant toujours contre la prodigalité et la paresse, le Consistoire insiste même auprès du Conseil pour qu'il mette les pauvres au travail en creusant des fossés. Un exemple mémorable est celui de l'annulation d'une promesse de mariage faite sans le consentement des parents du jeune homme, étudiant français à l'Académie, et de la jeune femme, fille du pasteur François Bourgoin. N’ayant pas réussi à maintenir l’ordre au sein de sa famille, Bourgoin a d’ailleurs été destitué de sa charge à Genève et envoyé au service d’une église en France. Pour la première fois, les autorités ont poursuivi des personnes coupables d'avoir enfreint l'interdiction faite aux mariées de porter leurs cheveux sur les épaules lors de leur mariage, une pratique jugée impudique.
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Avant-propos
Gaëlle ARPIN-GONNET et Jean-Pierre WARNIER,
Introduction. Lucinge en sa retraite: doutes et écriture
Cédric MOTTIER,
Vivre après le traité de Lyon, ou le prix de la paix
Laurent D'AGOSTINO Évelyne CHAUVIN-DESFLEURS,
Le refuge de l'écrivain: restitution archéologique du château des Allymes
Volker MECKING,
Les trésors d'écriture de Lucinge
Gaëlle ARPIN-GONNET,
Du visage de l'Ambassadeur à la figure du Prince: de la raison d'État à la raison de l'État
Jessie DUVAL,
Comment préserver l'État du déclin et de la chute
Montserrat PERRET,
Le Missel de Lucinge et le chemin vers l'humilité
Emmenuel COUX,
Contextes et conséquences du traité de Lyon
Guy DE BRANTES,
Postface. Gaspard de Coligny (1519-1572) et René de Lucinge (1553-1624): une chronique familiale
Bibliographie générale
Les auteurs
Index
En 1601, René de Lucinge (1553-1624), ambassadeur du duché de Savoie auprès de la cour de France, prit sur lui de parapher le traité de Lyon, par lequel les pays de l’Ain furent donnés au royaume en échange du marquisat de Saluces, proche de Turin, la capitale du duché. Le duc ne le lui pardonna pas. Disgracié, René de Lucinge passa le reste de sa vie dans la solitude, la gêne et l’écriture en son château des Allymes et à Ambérieu. C’est aux années de retraite forcée de ce diplomate clairvoyant, théoricien subtil de la rationalité étatique et homme de lettres servi par une plume superbe, que sont consacrées les interventions rassemblées dans ce recueil, à l’occasion du quadricentenaire de sa mort.
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Sommaire: « Gemelle nell’aria e nel sembiante » : musique et poésie dans l'Italie de la Renaissance – P. Canguilhem, « Introduction » ; E. Elmi, « Cultural Intersections in the Late Fifteenth-Century Song Practices of the Italian South » ; G. Zanovello, « Lo strambotto musicale quattrocentesco tra oralità e scrittura » ; M. Privitera, « "Co 'l nome de gl'auttori delle parole": Poeti e forme dei versi nelle stampe musicali italiane del Cinquecento e del Seicento » ; A. Piéjus, « Baptiser les madrigaux ? Nature, enjeux et modalités de la réécriture poétique de la poésie chantée à la fin du XVIe siècle » ; C. Cassia, « Un compositore fiammingo e i suoi madrigali: le fonti dei testi del Primo libro di Jan van Turnbout » ; E. Ricciardi, « Parsing Torquato Tasso's Rime: Typographic Layout vs. Musical Form » ; G. Gerbino, « Vincenzo Galilei's Search for the "concetto dell'animo" » ; S. Lorenzetti, « La "serva padrona". Chiosa alla polemica Artusi-Monteverdi » – VARIA – M. Bortone, « "E là vagheggi 'l ciel c'hai già dipinto". Rime di Maurizio Moro in morte di Jacopo Tintoretto » ; A. Chiarelli, « Danese Cataneo: due questioni biografiche » ; T. Leuker, « Lirica cinquecentesca e arti figurative – tre strudi » ; M. Residori, « Galilée lecteur de l'Arioste ».
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TABLE DES MATIÈRES
Avant-propos
Introduction
PREMIÈRE PARTIE:
LA DIPLOMATIE EN SON TEMPS
Chapitre premier.
Comment on écrira l'histoire du temps de la diplomatie
Les sources et leur apport
Les temps de l'histoire du temps
Le temps de la bibliographie
Les temps des « International Relations » et des « Negotiation Studies »
Du particulier au général
Les termes de l'enquête
Chapitre II.
Temporalités hétérogènes et présents inattendus
La temporalité de la diplomatie:
Complexité et conflit
Perméabilité et hétérogénéité
Le présent de la diplomatie
Inattendu, incertitude, précarité
La marge de manoeuvre temporelle des acteurs
Chapitre III.
Puissance, Confiance, Prudence : les négociateurs à l'épreuve des temps
Temporalités des négociations et marge de manoeuvre des acteurs : les marchandages entre Florence et Vienne
L'arme des faibles
Le triomphe des forts
Confiance dans le futur et maîtrise des temps : la France et l'Espagne face aux négociations, de la paix de Cateau-Cambrésis à la guerre de Trente ans
Le mirage de la prudence : La Chétardie et les révolutions de Saint-Pétersbourg
Manipulation des temps et construction de l'événement
Manipulation narrative et reconstruction de l'événement
DEUXIÈME PARTIE:
LE TEMPS DE L'AMBASSADEUR GUILLERAGUES
Chapitre IV.
Philarque chez les Turcs
De Bordeaux à Constantinople : la réussite, mais à crédit
L'Empire ottoman : altérité, commensurabilité, opportunités
Une ambassade au croisement des espaces-temps
Les lettres sérieuses d'un mondain devenu ambassadeur
Chapitre V.
Naviguer entre les temps : la temporalité de l'ambasadeur Guilleragues
La pluralité des temps
L'enchevêtrement des temps
Chapitre VI.
Voir le futur : des nouvelles aux pronostics
Des nouvelles du futur
Les fondements de l'interprétation
La fabrique des apparences
D'une apparence à l'autre : l'histoire devant soi
Un futur sans avenir ni intrigue
Chapitre VII.
Agir selon l'à-propos. I. La production du futur
Un préalable : les conditions d'exercice de l'à-propos
Le temps des échanges et les débuts difficiles de l'affaire du sofa
Reprendre la maîtrise du temps : le levier du futur et l'épreuve du présent
Le bombardement de Chio : de la préemption de l'avenir à la recomposition de la temporalité
Réécriture des futurs, croissance des risques et reclassement des temps
L'impossible maîtrise des temps des affaires
La marge de manoeuvre temporelle et ses risques
Après Chio : le temps du patronage, menacé et sauvé
La maîtrise perdue, puis retrouvée, du temps de l'affaire du sofa
Remarques finales
La conquête du futur et les épreuves du présent
Une pratique conflictuelle des temps
Chapitre VIII.
Agir selon l'à-propos. 2. La production du passé
Août 1681 : le récit crée l'événement
Les négociations d'octobre : le temps du récit au service de l'apologie et de la justification
Les variations du temps raconté
Du récit apologétique au récit glorieux
Amis et ennemis
La conclusion de l'affaire de Chio et la relance de la compétition narrative
Conclusion
Souci du futur et histoire devant soi : l'expérience temporelle des négociateurs
Entre imaginaire, expérience et figuration : les trois faces du Temps de l'ambassadeur Guilleragues
Sources et Bibliographie
Sources manuscrites et imprimées
Bibliographie
Index des noms de personnes
Index des noms de lieux
L’histoire du Temps de la diplomatie à l’époque moderne est celle de l’enchevêtrement de ses praticiens dans un dédale de temps désaccordés dont l’horloge, symbole de la modernité, n’était pas le grand régulateur. Elle montre comment ces personnages anxieux de percer l’opacité du futur, familiers des pronostics, mais aussi exposés au dévoilement de l’histoire, faisaient des temps, manipulés ou racontés, une ressource de leur action et l’un des moyens de réaliser leurs fins. Son objet est ainsi l’être au temps et le faire avec les temps de ceux qui étaient dépêchés au loin, et spécialement de Guilleragues, ambassadeur de Louis XIV à Constantinople, qui tient ici le rôle principal. À travers lui et quelques autres, l’univers temporel des acteurs de la diplomatie se trouve restitué, et la diplomatie de l’âge moderne revisitée à partir d’une de ses dimensions les plus essentielles, négligée jusqu’à présent par l’historiographie.
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À la Renaissance, s’impose progressivement, en Italie d’abord puis en France, une manière nouvelle de concevoir les rapports du présent au passé, en inventant un moyen âge intermédiaire entre une Antiquité idéalisée et les temps présents. Soucieux de capter la bienveillance des élites lettrées, politiques et religieuses, les humanistes développent un discours remarquablement stable et partagé, qui articule mythes (l’âge d’or, la lumière victorieuse des ténèbres, le retour aux sources…), concepts (translatio, renovatio, restitutio, reformatio…) et topiques (le renouveau de l’éducation, la dignitas homini, la dénonciation des envieux hostiles à la diffusion des valeurs humanistes…). Tout un « outillage » (L. Febvre) ou « bricolage » (Cl. Lévi-Strauss) par lequel Érasme, Rabelais, Servet, ou Calvin cherchaient, en un temps où l’idéologie moderne du progrès n’était pas disponible, à caractériser leur époque, et que Montaigne allait déconstruire.
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This Census of Rabelais Copies reflects the digital revolution in library cataloguing, incorporating a complete rechecking for early Rabelais copies, notably in the Worldcat database. Every copy recorded has been further verified in the catalogues of the individual libraries concerned. Alongside numerous corrections and additions to the 1987 publication, based on excellent bibliographical and more general scholarship, this Census increases the total number of known copies of Rabelais, dated between 1532 and 1626, and in public hands, from about 750 to nearly 1100, of which well over 100 are available for consultation on-line.
Of particular interest are the discovery of nine copies of the Almanach pour l’an 1535 (NRB 095), the discovery of a previously un-recorded edition by Rabelais of Hippocrates’s Prognostikon (NRB 109.5), and the re-emergence in Moscow of the Pantagruel of 1533 (NRB 007), with the Chonicques du grant Roy Gargantua (NRB 122) and the Pantagrueline prognostication (NRB 016) previously recorded in Dresden.
Ce Census of Rabelais Copies reflète la révolution numérique dans le catalogage des bibliothèques, en incorporant une nouvelle vérification complète des exemplaires anciens de Rabelais, notamment dans la base de données Worldcat. Chaque exemplaire recensé a fait l'objet d'une vérification supplémentaire dans les catalogues des bibliothèques concernées. Outre de nombreuses corrections et ajouts à la publication de 1987, fondés sur d'excellentes recherches bibliographiques et sur une recherche plus générale, ce Census fait accroître le nombre total d'exemplaires connus de Rabelais, datés de 1532 à 1626 et en mains publiques, d'environ 750 à près de 1100, dont plus d'une centaine sont consultables en ligne.
La découverte de neuf exemplaires de l'Almanach pour l'an 1535 (NRB 095), la découverte d'une édition inédite de Rabelais du Prognostikon d'Hippocrate (NRB 109.5) et la réapparition à Moscou du Pantagruel de 1533 (NRB 007), avec les Chonicques du grant Roy Gargantua (NRB 122) et le Pantagrueline prognostication (NRB 016) précédemment recensés à Dresde, présentent un intérêt tout particulier.
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Sommaire : ARTICLES – Ch. DELOINCE-LOUETTE, « Les lieux de l'amour. La Dispositio des vingt-quatre sonnets de Louise Labé » ; B. LESCAZE, « La vie d'un horloger n'est pas toujours réglée comme une montre. Gautier Ferlitte (vers 1568-1644) » ; J. NATHAN, « Les Nouvelles récréations (1558) ne sont pas de Bonaventure des Périers (1544) » ; M. ENGAMMARE, « Calvin, une vie pour les Psaumes, et un malade âgé qui tempère son commentaire » – NOTES ET DOCUMENTS – D. DESCAMPS, « Michel d'Arande et Claude Perceval, deux frères au service de Marguerite de Navarre. Documents inédits » ; C. LARRAZ, « Un panneau du Maître de Commarin au Louvre » ; Y. YAMAMOTO, « Réflexions sur deux manuscrits de Henri I et Henri II de Mesmes » – COMPTES RENDUS.
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TABLE DES MATIÈRES
Préface
Introduction
Bibliographie
Janvier 1544 (R.C. 38, fol. 21v°-49v°)
Février 1544 (R.C. 38, fol. 50-96)
Mars 1544 (R.C. 38, fol. 96v°-144v°)
Avril 1544 (R.C. 38, fol. 145-181v°)
Mai 1544 (R.C. 38, fol. 182-231v°)
Juin 1544 (R.C. 38, fol. 231v°-270v°)
Juillet 1544 (R.C. 38, fol. 271-307)
Août 1544 (R.C. 38, fol. 307v°-346)
Septembre 1544 (R.C. 38, fol. 346-394v°)
Octobre 1544 (R.C. 38, fol. 394v°-401v°)
Octobre 1544 (suite) (R.C. 39, fol. 1-24)
Novembre 1544 (R.C. 39, fol. 24-53v°)
Décembre 1544 (R.C. 39, fol. 53v°-85)
Pièces annexes 1544
Liste des pièces annexes 1544
Glossaire
Index
En 1544, après quatre ans de négociations, le conflit entre Genève et Berne au sujet des terres de Saint-Victor et de Chapitre trouve une résolution avec le Second Départ de Bâle. En revanche, les démarches avec la France pour récupérer le mandement de Thiez se soldent par un échec définitif. Toutes ces démarches ont conduit le gouvernement à rassembler les titres de la Ville, dont il entreprend désormais la conservation. La conjoncture difficile de l’année précédente se poursuit, obligeant les autorités à ravitailler la ville en céréales et les incitant à poursuivre la politique d’expulsion des étrangers indigents. Les finances sont fortement sollicitées à la fois par l’hôpital général et par la défense de la ville, dans un contexte tendu engendré par les hostilités entre le roi de France et l’Empereur. Toutefois, la paix conclue entre les deux souverains et ses corollaires inquiètent, en particulier la restitution de ses terres au duc de Savoie, lequel représente un danger beaucoup plus immédiat pour Genève. En matière de religion, l’année est consacrée à la mise en place de la prédication à la campagne, notamment dans les paroisses cédées à Genève et dans les paroisses mixtes.
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Si la recherche sur Luther a consacré plusieurs études d’ampleur à la question des héritages médiévaux du Réformateur, il n’en va pas de même pour la recherche sur Philippe Melanchthon. Pourtant, les Loci communes fourmillent, dès la première édition publiée en 1521, de références variées aux « docteurs scolastiques », avec des focalisations parfois différentes de celles de Luther à la même date. L’idée que Melanchthon se fait de la théologie médiévale est-elle pour autant originale ? L’apparente radicalité de son rejet de la « scolastique », dans les écrits des années 1520, ne dissimule-t-elle pas, en réalité, d’importantes influences souterraines ? Et quelles sont les sources médiévales privilégiées de l’humaniste ? Cette étude tente de répondre à ces questions en interrogeant, en particulier à partir du concept d’imputation, les liens de Melanchthon avec la tradition scotiste et occamiste, autour des doctrines de la justification et du péché originel, de 1520 à 1535 environ.