Renaissance
-
-
Le XVIe siècle des humanistes a produit le premier discours savant sur les usages mortuaires des anciens et des peuples lointains. Il a contribué, surtout, à l’élaboration et à la codification de rites funéraires d’un extraordinaire raffinement au sein des cours princières, convoquant, en une même intention autant politique que spirituelle, tous les arts et façonnant une multitude d’ouvrages artistiques et littéraires destinés à honorer les défunts, à les préserver de l’oubli et à assurer leur gloire, à consoler les vivants, en leur rappelant la vulnérabilité de l’homme tout en célébrant, par le culte des morts, les forces de la vie. Vingt-quatre études analysent le cérémonial funéraire, en France, en Italie, au Portugal, en Autriche, en Lorraine et à Genève, les tombeaux des Habsbourg, ceux des Guises et des Gouffier, les livres de pompes funèbres ; elles narrent l’histoire de la tradition savante et celle des formes littéraires funéraires, elles exposent les polémiques religieuses et révèlent l’ampleur de la réaction au néo-paganisme de ces cérémonies. La centaine d’illustrations ont fait l’objet d’une considération soutenue, qu’il s’agisse de celles de monuments, de sculptures, de reliures de deuil ou des suites gravées tirées des recueils de Porcacchi et de Woeiriot.
-
Les Regrets, même à la lecture des études les plus récentes, restent une œuvre énigmatique. Comment l’expression élégiaque, l’écriture mêlée à la satire et la rhétorique de l’éloge, autant de techniques renouvelées par Joachim Du Bellay, peuvent-elles se concilier? Comment cette poésie, nourrie d’intertextualité, peut-elle se proclamer "prose en ryme" ou " ryme en prose", "papiers journaulx" ou bien "commentaires" ? Comment apprécier le statut du Je par delà la fable et les sources d’inspiration dominantes ?
L’auteur, suppléant le défaut d’études linguistiques consacrées à l’œuvre du poète, a donc voulu étudier les formes de la subjectivité lyrique et de la textualité littéraire afin de mettre en évidence les traits constitutifs du discours poétique dans Les Regrets. Elle s’attache, d’une part, à caractériser la langue naturelle de Du Bellay dans ses lettres, dont elle a aussi analysé l’orthographe manuscrite, et, d’autre part, à en étudier l’application stylistique dans le recueil. Grâce à une analyse statistique des faits syntaxiques et métriques, elle dégage ainsi les dominantes de l’écriture épistolaire et met en lumière la clôture harmonieuse des Regrets dans un mouvement ascendant allant de l’obscurité à la lumière.
-
-
-
-
Près de trente études composent l’hommage que rendent d’éminents seizièmistes à Claude-Gilbert Dubois, professeur émérite de l’université Michel de Montaigne à Bordeaux, spécialiste bien connu des rapports qu’entretiennent l’histoire et la littérature à la Renaissance, auteur d’une vingtaine d’ouvrages et de très nombreux articles.
La première partie du recueil traite de l’abondance des techniques d’écriture de l’histoire – celles du récit et du songe, de la chronique et de la nouvelle, du pamphlet et de l’éloge. La seconde estime le concert de l’humanisme et de la création artistique dans l’œuvre de Montaigne : les réflexions sur la chevalerie et l’humanisme, la culture philosophique et médicale, le féminisme et la philosophie, l’humanisme et l’histoire, le mythe et la poésie, l’architecture et la musique se complètent et sollicitent les travaux de Claude-Gilbert Dubois tout en les prolongeant.
-
A la suite de Pré-histoires. Textes troublés au seuil de la modernité (Droz, 1999), Pré-histoires II recourt derechef aux textes littéraires et aux sources para-littéraires, discursives notamment, pour éclaircir des questions non résolues de l’histoire culturelle et de ses codes sociaux. S’inspirant de la rencontre, au début de l’œuvre de Rabelais, de Pantagruel et d’un Panurge polyglotte, la première partie interroge le statut des langues vivantes au XVIe siècle et constate l’évolution rapide des moyens de les apprendre. La seconde partie observe les effets de l'enchérissement qui secouait alors l’Europe, les identifiant notamment dans l’inflation économique et dans l’intérêt pour les langues étrangères considérées comme une technique d’expansion marchande. Elle cherche en somme à déterminer à quel point la célèbre Response à M. de Malestroict, où Jean Bodin se fait l’analyste de la croissance, peut être citée comme un "seuil" de la compréhension graduelle de cette convergence.
Des textes très divers sont sollicités dans ces explorations ; ce sont pourtant des épisodes empruntés à François Rabelais qui en constituent le plus souvent le paradigme, si bien qu'on en vient à considérer Pré-histoires II comme une méditation sur Rabelais et sa relation à l'histoire, économique et culturelle, numéraire et littéraire en particulier. La réflexion tend à établir que des phénomènes troubles, considérés habituellement comme distincts ou même incompatibles, sont présentés comme liés, dans le monde imaginaire de la fiction rabelaisienne, avec une lucidité exemplaire.
-
-
Jean-Pierre BRACH,
Antoine CALVET,
Marie Madeleine FONTAINE,
Mino GABRIELE,
Carlos GILLY,
Didier KAHN,
Wallace KIRSOP,
Jean LETROUIT,
Jean-François MAILLARD,
Sylvain MATTON,
Valérie NEVEU,
Alfredo PERIFANO,
Henri Dominique SAFFREY,
Nicolas SÉD,
Laszlo TOTH
Sommaire: Bibliographie des travaux de François Secret. Articles de : Henri Dominique Saffrey, "Porphyre dans la Patrologie de Migne. Sur la divination"; Nicolas Séd, "Deux documents sur la kabbale : Le Commentaire sur le Sepher Yesirah de Moïse ben Nahman et le Traité des Hêykalot"; Alfredo Perifano, "Le Tractato iustissimo fabricato per me an. C. de la vera e de la falsa alchimia"; Marie Madeleine Fontaine, "Les attaques de Pietro Del Monte contre l’alchimie dans le De veritate unius Legis de 1509"; Antoine Calvet, "Une pratique de l’or potable au XVIe siècle : le Traité du Grand Œuvre de Philippe Rouillac"; Didier Kahn, "Cinquante-neuf thèses de Paracelse censurées par la Faculté de théologie de Paris, le 9 octobre 1578"; Jean Letrouit, "Agathius Guidacerus et Gilbert Genebrard à travers deux autographes des archives du Collège de France"; Carlos Gilly, "Una carta desconocida de Postel a Theodor Zwinger"; Jean-François Maillard, "Postel le cosmopolite : quelques documents nouveaux"; Jean-Pierre Brach, "Le Petit Traité de la signification ultime des cinq corps réguliers ou éléments de l’éternelle vérité de Guillaume Postel"; Wallace Kirsop, "À propos d’un exemplaire du De orbis terræ concordia : Postel chez les bibliophiles"; Valérie Neveu, "De Guillaume Postel à Richard Simon : Zohar et autres sources hébraïques dans les collections de la Bibliothèque municipale de Rouen"; Laszlo Toth, "Joseph Ciantes kabbaliste chrétien tardif? La doctrine oubliée des “trois lumières primordiales” et celle des sephirot, «préfiguration des plus grands mystères chrétiens»"; Mino Gabriele, "Il poeta della rugiada"; Sylvain Matton, "Le Cantique des cantiques de Salomon interprété dans le sens physique de Jean Vauquelin des Yveteaux"; "Jean-Pierre Laurant, L’Alchymie du Maçon de François-Nicolas Noël".